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En décidant de raconter son histoire, celle de l'un des plus audacieux stylistes ayant jamais existé, Jean-Paul Gaultier savait que la musique était incontournable. Et le choix de Nile Rodgers l'était aussi.
Le créateur qui a suscité moult remous et controverses dans le monde entier avec des vêtements espiègles et provocateurs pendant quatre décennies, tourne les projecteurs vers lui-même cette fois avec un spectacle autobiographique.
Davantage qu'un défilé mais pas vraiment une comédie musicale, le "Fashion Freak Show" est un mélange des genres qui va donner l'occasion de revoir des créations emblématiques du styliste français mais également des nouveautés, tout en racontant sa vie grâce à des acteurs, des mannequins et un chanteur en direct.
Côté musique, le fer de lance de ce spectacle qui doit se jouer à partir du 2 octobre aux Folies Bergère à Paris n'est autre que Nile Rodgers, le créateur du tube des Seventies "Le Freak" et l'homme derrière le groupe star du disco Chic.
"Honnêtement, s'il y avait une personne à laquelle songer pour la musique, c'était lui", a expliqué à l'AFP Jean-Paul Gaultier, dans la maison en front de mer du Connecticut (nord-est) de Nile Rodgers.
"Il fait partie de ma vie", a confié le créateur de 66 ans. "Tout le monde aime ses chansons, a dansé dessus, est tombé amoureux de quelqu'un grâce à sa musique".
Le musicien américain, qui a produit des stars comme Madonna, Diana Ross, David Bowie ou Daft Punk et qui appelle affectueusement le Français "J.P", a expliqué que le spectacle comporterait des morceaux classiques mais aussi modernes. Il prévoit également de retravailler certaines des chansons les plus connues.
- "Ressort émotionnel" -
"Lorsqu'il s'agit d'un spectacle théâtral, on doit absolument jouer avec le ressort émotionnel", a estimé M. Rodgers, qui a six mois de moins que Jean-Paul Gaultier. "Et ce ressort émotionnel peut ne pas être bien servi avec la musique originale. Elle doit être un peu modifiée".
Ce ne sont pas les premiers pas du styliste dans la musique. En 1989, il a sorti la chanson désormais tombée dans l'oubli "How to do that".
Mais son influence la plus marquante sur le monde de la musique provient de ses créations pour Madonna. Il a dessiné certaines des tenues ayant fait les gros titres pour sa tournée "Blond Ambition" en 1990, y compris le célèbre corset rose à la poitrine démesurée et pointue ou celui qu'elle porte pour interpréter "Like a Virgin", chanson produite par Rodgers.
Beyoncé, Kylie Minogue, Lady Gaga, Rihanna mais aussi des stars de Hollywood ont fait appel à celui qui a bousculé le monde de la mode en mélangeant les rôles traditionnels des genres et avec ses costumes expérimentaux pour des films comme "Le Cinquième élément" de Luc Besson.
Reste que, pour lui, il y a davantage de créativité dans la musique que dans la mode. "Je ne pense pas que la mode soit un art", a-t-il relevé. "La mode est supposée être superficielle".
"C'est vrai qu'avec la mode, on peut un peu s'exprimer soi-même et dire des choses mais ce n'est pas comme la musique qui passe par votre nez, vos oreilles, partout", a-t-il expliqué. "La musique est quelque chose de très beau et dont nous avons vraiment besoin, comme de manger".
Pour Nile Rodgers, la mode est bien un art mais il a reconnu la puissance envoutante de la musique. "C'est le seul art qui te poursuit dans la rue", a-t-il dit.
Le "Fashion Freak Show" devrait rester sur scène jusqu'en avril 2019. Avec des modifications à attendre au fil des mois et peut-être une version pour la télévision, a précisé l'Américain.
Selon lui, "ce que nous essayons de créer n'est pas seulement une expérience que vous vivez, mais je pense une émotion que vous intériorisez et que vous ramenez chez vous".