Nous sommes à Lessines, dans le Hainaut, en avril 2017. Sabri (31 ans) veut en découdre avec deux frères de la famille H. suite à des dégradations volontaires faites au véhicule de sa compagne. Un énième épisode semble-t-il d'un conflit violent qui oppose de manière récurrente et depuis de nombreuses années Sabri aux frères H.
Un jour, en compagnie de Patryk (24 ans), il mène une véritable expédition punitive contre les frères qu’ils soupçonnent d’être a l’origine des dégâts. Les deux prévenus se munissent d’armes mortelles, un couteau et un revolver.
Ils se rendent d’abord devant le domicile de la mère des frères H. Alors que la dame se trouve derrière la fenêtre, Patryk tire une série de coups de feu dans sa direction. Deux balles traversent la fenêtre et une troisième s’écrase juste en dessous. Un tir groupé qui prouve que l’auteur visait une cible déterminée, en l’occurrence la personne qui se trouvait derrière la fenêtre. Aux enquêteurs la victime déclare: "En m’apercevant, je les ai entendus crier - il y a quelqu’un - et un premier coup de feu a été tiré dans ma direction." Elle ajoute qu’après les tirs, les auteurs ont continué "à crier et à nous insulter en disant qu’ils allaient nous tuer."
Le duo se rend ensuite au domicile du père. Et à nouveau, une série de coups de feu retentit. La fusillade est cette fois plus dramatique. Une balle atteint Miloud, le patriarche, en plein visage. Le projectile lui arrache la mâchoire. L’homme devra subir par la suite plusieurs opérations chirurgicales lourdes.
Lors du premier procès, Sabri, qui est considéré comme le meneur est condamné à 12 ans de prison et son complice à 8 ans. Mais ils vont en appel de cette décision et un deuxième procès vient de s'achever. La Cour d’appel, qui a retenu la préméditation, a souligné l’extrême gravité des faits, la froide détermination des auteurs ainsi que les séquelles physiques et psychologiques que leurs actes ont causé, principalement au père de famille. La cour a aussi noté l’absence de considération pour l’intégrité d’autrui dont ils témoignent. Toutefois, elle a décidé de réduire la peine de Sabri, malgré un état de récidive. Celle-ci est passée de 12 à 10 ans. Son avocat Me. Eddy Kiaku commente: "La cour a retenu nos arguments. Nous avons en effet démontré qu’il s’agit d’un conflit latent et violent avec des tords partagés".
La peine de Patryk de 8 ans de prison est quant à elle confirmée.

