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Mondial de rugby: Mapimpi et Kolbe, deux éclairs dans la nuit, deux paris réussis

Deux numéros de solistes pour parachever le triomphe sud-africain: les ailiers Makazole Mapimpi et Cheslin Kolbe, au parcours sinueux avant d'être lancés par le sélectionneur Rassie Erasmus, ont fait parler leurs jambes et leur talent en finale de Coupe du monde face à l'Angleterre (32-12), samedi à Yokohama.

Ils sont le symbole de l'autre face de ces Springboks 2019, féroces devant mais aussi électriques derrière.

Mapimpi a frappé le premier, en tapant un coup de pied à suivre pour lui-même, dont s'est emparé le centre Lukhayo Am, qui lui a rendu la pareille pour donner, à quinze minutes de la fin, treize points d'avance à l'Afrique du Sud. Son sixième essai dans la compétition, à une longueur du meilleur marqueur, le Gallois Josh Adams. Et son 14e en 14 sélections!

Placé sur l'autre aile, Kolbe l'a imité sept minutes plus tard, d'une des ses actions de classe qui font le bonheur des supporters de Toulouse et des spectateurs du Top 14 depuis deux ans: accélération pour se débarrasser de Joe Marler puis cadrage débordement sur le capitaine anglais Owen Farrell pour plier l'affaire. Sa huitième réalisation en... 14 capes également.

Ils en comptent le même nombre, tous les deux lancés par le sélectionneur Rassie Erasmus l'année de son arrivée à tête des Boks, en 2018; en juin pour Mapimpi, à l'âge de 28 ans; en septembre pour Kolbe, peu avant ses 25 ans.

Cinq ans avant ses débuts internationaux, Mapimpi n'était même pas professionnel, lui qui "vient de la campagne" et n'est "pas passé par les équipes de jeunes".

"Je jouais dans un petit club, et mes potes d'enfance me disaient +Tu peux y arriver+. Je leur ai répondu: +Mais comment? Personne ne me suit!+" raconte-t-il d'une voix timide après le troisième titre de champion du monde des Boks.

- "Je ne joue pas que pour moi" -

Mais il a commencé par gravir les échelons, "au Cap, puis à Stellenbosh" avant de rejoindre les Border Bulldogs, équipe qui évolue en Currie Cup, le championnat sud-africain.

"Là, je jouais contre des gars qui avaient joué en Super Rugby. Je me suis dit que je pouvais y arriver", poursuit-il. Mais les Border font faillite, et Mapimpi trouve refuge du côté des Southern Kings, en Super Rugby, où il fait son trou avant d'exploser avec les Sharks (Durban) en 2018.

"Cela veut dire beaucoup pour moi car j'ai fait un long chemin, depuis ma campagne, mais Dieu est bon. J'ai travaillé dur, c'est ma première Coupe du monde et je la gagne. Cela veut dire beaucoup aussi pour les gars de la campagne, qui ne sont pas passés par les écoles privées. Je ne joue pas que pour moi", déclare-t-il encore.

Kolbe, lui était bien dans les radars de la fédération. Mais plutôt pour les "Blitzboks", l'équipe nationale à VII, avec laquelle il a décroché la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

- Kolbe, meilleur joueur de l'année ? -

Mais, jugé trop petit (1,70, 80 kg) pour les canons sud-africains, l'ancien joueur des Stormers n'était pas considéré à quinze, avant l'arrivée de Rassie Erasmus. Qui a coïncidé avec son départ pour Toulouse, à l'été 2017, où il s'est rapidement imposé comme un des meilleurs joueurs du Top 14, par sa capacité à créer des brèches, pour lui-même ou ses coéquipiers, à se faufiler dans de petits périmètres grâce à ses appuis et son centre de gravité très bas.

Jusqu'à remporter le titre de champion de France en juin, et donc de parachever sa sublime année par une couronne mondiale, après voir manqué la demi-finale face au pays de Galles (19-16), insuffisamment rétabli d'une blessure à la cheville gauche contractée contre l'Italie en poules.

Erasmus ne l'estimait pas à 100%, mais l'a immédiatement remis dans le XV de départ une fois rétabli. Une façon de montrer qu'il était indispensable dans la conquête du titre.

"Cheslin a été incroyable, il marque à partir de rien", reconnaît le demi de mêlée Faf De Klerk.

Il lui reste cependant une dernière récompense à aller chercher, celle de meilleur joueur de l'année. "Personne ne le mérite plus que lui, c'est un gars si humble" lance de Klerk. Réponse dimanche, à Tokyo.

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