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Une mêlée en souffrance, une touche en amélioration et des ballons portés peu efficaces: avant d'affronter l'Angleterre samedi pour le dernier match de poules de la Coupe du monde, le XV de France peine dans ces secteurs, essentiels pour lancer le jeu ou se défaire de la pression adverse.
+ Emmêlés
Avec sept pénalités concédées en trois rencontres, la mêlée tricolore est en difficulté. Face aux Pumas (trois pénalités contre, une pour), les Bleus avaient pointé du doigt la filouterie de leurs adversaires qui, selon eux, ont joué avec la nouvelle règle qui empêche d'effectuer une sorte de pré-poussée avant l'introduction.
Et face aux Tonga, contre qui ils ont de nouveau été sanctionnés à trois reprises ? Le pilier droit Rabah Slimani reconnaît des "erreurs" commises par la première ligne tricolore, quand le talonneur Camille Chat évoque davantage l'incohérence de l'arbitre australien, Nic Berry: "Il disait que nous anticipions la poussée, puis que nous tournions trop la mêlée, puis que nous avancions en crabe..."
Mais le talonneur ajoute: "C'est à nous de nous adapter aux arbitres, pas l'inverse." Les Bleus n'y parviennent pas depuis le début du Mondial, ce qui interroge forcément sur le travail réalisé avec l'entraîneur en charge de ce domaine, Sébastien Bruno, bombardé dans l'urgence à ce poste début 2018, lors de l'arrivée de Jacques Brunel, après avoir uniquement entraîné trois saisons en club (à Lyon).
"Oui, ça fait mal. On se pensait fort en mêlée avant la Coupe du monde et au final, on se fait beaucoup pénaliser", admet Chat.
+ Enfin la touche Bonnaire ?
Dans le grand remue ménage, effectué à la va-vite pour parer au plus pressé après le licenciement de Guy Novès et de ses adjoints, la touche a elle été confiée à Julien Bonnaire. L'ancien international rayonnait dans les airs en tant que joueur, mais n'avait aucune expérience de technicien en la matière et ne s'y voyait pas faire carrière.
Sous ses ordres, la Coupe du monde a débuté dans la lignée des précédentes sorties, hésitantes: les Bleus ont ainsi perdu deux touches sans en voler aucune contre l'Argentine. Depuis, c'est mieux dans ce domaine de haute précision, où la coordination lanceur/sauteurs est essentielle en attaque. Comme, en défense, l'adaptation à la stratégie adverse.
Le XV de France a ainsi gardé tous ses ballons face aux États-Unis et aux Tonga, et leur en a volé deux à chaque fois. Le pedigree des adversaires invite cependant à la prudence, et l'Angleterre leur proposera un tout autre défi samedi. "Les Anglais sont plus réactifs, rapides, ça va monter plus haut", reconnaît le troisième ligne Charles Ollivon.
+ Ballons déportés
Après une prise de balle en touche s'enclenchent parfois des ballons-portés, pour faire reculer l'adversaire, le mettre à la faute ou inscrire un essai. Une arme offensive trop peu utilisée par les Bleus, qui n'ont, depuis le début de la Coupe du monde, inscrit qu'un essai sur cette phase de jeu (le dernier contre les États-Unis). Et ont souvent été contrés par leur adversaire (ballon rendu ou avancée peu significative), comme face aux Tonga. "On n'a pas forcément perdu de ballon (deux tout de même, six en tout depuis le début du Mondial, NDLR) mais on n'a pas réussi à construire dessus. Les Tongiens sont assez massifs, mais certaines équipes ont réussi à les prendre là-dessus, nous non. C'est un axe de progression", reconnaît Ollivon.
Surtout, le XV de France a encaissé deux essais contre l'Argentine sur des ballons portés. Où, comme en touche, le temps de réactivité est primordial, pour contrer l'avancée adverse en évitant de se faire pénaliser. "On sait que, si on se fait défoncer sur les 4-5 premières secondes, ça devient très difficile de défendre sur un ballon porté" explique Louis Picamoles.
L'effort collectif l'est également. Or, face aux Pumas, "on a remarqué qu'on s'envoyait chacun sur cette phase, mais pas en équipe" souligne Arthur Iturria. Face à l'Angleterre, l'une des meilleures nations dans ce secteur, l'effort devra être collectif, sinon...