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Première tentative de suicide à 7 ans: "J'ai l'impression de ne jamais m'en sortir", confie Yanis, 21 ans et victime de dépressions sévères

"Je fais des tentatives de suicide à répétition" : Yanis souffre de dépression depuis son enfance. Malgré plusieurs séjours dans des hôpitaux psychiatriques, il a le sentiment que sa situation ne s'améliorera jamais. Via le bouton orange Alertez-nous, il nous raconte son quotidien difficile. 

 

 

Yanis n'a pas vécu une enfance comme les autres. Il n'a que 6 ans lorsque des pensées noires viennent hanter son esprit. "J'avais des images envahissantes, des scènes morbides en tête. A l'époque, je n'en parlais pas, car je pensais que tous les enfants ressentaient la même chose", explique-t-il. L'innocence du petit garçon laisse alors place à une souffrance profonde et "sans fin". A 7 ans, il tente de mettre fin à ses jours. Ses parents l'emmènent chez un psychiatre pour tenter de comprendre son geste. Très vite, ils comprennent que leur fils souffre de troubles psychiatriques sévères. "Le spécialiste a dit à mes parents qu'ils ne pourraient jamais me laisser seul et qu'ils devraient toujours dormir à côté de moi", raconte Yanis.

Plus tard, d'autres facteurs tels que la perte de son grand-père, l'incompréhension de ses professeurs ou encore les longs mois confinement ne feront qu'accroître son mal-être. A plusieurs reprises, le jeune homme tentera de s'ôter la vie. "Un jour, j'étais seul à la maison. J'ai pris 120 comprimés de depakine, 40 somnifères et une bouteille d'alcool. Ensuite, j'ai téléphoné aux pompiers pour qu'ils viennent chercher mon corps. Je suis resté dans le coma pendant 3 jours", confie-t-il. Ces gestes désespérés le conduisent dans les couloirs des hôpitaux psychiatriques. 

La seule chose que j'espérais, c'était l'euthanasie pour en finir. C'était l'enfer

Les médecins lui prescrivent plusieurs antidépresseurs pour tenter de stabiliser son état. Il ira jusqu'à prendre 16 médicaments différents. Ses traitements le soulagent dans un premier temps, mais très vite, il s'inquiète des effets secondaires. "Je bavais. Je n'avais plus un regard normal. J'étais tout le temps endormi et je ne savais plus rien faire tout seul", explique le jeune-homme de 21 ans. Physiquement, il ne se reconnaît plus. Il raconte que les traitements entraînent des prises de poids impressionnantes : "je suis passé de 76 kg à 134 kg, je ne me plaisais pas du tout. Les médecins disaient que le plus important, c'était d'être bien dans sa tête". Plusieurs fois, il interpelle les médecins pour diminuer les doses qui lui sont administrées, mais il ne se sent pas écouté. Les psychiatres insistent sur les bienfaits de ces médicaments. "La seule chose que j'espérais, c'était l'euthanasie pour en finir. C'était l'enfer", ajoute-t-il.

Près d'un jeune sur trois souffre de dépression en Belgique 

Aujourd'hui, Yanis aborde son quotidien avec plus de sérénité, mais il peine à trouver un emploi et à s'intégrer dans la société. Selon la dernière étude de Behealth, près d'un jeune sur trois (18 à 29 ans) souffre de dépression en Belgique. Ces chiffres sont révélateurs d'un état de mal-être au sein de la population belge, selon Vincent Dubois, chef du service de psychiatrie adulte aux Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles. La crise sanitaire a entraîné, selon lui, une recrudescence des symptômes dépressifs chez les jeunes. "L'isolement a fragilisé la santé mentale de nombreuses personnes. Les patients qui connaissaient déjà une situation précaire ont vécu des moments particulièrement difficiles", dit-il. 

Quels espoirs pour les patients souffrant de dépression? 

Lorsqu'il évoque la dépression, le spécialiste tient un discours positif. "Aujourd'hui, on a un arsenal thérapeutique qui fait que 70 % des patients s'en sortent. Il n'exclut pas quelques rechutes, mais il indique que la situation évolue favorablement. Il explique que les médicaments ont démontré une certaine efficacité et que leurs effets secondaires sont globalement maîtrisés. L'administration de traitements médicamenteux est parfois trop rapide chez certains professionnels, mais la plupart du temps, il s'agit d'une demande du patient afin d'apaiser temporairement la douleur", poursuit-il. Le docteur rappelle que cette démarche s'inscrit dans un accompagnement multidimensionnel ; le recours à ces produits n'est pas miraculeux et doit être soutenu par un suivi humain et inclure les multiples facteurs à l'origine de l'état d'esprit du patient. 

L'euthanasie, un tabou dans les institutions psychiatriques? 

Le suicide assisté est une réalité aujourd'hui en Belgique, mais, il reste particulièrement complexe selon Vincent Dubois. L'intensité des symptômes en psychiatrie varie fortement selon le moment et l'environnement dans lequel le patient évolue. Dans ce domaine, rares sont les diagnostiques qui condamnent fermement l'avenir d'une personne. On a des situations qui apparaissent désespérées et qui, quelques semaines plus tard, peuvent radicalement s'améliorer suite à un événement ou à une rencontre, affirme le psychiatre. Pour ces raisons, "les psychiatres doivent faire preuve de la plus grande prudence avant de poser un acte tel que l'euthanasie". 

Comment aider des proches dans la souffrance ?

Pour Vincent Dubois, la meilleure façon d'aider des personnes qui traversent des moments difficiles, c'est de créer un environnement de confiance. La plupart du temps, le voyage vers un avenir meilleur est initié par le patient lui-même. Il doit pouvoir se livrer à une personne de confiance, qu'elles soient médecins ou non. Le lien relationnel est très important, précise-t-il. Un environnement sensible permet d'établir une alliance thérapeutique et d'emmener la personne vers un soutien extérieure par la suite, conclut le spécialiste. 

 

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Commentaires

3 commentaires

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  • Quand on lit une réponse comme celle là, on se demande qui doit se faire soigner? Est ce normal de " bien aller" dans une société comme la notre?

  • Tu n'as rien d'autres à faire pour te rendre intéressant ? Suicide toi car ils y a pleins de gens qui ont de vrais problèmes et qui travaillent pour payer des gens comme toi! (Et puis sélection naturelle)

    Germain Rousseau
     Répondre
  • Tu n'as rien d'autres à faire pour te rendre intéressant ? Suicide toi car ils y a pleins de gens qui ont de vrais problèmes et qui travaillent pour payer des gens comme toi! (Et puis sélection naturelle)

    Germain Rousseau
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