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Nouvelle évacuation d'un campement de migrants dans le nord de Paris

Près de 300 personnes ont été évacuées mardi matin d'un campement à Paris où demandeurs d'asile, déboutés et réfugiés vivaient depuis des semaines dans une grande insalubrité, illustrant les difficultés récurrentes de l'accueil des migrants dans la capitale.

Au total, "299 personnes ont été mises a l'abri" après avoir été évacuées de ce campement situé porte de la Chapelle, dans le nord de la capitale, a indiqué sur place Bruno André, le directeur de cabinet de la préfecture de région. Environ 400 places avaient été mobilisées pour les accueillir dans des gymnases en région parisienne.

Cette opération est la troisième menée en une semaine au nord de la capitale, après celle de Saint-Denis (300 personnes mises à l'abri) et porte de Clignancourt (près de 200). Un autre campement, très enclavé, subsiste porte de la Villette. L'État a annoncé qu'il comptait intensifier les opérations de ce type, avec 1.200 places mobilisées pour résorber les campements.

Le premier autobus est arrivé vers 08H30 pour évacuer les migrants, soudanais et afghans notamment, qui attendaient debout avec leur sac sur le dos, a constaté une journaliste de l'AFP. Encadrés par des associations et les forces de l'ordre, ils ont été orientés vers ces gymnases où leur situation sanitaire et administrative sera examinée, a ajouté M. André.

Adam, soudanais, ne sait pas trop où il va être emmené, "mais ce sera mieux qu'ici" où il dormait "parce que le 115 n'a jamais de place".

Ahmad, un demandeur d'asile afghan de 29 ans, dort sous la bretelle de l'autoroute A1 "depuis 45 jours" et a hâte de partir: "Ce n'est pas sûr ici, les gens sont ivres, ils se battent pour l'argent", raconte ce père de famille qui a fui l'Afghanistan "parce que ce n'est pas une vie là bas". "J'ai vu des gens mourir, je veux autre chose pour mes enfants".

L'opération s'est terminée peu après 9H00 mais "certaines personnes ont choisi de ne pas monter dans les bus", a précisé M. André. Vers 10H00, une soixantaine de personnes demeuraient sur le campement, examinant les tentes toujours en place ou se réchauffant autour d'un feu de bois.

Selon Philippe Caro, du collectif Solidarités migrants Wilson, les forces de l'ordre sont revenues sur place en fin de matinée, une fois l'opération terminée, pour disperser les migrants. "Tous ces gens vont dormir dehors alors qu'il neige ce soir", s'est-il désolé.

- "Cycle infernal" -

Pourquoi certains ont-ils refusé la mise à l'abri proposée? "J'ai mes empreintes en Italie, je ne veux pas être expulsé", assure Phillip, un Erythréen. Même explication pour Daj, un Afhghan enregistré en Suède, qui "préfère dormir dehors même s'il fait froid" plutôt que de risquer un transfert vers Stockholm, synonyme selon lui de "renvoi en Afghanistan".

Le règlement européen de Dublin impose aux migrants d'effectuer leur demande d'asile dans le premier pays de l'UE où ils ont laissé leurs empreintes.

Mais M. Caro avance une autre explication: "Certains ont déjà été évacués et ils ne veulent pas recommencer. C'est un cycle infernal". La première évacuation de migrants avait eu lieu en juin 2015 à Paris (350 personnes vivaient alors place de La Chapelle).

Omar, 26 ans, fait partie de ceux qui ont déjà connu des mises à l'abri. "Après quelques nuits dans le gymnase on m'a mis dehors", témoigne dans un français parfait ce réfugié soudanais qui a déjà été évacué du campement voisin de Saint-Denis.

Lui aussi titulaire d'un titre de séjour, deux ans après avoir obtenu l'asile en France, Moussa, 30 ans, dort quand même à la rue: "J'ai demandé pour une formation, un appartement, on me dit qu'il n'y a rien pour moi", se désole-t-il.

Plusieurs gymnases ont été réquisitionnés en Ile-de-France pour cette opération, suscitant l'opposition des élus LR du XVIe arrondissement où un site est concerné. Mardi, l'arrivée des migrants se passait toutefois sans problèmes en milieu de journée, selon des sources sur place.

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