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"Ils m’ont charcuté": après une chirurgie d’implants capillaires "ratée" en Turquie, Guido souffre de la maladie de Ménière et "essaye de survivre"

Guido, de Dour, a poussé le bouton orange Alertez-nous pour mettre en garde contre les opérations à bas coûts que l’on peut faire à l’étranger. En 2020, complexé par une calvitie, il décide de faire une chirurgie d’implants capillaires en Turquie, 4 fois moins cher que chez nous. Celle-ci n’a pas fonctionné, et depuis, il souffre de la maladie de Ménière : douleurs aux cervicales, perte d’audition et acouphènes. Guido en est certain : cela vient inévitablement de l’intervention. Il conseille aujourd’hui de ne pas jouer avec sa santé pour de "petits complexes".

"Je peux vous parler de mon expérience d’implants de cheveux en Turquie, un vrai cauchemar. J’ai payé 1.400 euros avec hôtel et chauffeur", nous écrit Guido via le bouton orange Alertez-nous. Cet habitant de Dour, en région boraine, souhaite aujourd’hui mettre en garde contre ces opérations à l’étranger que l’on paye 3 à 4 fois moins cher que chez nous, mais dont les résultats et conditions ne sont pas toujours les meilleurs.

C'est en janvier 2020 que Guido décide de franchir le cap : il souffre d’une calvitie sur le haut du crâne et étant encore jeune, cela le complexe un peu. Il se renseigne sur Internet, trouve une clinique à Istanbul et s’envole pour la Turquie. En arrivant là-bas, il comprend assez rapidement que quelque chose ne va pas. "Déjà le bâtiment, pour moi, c’était comme une école primaire. Ça m’a fait penser à des classes primaires", se souvient-il.


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Pendant quelques secondes, il hésite à faire machine arrière, mais il y va quand même. "Au rez-de-chaussée, c’était comme une mutuelle. Et puis à l’étage, c’était là qu’on faisait les implants. Les tables d’opération, c’était une table en bois avec un fin caoutchouc, comme des lits de kiné. Le matelas était très mince", détaille Guido.

Il est installé sur le ventre durant plusieurs heures, dans des conditions très peu confortables. Sa nuque est sous tension, il y a du sang partout. Guido ne se sent vraiment pas bien, il a même failli perdre connaissance. "L’opération devait normalement durer 7 heures, la mienne a duré 11h30, dit-il. Pendant les 4 premières heures, ils ont retiré les bulbes des cheveux à l’arrière de ma tête. Le sang coulait partout, j’avais du sang sur le visage et personne ne me nettoyait. J’ai dû demander moi-même qu’on enlève le sang sur mon visage. Et puis, pendant 7h30, ils ont remis les bulbes là où j’avais ma calvitie. Ils agrafaient, ils agrafaient… J’avais super mal. Ils refaisaient des piqûres et l’anesthésie faisait gonfler ma tête. Ils m’ont charcuté."

J’avais envie de tout arrêter

Le Dourois comprend rapidement qu’il a probablement été victime d’une arnaque. "Je me rends compte dans les premières heures que je me suis fait avoir. Il y a un manque d’hygiène, je suis mal anesthésié… Il y a plein de choses qui n’allaient pas pendant l’opération. J’avais envie de tout arrêter, j’étais tellement mal installé", confie-t-il. Mais le pire pour lui, nous dit-il, ce n’est pas tellement les implants capillaires qui n’ont pas fonctionné, ce sont "les problèmes de santé" qu’il a eus par la suite. "Trois mois après l’opération, j’ai commencé à avoir des vertiges, une perte d’audition à l’oreille droite, et des acouphènes permanents à l’oreille droite."

Guido l’affirme : il a toujours été en très bonne santé. Ces problèmes survenus quelques mois après l’opération sont donc, pour lui, inévitablement liés à l’intervention. Mais difficile de prouver cela. "Je suis allé chez le médecin, il me dit que c’est suite à un gros choc aux cervicales que j’ai attrapé ça. Moi, je peux vous dire que je suis sûr à 300% que ça vient de là."


