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Procès à Charleroi: monsieur V. jugé pour viols et attouchements sur dix victimes dont sa propre fille

Un père de cinq enfants âgé de 64 ans comparaît ce mercredi devant le Tribunal correctionnel de Charleroi pour des viols et des attouchements sur dix jeunes filles mineures mais aussi majeures. Circonstance aggravante, parmi les victimes, il y a sa propre fille. Le prévenu risque jusqu’à 20 ans de prison.

Un sexagénaire est face à la justice de Charleroi ce mercredi. Il est soupçonné d’être un pédo-criminel actif sur une période allant au moins de 1980 à 2020. Quarante années durant lesquelles il aurait commis des attouchements et des viols sur plusieurs jeunes filles. G.V. est un homme d’une soixantaine d’années domicilié dans la région de Charleroi. Il a travaillé chez Caterpillar de 1979 à 2015. Un week-end sur deux, il exerçait pour une société de sécurité principalement comme patrouilleur et transporteur de fonds. Après des années de silence, les jeunes victimes ont trouvé la force de décrire les scènes d’agressions sexuelles qu’elles ont subies.

La première plainte date de mai 2004, elle avait été classée sans suite sans faire l’objet d’une enquête approfondie.
Les faits sont pourtant d’une extrême gravité. Madame B. (âgée de 30 ans lors du dépôt de plainte) et madame V. (29 ans), se rendent ensemble au bureau de police de Châtelet. Madame B. déclare: "J’étais âgée de 12 ans, en 1985, quand ce monsieur a commencé à me mettre la main sur mes cuisses pour remonter de plus en plus vers mon entre jambe, je portais une jupe. Il a ensuite violé mon intimité avec ses doigts."

C’est à ce moment là qu’il m’a violée, il m’a fait très mal, j’ai pleuré en silence

Terrifiée, la très jeune fille n’ose pas dénoncer les faits. L’année suivante, son violeur croise à nouveau son chemin. Elle explique: "Monsieur V. est arrivé à ma hauteur en voiture et m’a dit de monter. Je me suis exécutée car j’avais peur de lui. Il travaillait comme garde et il était en uniforme et était armé. Il s’est arrêté dans une allée à l’abri des regards. il m’a demandé de sortir de la voiture et m’a poussée à terre. Il m’a menacé de son arme, il a posé le canon de l’arme sur ma tempe. Ensuite il a posé l’arme sur le côté, canon dirigé vers ma tête. D’une main, il me tenait fermement les mains au-dessus de la tête et de son autre main, il a abaissé mon pantalon. C’est à ce moment là qu’il m’a violée. Il m’a fait très mal, j’ai pleuré en silence."

Le 28 janvier 2018, une amie de la fille de Monsieur V. se trouve au domicile de celui-ci. Elle a moins de 16 ans. Alors qu’elle est aux toilettes, le suspect se serait introduit dans la pièce et aurait placé sa main derrière sa tête avant de l’embrasser tout en réalisant sur elle des caresses et un viol par introduction digitale. Face à la police, l’homme a reconnu ce jour-là qu’il était dans un état second car très fatigué. Il explique qu’en ouvrant la porte des toilettes, il aurait vu le visage de sa femme décédée et aurait embrassé et attrapé la tête de l’enfant en pensant qu’il s’agissait de sa défunte épouse.

G.V. aurait également fait neuf autres victimes dont sa propre fille. Une mineure qui a expliqué que son père effectuait sur elle des caresses déplacées. Ne se rendant vraisemblablement pas compte de la gravité de la situation, le suspect a déclaré que: "Cela reste dans un cadre familial."

Certains faits sont prescrits

La première plainte a donc été déposée en 2004 mais le dossier avait été classé sans suite. Une seconde action, de la deuxième plaignante, intervient en novembre 2019. Les investigations qui suivront permettront d’identifier les autres victimes qui n’avaient jamais dénoncé les faits à la police.

L’avocate Gisèle Stuyck n’intervient pas dans ce dossier mais elle dispose d’une formation en psychothérapie analytique. Elle explique qu’il est très fréquent que les mineurs abusés n’osent pas parler et particulièrement si l’auteur des faits est un proche: "L’agresseur pousse sa victime au secret, par menace, intimidation, séduction ou cadeaux. L’enfant peut en outre se sentir responsable d’avoir attiré sur lui l’attention de son agresseur. Sans compter sur le fait que l’entourage, parfois inconsciemment ou consciemment, ferme les yeux sur les faits." Pour pallier cette problématique, la loi s’est adaptée. Depuis 2019, les auteurs d’infractions sexuelles graves commises sur des mineurs pourront être poursuivis à tout moment, car l’action publique ne se prescrit plus.

Mais les faits qui étaient déjà prescrits au moment de la mise en place de cette nouvelle règle le restent. "Même si depuis le 30 septembre 2019, les faits de mœurs sur mineurs sont désormais imprescriptibles, certains actes reprochés à mon client dans ce dossier étaient déjà prescrits avant l’entrée en vigueur de la loi. Nous plaiderons donc la prescription de l’action publique pour certaines préventions" précise Maître Pierre-Alexandre Napoli, l’avocat de G.V.

Le prévenu est en détention préventive depuis un an. Il est également poursuivi pour détention d’images pédo-pornographique, un délit qu’il reconnait. Il est aussi en aveux concernant ses actes pédophiles à l’encontre de deux des dix jeunes filles concernées par ce dossier.

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