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"On nous laisse en plan": Robert et Renée ont dû quitter la maison dans laquelle ils vivaient depuis 60 ans, ils attendent toujours des nouvelles

Robert, 88 ans, et Renée, 80 ans, ont été forcés de quitter la maison dans laquelle ils ont vécu durant presque toute leur vie. Du jour au lendemain, ils ont dû laisser derrière eux la plupart de leurs meubles. 

Il y a près de trois ans, la façade de leur voisin s'est effondrée. Ce qui a affaibli leurs fondations. Résultat : leur maison est inhabitable. "Il y a eu un boum si terrible que la porte et les fenêtres sont parties", se rappelle Robert. "Quand je suis rentré, la fente était comme ça", ajoute-t-il en montrant un écart de cinq centimètres entre ses doigts. 

L'effondrement a été causé par des travaux effectués sur la voie publique. Plusieurs maisons ont été touchées. Depuis qu'ils ont été forcés de quitter leur domicile, le couple de retraités est relogé dans un appartement aux frais de leur assurance. 

"Après avoir habité ici pendant 60 ans, c'est triste de voir ça et que [le dossier] n'avance pas", se désole Robert en regardant le mur fissuré de sa maison. "On nous laisse en plan !"

Il faut dire que le dossier est complexe car plusieurs parties sont impliquées et personne n'assume la responsabilité de l'accident. "Il y a plusieurs sociétés qui jouent au ping-pong, je crois. On ne sait pas quand ça va se terminer".

"Ça fait mal hein", souffre Renée. "Très mal !", surenchérit Robert.

Et le couple vient d'apprendre une mauvaise surprise. Depuis ce lundi 6 novembre, la commune demande à ce que des barrières soient placées devant la maison. Si ce n'est pas fait, la commune installera elle-même des barrières et facturera 25 euros par jour. 

Une justice lente

Malheureusement pour eux, le délai de trois ans n'est pas surprenant au vu de la situation. Les experts sont trop peu nombreux et leurs agendas sont surchargés. "Vous prenez deux ou trois espacées de trois ou quatre mois et ça fait une année d'expertise", décrit l'avocat spécialisé dans les assurances Bernard Burhin. "Une expertise judiciaire, c'est 15, 16, 20 mois et après ça, la procédure c'est de nouveau un ou deux ans". 

Pour l'homme de loi, la faute est surtout à remettre sur les institutions qui n'octroient pas assez de moyens à la justice : "On est dans la logique judiciaire belge. On n'est pas dans la logique de l'indemnisation qui devrait avoir lieu si on avait un système judiciaire qui était financé avec plus de magistrats et plus d'experts". 

Les assurances ne jouent pas la montre

Côté assurance, on assure qu'il n'y a aucun intérêt à faire durer les procédures. "D'abord, dans l'intérêt de son client, afin qu'il puisse être indemnisé et retrouver la situation comme elle était ou en tout cas une situation similaire à ce qu'il a connu avant le sinistre", rapporte Nevert Degirmenci, porte-parole d'Assuralia, l'association des assurances. 

Et au-delà de l'aspect confort du client, les assurances sont aussi gagnantes financièrement à régler un dossier en vitesse. "Il faut savoir que les prix des matériaux de construction augmentent de mois en mois, surtout en cette période. C'est donc plus intéressant d'indemniser le plus rapidement possible plutôt que d'attendre des mois et que les prix augmentent encore".

Mais la situation étant ce qu'elle est, Renée et Robert vont devoir attendre encore avant de connaitre le dénouement de leur dossier. 

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