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"Je ne veux pas qu’elle se transforme en saucisson": Viviane a tout fait pour sauver Marguerite, une SANGLOCHONNE

Après des années d’existence, le site d’exploitation de l’asbl Ecotopia devra fermer fin juillet. S’étendant sur 5 hectares, il comporte trois bâtiments et des surfaces maraichères. Il y a aussi quelques animaux. Viviane, l’une des bénévoles, était très inquiète pour l’avenir de Marguerite, une sanglochonne. Qui va pouvoir s’en occuper ? Et quel est exactement cet animal assez insolite ? 

"Je ne veux pas qu’elle se transforme en saucisson et se retrouve à la boucherie", craignait Viviane, une habitante d'Angleur, en région liégeoise, qui nous a contactés il y a quelques semaines via le bouton orange Alertez-nous. Cette bénévole chez Ecotopia, une association située à Tilff, était alors très inquiète. "Malheureusement, l’asbl doit fermer ses portes et il reste Marguerite, une sanglochonne de 5 ans. Elle doit quitter les lieux", expliquait la sexagénaire.

En tant que responsable des animaux depuis plusieurs années, Viviane s’est attachée à cet animal domestique plutôt inhabituel. "J’espère trouver un refuge, mais personne ne veut de Marguerite. Pourtant, je paierais son déplacement et sa nourriture mensuelle", assurait la bénévole. "Elle est vraiment très jouette et facile. Quand elle me voit, elle remue la queue comme un chien. Il faut juste un terrain adapté car elle retourne la terre". Un espace approprié est effectivement indispensable pour accueillir ce mammifère qui pèse quand même 300 kilos. "Marguerite est aussi plus grande que les cochons", précise-t-elle. 

Un lieu de sensibilisation à l'environnement 

"Viviane a appelé plus de 200 refuges, mais il n’y a pas de places. C’est très compliqué et tendu", a confirmé quelques jours plus tard Linda Baggen, la responsable d’Ecotopia. Il y a une dizaine d’années, elle a créé cette association. "C’est un lieu de sensibilisation à l’environnement et de réinsertion sociale. Il n’y a jamais eu d’employés. Notre projet a toujours fonctionné uniquement avec des bénévoles. Nous avons mis en place de nombreuses activités, comme du maraîchage en mode permaculture. Mon but a toujours été plus de la transmission de savoir que de la production", a expliqué cette mère de famille âgée de 47 ans, très investie. 

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Des formations, des ateliers et des stages étaient notamment organisés. Sur le vaste terrain verdoyant, il y avait également quelques animaux. "On a eu des moutons, des lapins, des poules. Et une sanglochonne", a énuméré Linda. 

Au mois de juin, les propriétaires des lieux lui ont signalé leur volonté de mettre un terme aux activités de l’asbl. Depuis un certain temps, Linda faisait face à des problèmes financiers. "Entre le covid et les inondations, cela fait trois ans que je n’ai pas pu réaliser mes activités normalement. Cela a mis un gros coup. Beaucoup de choses ont été détruites à cause des inondations et pendant 10 mois je suis devenue un centre de dons pour les sinistrés. Et puis, des sous-locataires n’ont pas payé. Du coup, je n’ai pas pu payer mes loyers", a expliqué la gérante d’Ecotopia.  

Vider les bâtiments et trouver un endroit pour Marguerite 

Une procédure d’expulsion a donc été lancée. Une situation très douloureuse pour Linda. "Je suis détruite, anéantie. Je ne pense pas retrouver un nouvel endroit. C’est déjà miraculeux d’avoir tenu 10 ans". D’ici fin juillet, les différents bâtiments du site doivent être vides. "Le tout, ce n’est pas quitter les lieux, mais de vider tous les bâtiments. On doit notamment payer des conteneurs. Si on ne le fait pas, il faudra payer des milliers d’euros pour l’évacuation et le gardiennage", a confié Linda qui a organisé récemment une dernière activité sur le site pour récolter des fonds. 

