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Racing 92: Finn Russell, un maçon heureux à l'Arena

A 16 ans, il quittait l'école pour devenir maçon. Mais l'Ecosse a fini par déceler son talent et Finn Russell est devenu cet ouvreur génial et imprévisible qui doit faire oublier Dan Carter au Racing 92, et faire gagner des tires au club francilien.

Jacky Lorenzetti, l'ex-PDG de Foncia qui a fait fortune dans l'immobilier, n'y a peut-être pas pensé au moment de faire signer sa recrue phare. Mais le président du club, bâtisseur du centre d'entraînement du Plessis-Robinson et surtout de l'Arena, inaugurée en 2017, a enrôlé un joueur qui, comme lui, a fréquenté les chantiers dans sa jeunesse.

"J'ai toujours rêvé d'être un joueur professionnel mais à cette époque, je jouais pour le plaisir et l'amour du jeu, et je m'amusais juste avec le rugby", se souvient dans un entretien à l'AFP cet Ecossais au physique banal, surnommé ironiquement par ses ex-coéquipiers "The Muscle", en rimes avec "Russell".

"Je devais changer de club pour avoir ma chance avec l'équipe d'Ecosse des moins de 20 ans. Je me suis dit: +donne-toi une dernière chance. Si j'y arrive, je verrai, sinon je serai maçon+. Cela a marché, en quelque sorte. J'aurais été heureux aussi comme maçon."

Repéré en 2012 par l'actuel sélectionneur Greg Townsend, alors entraîneur de Glasgow, Russell intègre à 19 ans le centre de formation des Warriors. Deux ans plus tard, il est titulaire pour la première fois avec le XV au Chardon.

- L'appel du large -

Une place de N.10 avec l'Ecosse qu'il n'a plus quittée depuis, cumulant 37 capes en 4 ans et participant au redressement de cette sélection, 3e du dernier Tournoi des six nations.

Vient alors l'appel du large, même si l'Ecosse, comme les autres nations anglo-saxonnes, tente de conserver ses pépites au pays. Townsend ne s'y oppose pas. "Si jouer ici fait de moi un meilleur joueur, nous serons tous les deux contents", explique Russell.

Séduit par le projet de jeu du Racing, "très flexible" selon lui, Russell a la lourde charge de succéder à un certain Dan Carter, parti terminer sa carrière au Japon. "On voulait un joueur comme lui, capable d'amener de la vitesse", a expliqué à l'AFP Laurent Labit, l'entraîneur des arrières.

Mais cet ouvreur imprévisible, capable de tout réussir comme à Toulon (victoire 25-9) puis de passer au travers une semaine plus tard face à Clermont (défaite 40-17), colle-t-il à l'ADN du club ? "On sait ce qu'il est capable de faire, on devra aussi accepter le déchet qu'il peut avoir ou le risque qu'il peut faire prendre à l'équipe", dédramatise Labit.

- "Le risque, c'est qu'il surjoue" -

"Quand on lui dit de ne pas jouer, il joue quand même", dit sérieusement l'entraîneur. "Alors quand on lui dit de jouer, le risque, c'est qu'il surjoue. (...) Ce n'est pas un joueur stéréotypé, c'est un joueur d'instinct, à qui il faut laisser beaucoup de liberté, qu'il ne faut pas brider."

Jusqu'à début 2019 tout du moins, lorsque Russell devra composer avec le retour de blessure d'un autre ouvreur de classe mondiale, le Sud-Africain Pat Lambie. "Nous savons que nous allons être en concurrence mais je peux mettre le N.12 et inversement (tous deux peuvent aussi jouer centre, NDLR), ou l'un peut démarrer avec l'autre sur le banc", relativise l'Ecossais.

C'est clair: celui dont les meilleurs amis à Stirling, la ville du centre de l'Ecosse dont il est originaire, sont électricien, fermier ou constructeur de bus, a du mal à se faire du mouron. "Quand ma carrière sera terminée, que je retourne faire de la maçonnerie ou quoi que ce soit, je serai heureux avec ça." Heureux, un mot qui revient systématiquement avec Finn Russell.

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