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Au Printemps de Bourges, on n'a pas (beaucoup) d'argent mais on a des idées: pour sa 43e édition, le festival berruyer mise sur des créations originales, dont celle consacrée à Jacques Higelin par ses enfants, et la découverte de nombreux artistes émergents.
Placé sous le signe des "Européens!" en cette année de Brexit, thème retenu par les organisateurs qui ont choisi pour marraine la cantatrice Barbara Hendricks - dont le discours sur la crise des réfugiés en 2017 à l'occasion des 60 ans du Traité de Rome avait marqué les esprits -, le Printemps s'appuiera tout de même sur des valeurs sûres pour rester attractif.
Ainsi, défileront de mardi à dimanche sur les douze scènes disséminées dans la ville et jusqu'à l'Abbaye de Noirlac à une quarantaine de kilomètres, Hubert-Félix Thiéfaine, Jean-Louis Murat, Gaëtan Roussel, Jeanne Added, Beirut, Bertrand Belin, Charlie Winston, Rodrigo & Gabriela, Gims, Laurent Garnier, Zazie, Boulevard des Airs...
Devant faire face à une concurrence chaque année plus accrue, avec pour difficulté supplémentaire l'augmentation inévitable des cachets des artistes, le doyen des festival fait cette année plus encore que les précédentes le pari de l'inventivité tout en demeurant le plus éclectique possible, donc populaire.
Preuve en sont les sept créations prévues au programme, dont la plus attendue s'intitule "Jacques, Joseph, Victor dort" en hommage à Jacques Higelin, disparu il y a un an. Un spectacle qui s'inspire de celui qu'il a présenté au Cirque d'Hiver de 1981 à 1982, et promet surtout un joyeux bordel avec ses enfants Izia, Arthur H et Kên, mais aussi ses amis parmi lesquels Camille, Jeanne Cherhal, Jeanne Added, Mathieu Amalric, Rodolphe Burger...
- Sept créations -
En ouverture mardi puis le lendemain, le chorégraphe Jean-Claude Gallotta mettra en scène deux autres illustres fantômes dans "L'homme à la tête de chou": Serge Gainsbourg, auteur du disque culte sorti en 1976, et Alain Bashung qui avait repris cet album juste avant sa mort en 2009. Un spectacle recréé pour l'occasion.
Arnaud Rebotini qui revisitera sa bande originale césarisée de "120 battements par minute", le musicien électro Molécule pour un set dans le noir total, le rappeur Youssoupha qui racontera son enfance, Claire Diterzi avec un spectacle symphonique et Rodolphe Burger en mode acoustique, sont autant de propositions inédites alléchantes.
Moins exposés que les têtes d'affiche, plusieurs artistes méritent tout de même le détour.
En premier lieu, un fleuron presque oublié de la pop britannique des années 80, en la personne de Guy Chadwick qui délivra à la tête du groupe House of Love des tubes tels "Shine On", "Love in a Car" ou "The Beatles & the Stones". Avant lui, sous le chapiteau de l'école du cirque, le Canadien Hawksley Workman présentera sa dernière pièce folk "Median Age Wasteland".
Jeudi sera la journée de femmes de talent, telles que Lou Doillon dans le sillage de "Soliloquy" son troisième album réussi, Roni Alter auteure de l'envoûtant "Be Her Child Again" ou encore l'Américaine Sarah McCoy dont la voix soul/jazz devrait mettre tout le monde d'accord.
Au rayon rock, la soirée de vendredi sera animée par les furieux anglais de Idles et les punk australiens d'Amyl & the Sniffers, sans oublier le retour de Skip the Use. Côté rap, la programmation s'annonce aussi solide avec Vald, Gringe et Columbine.
Enfin, Bourges c'est aussi l'occasion de suivre des talents aux univers singuliers comme la rappeuse-actrice-danseuse-circassienne Aloïse Sauvage, révélée aux dernières Trans Musicales de Rennes, le musicien blues camerounais Blick Bassy, Adam Naas et sa pop-soul à fleur de peau, ou encore Canine porteuse d'une électro-pop mystérieuse.
De quoi permettre au Printemps de Bourges d'assurer une bonne fréquentation, même si le record établi l'an passé de 80.000 spectateurs sera difficile à battre.