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Son message est aujourd’hui très clair : "Je conseille aux gens de bien réfléchir avant d’y aller, parce qu’on est en bonne santé… On a qu’une santé et ce serait malheureux, pour un petit complexe, d’avoir d’autres problèmes de santé encore plus graves." Il fait évidemment référence à la Maladie de Ménière dont il souffre à présent. "C’est une maladie permanente que j’aurai à vie. J’essaye de survivre et vivre avec ça."

Des opérations "low cost" parfois dangereuses

Cette opération lui a coûté 1.400 euros, avec hôtel et chauffeur. En Belgique, pour faire des implants capillaires, il faut débourser au minimum 4.000 euros. Mais ce n’était pas une question d’argent, prétend Guido. "C’est une question de technique, glisse-t-il. Elle est différente en Turquie par rapport à la Belgique. En Belgique, j’aurais eu une cicatrice à l’arrière qui resterait à vie. Alors qu’en Turquie, ils utilisent une technique où on n’a pas de cicatrice. Ils prélèvent le bulbe et le réinjectent. Et évidemment, c’était 3 fois moins cher."

Là-bas, les publicités pour ce type d’intervention pullulent dans la capitale. Selon Jean Devroye, médecin spécialisé en greffe de cheveux depuis plus de 20 ans, la Turquie est "très forte" pour faire la promotion des greffes capillaires. "Ils sont présents sur les réseaux sociaux, ils vont jusqu’à prendre des photos avec nos têtes pour donner de la crédibilité. Beaucoup de photos avant-après sont aussi reprises de nous", avertit ce spécialiste.


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Le problème de ces opérations "low cost" ? "Souvent le travail est à la hauteur de ce qu’ils payent", souligne Jean Devroye. "Payer 1.400 euros, c’est absolument incroyable, dans la mesure où c’est 3 à 4 fois moins que ce que ça nous coûte ici. C’est impossible de lutter contre ces tarifs", s’étonne-t-il.

La Lire turque vaut moins que l’Euro

Si une chirurgie de ce type coûte beaucoup moins cher en Turquie, c’est aussi parce que, bien souvent, les patients doivent la payer cash et en Euros ou en Dollars. "Pas question de payer avec la Lire turque, qui a été dévaluée 3 à 5 fois. Donc forcément, 1 dollar ou un 1 euro vaut 5 fois plus que ce que ça valait il y a 5 ou 10 ans. Economiquement parlant, ça leur permet de payer tout", note le médecin. Et Guido nous le confirme : il a payé les 1.400 euros en liquide et n’a pas eu de reçu ou facture.

C’est un système dangereux car une greffe de cheveux n’est pas un acte anodin. Il s’agit d’un acte chirurgical, qui doit être réservé à un médecin ou à un chirurgien. "Cela demande des formations", insiste Jean Devroye. "La partie où on réinjecte le bulbe peut être faite par un non-médecin. Par contre, la partie d’extraction doit être réservée exclusivement à un médecin car c’est un acte chirurgical. Et la chirurgie, à partir du moment où il y a intrusion d’un instrument contondant, coupant dans la peau, c’est un travail médical", poursuit-il.


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Mais en Turquie, les "grosses sociétés" réalisent ce travail à la chaîne dans un but de rentabilité. "Elles font beaucoup d’interventions et de chiffres par jour. Et dans la toute grande majorité des cas, ce n’est pas le médecin qui travaille. C’est un assistant qui, souvent, n’a même pas de qualification médicale quelle qu’elle soit. C’est assez inquiétant." Il ne faut cependant pas faire de généralités : "Il y a aussi des médecins qui travaillent très bien là-bas, mais ils seront plutôt à nos tarifs européens."

Ce spécialiste le rappelle et insiste : "Il faut que les patients se rendent compte que leurs cheveux, ça a plus de valeur que n’importe quel diamant. Personne d’autre qu’eux ne pourra leur rendre leurs cheveux. Il n’y a que vos cheveux qui peuvent vous aider à combler une calvitie."

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