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De son côté, Viviane était particulièrement attentive au sort réservé à Marguerite. Elle était déterminée à lui trouver un endroit où elle pourra mourir de vieillesse.

Mais qui est apte à accueillir un sanglochon ? Quelles sont les spécificités de cet animal particulier ? Tout d’abord, il faut savoir qu’il s’agit du produit du croisement entre un sanglier et une truie. Certains parlent aussi parfois de cochonglier. D’après Viviane, c’est le grand-père maternel de Marguerite qui était un sanglier et "le reste de la famille des cochons"

Un accouplement assez rare et pas sans risques 

"C’est un animal plutôt anecdotique. Quand j’en ai croisé en élevage de porcs, les sanglochons ont des espèces de pointes sur le dos et les petits ont des lignes comme les marcassins", explique Martine Laitat, vétérinaire spécialisée en médecine du porc à la clinique vétérinaire de l’Université de Liège.

Le sanglier est le cousin sauvage du cochon. Dans la nature, un accouplement entre les deux est plutôt rare. "Auparavant, des éleveurs emmenaient les cochons dans les bois pour qu’ils mangent des glands. Le but était de donner une saveur particulière à la viande. Ils vivaient alors en semi-liberté et un accouplement était possible", explique la vétérinaire. "Aujourd’hui, un accident peut survenir mais, normalement, il existe une double barrière entre les cochons et les sangliers sauvages. Ils peuvent être attirés par des truies en chaleur ou de la nourriture vers les enclos des cochons d’élevage", ajoute Martine Laitat. 

D’après elle, un tel rapprochement comporte un risque sanitaire important car le sanglier peut transmettre des maladies, comme la peste porcine. "Il vaut donc mieux laisser les cochons dans un enclos électrifié", conseille-t-elle. 

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Cet hybride entre un sanglier et un cochon peut aussi être recherché par certaines personnes pour l’originalité du produit. Il s’agit alors d’une marque commerciale. "Il existe par exemple une ferme de sanglochons à Neufchâteau, où ils ont décidé de proposer un produit au goût original", indique la vétérinaire.

Il faut lui donner de la nourriture adaptée pour porcs

D’après elle, si une personne décide d’accueillir Marguerite, elle devra tenir compte de données spécifiques essentielles. "Il faut dire à l’adoptant qu’il faut déclarer un troupeau, même pour un animal. Il doit respecter les règles de biosécurité en lien avec le secteur porcin et respecter les obligations légales en lien avec la détention et la production d’un élevage de porcs", souligne la spécialiste.

Elle conseille de lui donner une alimentation appropriée. "Il ne faut pas distribuer des déchets de cuisine car il y a un risque de maladies et ce n’est pas une nourriture équilibrée. Il faut de la nourriture adaptée pour porcs". 

Une bonne nouvelle tant attendue 

Martine Laitat n’est pas surprise de savoir que Marguerite est une sanglochonne particulièrement attachante qui a un contact facile avec les humains. "Certains cochons sont particulièrement subtils. Ils ont une affinité avec les hommes et un comportement jouette, social", souligne la vétérinaire. "Et il faut savoir qu’une fois qu’un sanglier s’approche d’un humain, un retour à la vie sauvage est impossible. Il devient un animal de compagnie", ajoute-t-elle. 

Il y a une dizaine de jours, Viviane a eu enfin une bonne nouvelle. Une association située à Verviers a accepté d’adopter Marguerite. Peu de temps après son arrivée, l’asbl Vert-Vi-Vores a posté sur les réseaux sociaux une vidéo de la sanglochonne en train de patauger dans une flaque de boue. Des images qui donnent le sourire à Viviane. "Nous qui nous sommes occupés de Marguerite durant des années, nous sommes contentes de voir qu’elle semble heureuse chez vous", a réagi la bénévole. 


 

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