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Tarnac: des condamnations symboliques réclamées contre les prévenus

Ils défendent la régularité de leur procédure contestée mais ne réclament que des condamnations symboliques: les procureurs du procès Tarnac ont requis mercredi des peines allant d'une amende de 1.000 euros à 6 mois ferme contre les huit membres de la communauté libertaire, poursuivis notamment pour la dégradation d'une ligne SNCF.

Le procureur Olivier Christen a notamment demandé une peine de 4 ans, dont 42 mois avec un sursis mise à l'épreuve pendant 24 mois, à l'encontre de Julien Coupat. Cette durée couvre les 6 mois de détention déjà effectués par celui que l'accusation a longtemps présenté comme le théoricien du groupe.

"Il faut prendre en compte le temps qui est passé, la personnalité des prévenus. Et la société n'aurait rien à gagner à ce qu'ils soient condamnés à des peines qui les ramèneraient en prison", a expliqué le magistrat à l'issue de son réquisitoire.

Une peine de deux ans dont 22 mois avec sursis et une mise à l'épreuve de 24 mois ont été requis contre l'ex-compagne de Julien Coupat, Yildune Levy.

La justice reproche aux principaux prévenus d'avoir, sur le fondement d'une idéologie développée dans un livre qui leur est attribué ("L'insurrection qui vient"), participé au sabotage d'une ligne SNCF à Dhuisy (Seine-et-Marne) et organisé des actions violentes contre des intérêts de l’État, notamment le 3 novembre 2008 lors d'une manifestation à Vichy.

Concernant les autres prévenus, le procureur a requis des peines de six mois de prison avec sursis contre Elsa Hauck et Bertrand Deveaud, poursuivis pour association de malfaiteurs, un an avec sursis contre Christophe Becker et 6 mois avec sursis contre Manon Glibert, tous deux poursuivis pour le recel de documents administratifs volés. Une amende de 1.000 euros avec sursis a enfin été réclamée contre six des huit prévenus.

- "Pas une procédure indigne" -

L'affaire avait spectaculairement débuté le 11 novembre 2008 par l'arrestation devant les caméras de télévision d'une dizaine de membres d'une communauté libertaire installée à Tarnac, un petit village de Corrèze, par 150 policiers cagoulés.

Quelques jours plus tôt, les 7 et 8 novembre, des caténaires de lignes SNCF avaient été sabotées dans l'Oise, l'Yonne et en Seine-et-Marne, provoquant une pagaille dans le réseau SNCF avec plus d'une centaine de TGV bloqués et 20.000 voyageurs en rade.

Parties civiles au procès, SNCF réseau et SNCF mobilité ont réclamé 74.600 euros pour les préjudices matériel et moral subis.

Ces faits, initialement considérés par l'accusation comme terroristes, ont finalement été rétrogradés en délits de droit commun par la justice, après l'abandon de la première qualification par la Cour de cassation au terme de neuf ans d'enquête et de polémiques.

"Le fait de retenir une qualification différente ne veut pas dire que les faits reprochés seraient sans gravité et devraient échapper à la répression", a expliqué Olivier Christen, citant l'avocat général de la Cour de cassation.

"Ce n'est pas une procédure exemplaire, mais ce n'est pas non-plus une procédure indigne, pas un monstre juridique et politique marqué du sceau de la déloyauté ou fondée sur des faux PV", a déclaré le second procureur, Nicolas Renucci, en expliquant que pour lui "les faits étaient établis".

Olivier Christen lui a défendu bec et ongle le procès verbal de surveillance de policiers qui affirment avoir vu le couple Coupat-Levy stationner en voiture la nuit des faits en contrebas de la ligne TGV sabotée. Le couple affirme lui avoir retiré de l'argent avec une carte bleue à Paris dans cette tranche horaire et dénonce un faux PV.

"La présence policière cette nuit là est on ne peut plus établie", a affirmé le procureur pour qui "rien n'établit que l'utilisateur d'une carte bleue soit nécessairement son titulaire".

"La version d'un weekend en amoureux" servie par les prévenus "ne repose sur rien", a estimé le magistrat pour qui "le Trilport (Seine-et-Marne) n'est pas la ville la plus romantique de France". Pour lui, la seule explication réaliste de la présence du couple à cet endroit isolé est leur volonté de saboter la ligne SNCF.

Jeudi et vendredi, la parole est donnée à la défense.

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