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En Guadeloupe, où le risque sismique est très élevé comme dans le reste de la Caraïbe, les autorités ont échafaudé un plan pour se préparer au mieux à un tremblement de terre majeur, mais les communes peinent à l'appliquer.
L'archipel participe jeudi à l'exercice annuel de l'Unesco Caribe Wave, qui simule un tsunami après un événement majeur dans tous les pays de la zone Caraïbe.
"Un séisme majeur, le Big One, c'est celui que tout le monde craint" dans cette zone dite de sismicité 5, autrement dit "forte", souligne Samuel Auclair, ingénieur sismologue du bureau de recherches géologiques et minières.
"Selon les scientifiques, un séisme majeur, tel que ceux qui se sont produits au milieu du XIXe siècle, pourrait provoquer plusieurs milliers de victimes et engendrer plusieurs dizaines de milliards d'euros de dommages", indique également le service dédié au Plan Séisme Antilles (PSA), de la direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement de Guadeloupe (Deal).
Ce plan, a été conçu en 2007 pour permettre une meilleure préparation des territoires au risque sismique.
"Aux Antilles et particulièrement en Guadeloupe, c'est le séisme des Saintes en 2004 qui a marqué les esprits", rappelle Samuel Auclair. D'une magnitude 6,3, il avait fait beaucoup de dégâts dans ces îles rattachées à la Guadeloupe, et avait causé la mort d'une fillette.
Prévu pour une durée de "30 ans", le plan séisme est censé "mettre au normes parasismique le bâti public prioritaire", établissements scolaires, de soin, de gestion de crise ou encore les logements sociaux, indique la Deal, mais aussi sensibiliser le grand public et les élus "au risque sismique et à la gestion de crise". Le plan était initialement doté de 6 milliards d'euros, selon la même source.
-Une évolution lente-
Fin 2019, le plan séisme a achevé sa phase 2. Selon des chiffres de la Deal, fin 2022, 59% de la population était couverte par un service d'incendie et de secours aux normes parasismiques (contre 32,5% fin 2019), et 40,1% des élèves des écoles (35% en 2019), 34,5% des élèves des collèges (même chiffre en 2019), 35% de ceux des lycées (33,5% en 2019) et 54% des logements sociaux (27% en 2019) avaient été convertis. Trois casernes de gendarmes ont également été mises au normes sur 11 prévues.
Une évolution certes, mais encore lente, car elle subit "la difficulté d'ingénierie de certaines communes" pour monter des projets, affirme la Deal, mais aussi en raison du coût de ces opérations: 3 millions d'euros pour une école en 2022 et 13 millions d'euros pour le chantier de confortement d'un des lycées emblématiques de l'archipel.
La phase 3, "propose un accompagnement renforcé" par le biais de "task forces" devant aider au montage des dossiers et à leur financement, d'autant que "l'inflation des coûts des matériaux impose une vigilance constante", notent encore les services de l'Etat.
Outre le confortement parasismique des bâtiments, les autorités travaillent sur les systèmes d'alerte du même type que ceux existant depuis des années dans d'autres pays.
Depuis juin 2022, la France déploie ainsi un système d'alerte vers les portables de la population, pas encore en vigueur en Guadeloupe. "Mais il reste encore les autres voies de diffusion du message: la télé, la radio", estime Gaël Musquet, informaticien, spécialiste des opérations de prévention.
En avril 2022, des sirènes d'alertes ont été installées dans 9 communes de Guadeloupe, pour indiquer un risque à la population qui devra trouver un abri. Mais, dans l'archipel, seule une commune a installé des itinéraires d'évacuation à suivre en cas de tsunami, risque majeur auquel est exposé le territoire.
Et si on s'entraîne dans les écoles, on le fait beaucoup plus rarement, voire jamais, dans les entreprises, ou à la maison.
Selon un rapport de l'Onu de 2019 traitant, sur les 20 dernières années, des coûts humains des catastrophes naturelles, si 8% d'entre elles sont d'ordre géologique, elles sont responsables de 58% des décès.