Partager:
Enfin un peu d'air! Au vert, à la mer ou à la montagne, les Français ont commencé samedi à profiter de l'extérieur pour le premier week-end post-confinement, mais sous conditions et sous l'oeil d'autorités appelant à la prudence face au coronavirus.
A Nice, il n'était pas 8 heures quand les premiers baigneurs ont investi la plage qui leur était refusée depuis deux mois. "On est comme des drogués, on était impatients parce qu'on se baigne ici toute l'année", souffle Gilles, un sexagénaire à la retraite, avant de s'élancer dans une eau à 16°C.
Même bonheur à Saint-Malo où l'eau n'est qu'à 13°C: "C'est ma première baignade, un peu froide, mais elle était attendue!", glisse Frédéric, 48 ans, habitant du centre-ville.
"Le principe de la plage dynamique, on l'applique toute l'année ici", dit-il, notant qu'il n'y avait finalement pas trop de monde sur la plage.
En Nouvelle-Aquitaine, bordée par 720 km de littoral, des dizaines de communes ont déconfiné leurs plages de la Charente-Maritime, comme sur l'île de Ré, à la côte basque.
Sur l'une des plages de Lacanau, célèbre spot de surf en Gironde, une soixantaine de surfeurs ont goûté aux premières vagues du déconfinement.
Mais pas question de bronzette ou de pique-nique, ont prévenu les autorités, qui ont prohibé sports et jeux collectifs.
Ce sont les préfets qui ont "la possibilité d'ouvrir l'accès" aux plages, a rappelé le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, en déplacement sur celle de Veules-les-Roses (Seine-Maritime).
- Déambulation paisible à Carcassonne -
Mais "si les règles ne sont pas respectées (...) nous devrons revenir sur cette décision", a-t-il prévenu.
En vertu des règles entrées en vigueur lundi après deux mois de confinement, les escapades ne sont autorisées que dans la limite de 100 km, et dans le respect des gestes barrière.
Car si l'épidémie reflue, les scientifiques s'accordent à considérer qu'aucun bilan ne pourra être tiré avant au moins deux semaines sur la trajectoire de la propagation du virus et une éventuelle "deuxième vague".
Fermés pendant près de deux mois, le Mont Saint-Michel ou le sanctuaire de Lourdes sont aussi de nouveau accessibles. "En ouvrant ces grilles, je souhaite ne plus jamais avoir à les fermer", lance en préambule le recteur du sanctuaire, Mgr Olivier Ribadeau Dumas, avant d'inviter les premiers visiteurs à le suivre en entonnant un "Ave Maria".
Quelques dizaines de visiteurs se sont aventurés aussi dans les venelles médiévales de la Cité de Carcassonne, rouverte depuis mercredi et épargnée par l'habituel afflux touristique.
Et si les commerçants y ont repris lentement leur activité, le château comtal et les célèbres remparts ne pourront rouvrir qu'à la mi-juin, avec un nombre limité de places et réservation électronique.
- Drive-in à Bordeaux -
Au Marché aux puces de Saint-Ouen, l'un des sites les plus fréquentés de France avec ses 5 millions de visiteurs annuels, l'activité est aussi restée très calme pour la reprise. Il faudra attendre le retour de la clientèle étrangère pour que les affaires redémarrent.
Dans les Alpes aussi, les premiers mordus de haute montagne se sont pressés au téléphérique de l'aiguille du Midi à Chamonix au petit matin. Gantés, casqués et... masqués, dans les bennes en tous cas, pour respecter les mesures sanitaires.
Et même s'ils n'habitent pas à la mer ni à la montagne, les urbains vont pouvoir renouer avec la verdure. En Île-de-France, la région a rouvert 39 forêts publiques.
Les salles de cinéma restent closes mais à Bordeaux, l'immense place des Quinconces se transformera samedi soir en un cinéma à ciel ouvert pour la première étape en France du Drive-In Festival.
De Montpellier à Nantes, quelques centaines de "gilets jaunes" ont eux profité de ce premier samedi post-confinement pour braver l'interdiction de manifester, les forces de l'ordre procédant souvent à des verbalisations. "Je suis révolté. La répression est toujours là, mais nous aussi", a protesté Jean-Jacques, 52 ans, "gilet jaune" de la première heure présent à Montpellier.
L'organisation écologiste Extinction Rébellion (XR) a repris ses actions de désobéissance civile en organisant des opérations "anti-pub", ses militants recouvrant des panneaux publicitaires de blanc de Meudon, de papier ou de tissus notamment à Antibes, Bordeaux ou Grenoble. "Pour le #jourdapres, pas de retour à l'anormal !", a-t-elle clamé sur Twitter.
Le bilan quotidien de l'épidémie avait baissé vendredi avec 104 nouveaux décès en 24 heures, contre un pic à plus de 600 début avril, portant le total à plus de 27.500 morts depuis le 1er mars. Le nombre de patients en réanimation diminue régulièrement.
Autre signe de décrue: l'Insee a annoncé que la surmortalité en France s'établissait à 22% entre le 1er mars et le 4 mai par rapport à la même période de 2019, un indicateur en baisse (27% au 20 avril).
Pour autant, "le coronavirus continue de circuler sur notre territoire", a prévenu samedi le ministre de la Santé Olivier Véran sur Twitter.
- Vaccin dans 18 mois? -
Pour les collégiens de 6e et 5e des zones "vertes", ce week-end doit aussi permettre de préparer le retour en classe, lundi, après les maternelles et les primaires.
Tous les espoirs se tournent vers un éventuel vaccin. Mais il n'est pas espéré avant 18 mois, selon la ministre de la Recherche Frédérique Vidal, contredisant le président américain Donald Trump, qui le dit possible d'ici fin 2020.
D'ici là, l'un des objectifs, érigé en "priorité nationale" par le Premier ministre Edouard Philippe, est de sauver le tourisme, représentant deux millions d'emplois et 7% d'un PIB national en berne.
Mais Christophe Castaner a jugé samedi "essentiel" de coordonner les décisions sur la réouverture des frontières à l'intérieur de l'espace européen, regrettant que ça ne soit pas le cas, après des décisions espagnoles et italiennes, cette semaine.