Accueil Actu Vos témoignages

"Qui ne serait pas agacé?": Joachim, prof dans le secondaire ET le supérieur, a failli perdre ses congés de Pâques à cause de la réforme

Professeur en secondaire et dans le supérieur, Joachim a eu la mauvaise surprise de constater que plusieurs de ses périodes de congé étaient rabotées cette année, en raison du nouveau calendrier scolaire adopté dans l'enseignement obligatoire. Il ne comprend pas pourquoi cette réforme n'est pas encore appliquée uniformément à tous les niveaux d'étude.

"J'ai perdu la quasi-totalité de mes congés cette année", lance un enseignant, via le bouton orange Alertez-nous. Joachim donne cours en secondaire et dans le supérieur. Et cette année, à l’exception des vacances de Noël, aucun congé ne coïncide tout à fait dans les deux niveaux d’études. Cela concerne en partie les vacances de la Toussaint et de Carnaval: une semaine en plus en secondaire, mais surtout l'entièreté de celles de Pâques. "Quand il y a cours dans le secondaire, il n’y a pas cours en haute école et quand il y a cours en haute école, il n’y a pas cours en secondaire". 

L’intérêt des élèves, c’est aussi d’avoir des profs qui sont en forme

Il souhaite avant tout dénoncer cette situation qu’il juge "absurde": "On se retrouve avec une année qui ne s’arrête jamais, où il n’y a jamais vraiment de pause et c’est très problématique. Il y a toujours un ou deux cours qui tombent au milieu du jeu de quilles".

Le docteur en philosophie enseigne la philosophie politique et sociale dans une haute-école de Charleroi. Il dispense également des cours de religion à l’Institut technique de Namur en cinquième et sixième secondaire. Pour lui, la conséquence principale de ce manque d'uniformisation des congés, c’est "la fatigue qui s’installe, le risque de burn out". Il pointe aussi des difficultés d’organisation, au niveau du rythme et de la qualité de vie.

"Qui ne serait pas agacé quand on lui annonce que d’une année à l’autre, finalement ses congés disparaissent ? Les congés, ce sont aussi des temps de repos nécessaire pour pouvoir donner un enseignement correct et de qualité. Ça ne sert personne d’avoir des professeurs à bout devant leur classe, cela pose des problèmes pédagogiques également au niveau de la qualité de l’enseignement. L’intérêt des élèves, c’est aussi d’avoir des profs qui sont en forme", avance-t-il.

On est constamment obligé de bricoler au niveau de l’organisation

Pour lui, "on n’a pas pensé aux cas particuliers des profs qui enseignent à deux niveaux d’enseignement, on n’a pas pensé non plus aux parents d’élèves qui ont des enfants inscrits en Flandre" et il s’étonne "qu’on mette autant de temps pour harmoniser les rythmes scolaires entre l’enseignement secondaire et supérieur""Cela crée des situations où on est constamment obligé de bricoler au niveau de l’organisation".

A titre personnel, il a pu trouver une solution avec ses deux directions : "Elles sont très compréhensives J’ai pu en parler avec elles et leur expliquer les choses et effectivement on a pu trouver des accords pour repousser certains cours pour avoir au moins un certain nombre de congés qui soient respectés et pour qu’on n’ait plus ce phénomène de décalage Mais, c’est du cas par cas et ça prend du temps"

Joachim considère que cette réforme des rythmes aurait dû être harmonisée dès le départ : entre les différents niveaux d’enseignement mais aussi entre les différentes communautés : "La concertation aurait dû avoir lieu avant de prendre la décision, pour que tout le monde puisse entrer de plein pied dans le même rythme. Ici, on se retrouve encore avec un monde politique qui prend des décisions qui sont problématiques pour les citoyens".

Nous avons exposé le cas de Joachim aux cabinets des deux ministres francophones de l’Enseignement.

Le cabinet de la ministre de l’Education, Caroline Désir, estime qu’une adaptation des rythmes scolaires à tous les niveaux serait une bonne chose, mais rappelle "qu’il n’a pas de prise là-dessus". Il affirme en outre que "de nombreux enseignants trouvent la réforme positive pour les apprentissages"

Du côté du cabinet de Valérie Glatigny, la ministre de l’Enseignement supérieur, on assure qu’un groupe de travail dédié à l’ARES, l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur, se penche sur la réforme du calendrier académique. 

Il est important qu'une réforme d'une telle ampleur récolte d'abord un consensus des acteurs

"Un premier projet de calendrier a été élaboré par ce groupe de travail au début de cette année : celui-ci prévoyait un alignement plus grand entre les congés de l’obligatoire et du supérieur"

Il ajoute que "la phase d’information auprès des acteurs de terrain a fait remonter des difficultés, en particulier pour les universités et la FEF, la Fédération des Etudiants Francophones"

Le travail se poursuit donc mais le cabinet souligne "qu’il est important qu’une réforme d’une telle ampleur, qui ne concerne pas que l’alignement des congés mais bien toute l’organisation de l’année académique : les cours, les examens, récolte d’abord un consensus des acteurs".

À lire aussi

Sélectionné pour vous

Commentaires

2 commentaires

Connectez-vous à votre compte RTL pour interagir.

S'identifier S'inscrire
  • Pourquoi 2 ministres de l'enseignement alors qu'un aurait été amplement suffisant?

    Alain Schmit
     Répondre
  • Une réforme bricolée par une ministre à côté de la plaque qui n'a fait qu'accentuer le déclin de notre enseignement. Ne serait-ce pas voulu , de la part de son parti qui rêve d'un pays où il n'y aurait plus que des incultes face à un gouvernement de gens instruits ? Ce parti n'aime pas la classe moyenne, ce sont des gens dangereux parce qu'ils voient clair.

    roger rabbit
     Répondre