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En mer pour sauver des vies: JOUR 8 - les survivants sont surtout reconnaissants, malgré la détresse psychologique

Chaque année, des milliers de personnes risquent leur vie en tentant de traverser la mer Méditerranée. Ils fuient la guerre, la pauvreté et les persécution. Dans ces eaux souvent hostile, Médecin Sans Frontière (MSF) mène des missions de sauvetage vitale avec son bateau le Geo Barents. Une équipe de RTL info a pu embarquer exceptionnellement sur ce navire. 

Avant de voir des survivants monter à bord, Marie-France ne peut que se préparer et s'habituer à ce lieu de travail inhabituel. La psychologue québécoise participe pour la première fois à une mission de Médecins Sans Frontières en Méditerranée. "Il faut gérer le mal de mer, ce ne sont pas des conditions que je connais", nous explique, en souriant, Marie-France Leblanc. "Et c'est du 24h/24, 7 jours sur 7. Ce n'est pas habituel pour les psychologues"

Son rôle à bord sera surtout important lorsque des survivants seront secourus. Pendant que le bateau patrouille au large des côtes libyennes, elle a accepté de nous expliquer le but de sa présence et l'importance de prendre soin de la santé mentale des personnes secourues.

Quel est le rôle de la psychologue à bord ?

"Pendant les tours de garde pour veiller sur les survivants, les membres de l'équipage identifieront les personnes qui semblent en détresse psychologique. Ils viendront alors me signaler les cas qui pourraient être problématiques. Nous allons alors rencontrer ces survivants à trois pour établir un premier contact. Souvent, j’emmène ensuite ces personnes à la clinique du bateau pour avoir des rencontres individuelles. J'essaye alors de les écouter, de leur donner des outils pour la gestion du stress et débuter un travail puisqu'ils pourraient être état de traumatisme psychologique"

Quel est l'état des survivants après le sauvetage ?

"C'est assez surprenant. La plupart des survivants sont simplement reconnaissants d'être à bord et d'avoir été secourus. Ils sont obéissants de la marche à suivre et des consignes qui sont spécifiques quand on fait un sauvetage. Quelques-uns sont plus amortis ou épuisés. Quand on rencontre des survivants, c'est étonnant de constater qu'ils se livrent assez facilement à nous et nous racontent tout ce qu'ils ont vécu d'atroce. Les signes les plus fréquents qu'on peut observer c'est de l’hyper vigilance, du stress, de la difficulté à dormir et à manger et ils vont s'isoler. Ils vont aussi sursauter dès qu'un bruit leur paraît suspect"

Quelles activités peuvent les aider à surmonter ces épreuves ?

"Le soir on organise des activités psychosociales. On a construit tout un cursus pour savoir comment animer les survivants. Nous utilisons notamment le dessin. Nous secourons principalement des hommes en mer. Et ils sont souvent très investis dans les dessins, c'est intéressant à voir. C'est une activité qui les libère. Ce n'est peut-être pas de l'art-thérapie, mais cela s'en rapproche. C'est étonnant de voir comment ils sont impliqués. Et les résultats sont artistiques et beaux".
 

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