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Rétablissement de la peine de mort au Congo: "Le gouvernement frappe fort pour montrer qu'il n'est pas en train de blaguer"

La République démocratique du Congo a rétabli la peine de mort et ça a clairement un lien avec la guerre dans l'est du pays.

Depuis deux ans, la RDC fait face à une offensive de rebelles soutenues par le Rwanda à l'est du pays, dans la province du Nord-Kivu. Cela a provoqué le déplacement de millions de Congolais qui vivent dans des conditions désastreuses. Mais alors, quel lien entre la guerre et le rétablissement de la peine de mort ?

Quelles sont les raisons ?

Jean-Robert Senga est chercheur pour Amnesty International et spécialiste de la République démocratique du Congo. Selon lui, "les raisons officielles sont que le gouvernement veut faire face avec plus de fermeté à ce qu'il appelle trahison au sein des forces de défense et de sécurité dans le contexte de la guerre qu'il mène contre le groupe armé M23".

La seconde raison, "c'est faire face à la criminalité en bande organisée dans plusieurs villes du pays, dont Kinshasa" explique-t-il.

"C'est la manière la plus dissuasive qui soit"

Selon Jean-Robert Senga, "l'armée congolaise a fait face depuis beaucoup de temps, y compris ces derniers mois, à beaucoup de revers, en disant que ce sont des traîtres au sein de l'armée, de notre propre armée, qui ne nous permettent pas de gagner la guerre".

Pour le gouvernement, la peine de mort, "c'est la manière la plus dissuasive qui soit pour faire face à ces défis".

Plusieurs centaines de personnes sont déjà dans le couloir de la mort

Le problème, c'est que si la peine de mort n'est plus appliquée depuis 2003, elle est toujours prononcée. Les exécutions pourraient donc s'enchaîner dans les semaines à venir.

Le spécialiste est clair :"Il y a aujourd'hui plusieurs centaines de personnes qui sont dans le couloir de la mort à travers les prisons de la RDC". Les infractions et les crimes qui ont été énumérés par le gouvernement "sont très larges et laissent place à une interprétation tout aussi large".

"Le gouvernement montre qu'il n'est pas en train de blaguer"

Il ajoute ensuite, qu'il est "presque certain que le gouvernement va vouloir frapper fort dans les prochaines semaines, les prochains jours, pour montrer qu'il n'est pas en train de blaguer".

Au moins 883 exécutions ont été enregistrées dans le monde par Amnesty International en 2022. Et ce chiffre n'inclut pas la Chine qui garde cette information secrète, mais elle aurait exécuté plus de 1 000 personnes la même année.

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