Accueil Actu Vos témoignages

Un amas de boue à la place de la tombe de sa grand-mère: "C'est tout une partie du cimetière qu'on a balancée"

"Un manque de respect et une déshumanisation sans précédent sur un territoire de repos où les défunts avaient le droit de reposer en paix". Nous sommes à Vinalmont (Wanze), dans la province de Liège. Depuis 70 ans, Michèle se rend régulièrement au cimetière où Louise, sa grand-mère, repose.

Edition numérique des abonnés

Mais il y a peu, mauvaise surprise. La sépulture a tout simplement disparu pour laisser place à un amas de terre et de boue. Pour Michèle qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, seuls restes des sentiments de colère et de tristesse : "Je n'aurais jamais imaginé qu'une chose semblable puisse se faire. C'est tout une partie du cimetière qu'on a balancée comme si c'était un terrain industriel désaffecté, la même chose. Alors que ce sont des êtres humains."

Dans les cimetières, on retrouve deux types d'emplacements : d'un côté, les concessions funéraires, soit un emplacement payé par les familles et de l'autre, les champs communs, autrement appelés 'fosse commune'. L'emplacement ne présente aucun coût. Le corps de Louise se trouvait dans la partie "champ commun". "Ces petites tombes étaient l'âme du village, un peu la carte d'identité. Mais voilà, on balance tout." En réalité, la commune a décidé de récupérer son terrain pour réaliser des travaux et faire de la place aux nouveaux venus. Michèle est formelle, elle n'a pas été prévenue de telles manœuvres : "Il n'y avait même pas un avis sur la tombe de ma grand-mère disant qu'elle allait être enlevée." 

La Commune "regrette la situation"

Alors comment expliquer une telle situation? Contact pris avec la commune, celle-ci explique : "Les tombes entretenues et identifiables ont fait l’objet d’une information aux familles. Pour certaines sépultures, datant de plusieurs dizaines d’années, la commune ne disposait pas d’informations d’identification ni de renseignements relatifs aux familles. Une communication a donc été affichée à divers endroits du cimetière (…)  Suite à des contacts avec des citoyens, la commune constate que des familles ignoraient que leurs défunts étaient inhumés dans les champs communs et que ceux-ci pouvaient être repris après minimum 5 ans d’inhumation. La commune regrette cette situation et comprend le désarroi des familles concernées. Elle sera par ailleurs attentive à informer les citoyens de manière plus précise à l’avenir."

Instruction ouverte auprès des autorités compétentes 

Légalement, un emplacement en partie champs commun dure 5 ans. Ensuite, un courrier est envoyé aux familles. La réglementation oblige qu'un avis soit déposé sur chaque tombe pendant au moins un an (deux Toussaints). Après ce délai, sans réaction des proches, les restes des défunts rejoignent les ossuaires. Xavier Deflorenne est coordinateur à la Cellule de Gestion du Patrimoine funéraire (SPW). Il fait savoir: "La grosse difficulté, c'est quand des communes se rendent compte qu'elles n'ont plus fait de rotation de terrain durant des décennies. Elles se retrouvent avec des emplacements de champs communs qui ont 50 voire 70 ans. C'est un véritable problème car la commune ne retrouve pas d'ayant droit et d'un autre côté, les familles elles-mêmes ne sont pas informées du statut précaire de ces emplacements."

Le dossier du cimetière de Vinalmont est à l'instruction auprès du SPW Intérieur et action sociale. De son côté, Michèle a pris conscience qu'il était trop tard pour la sépulture de sa grand-mère. Si elle a décidé de s'exprimer aujourd'hui, c'est pour que cela ne se reproduise plus.  

À lire aussi

Sélectionné pour vous

Commentaires

2 commentaires

Connectez-vous à votre compte RTL pour interagir.

S'identifier S'inscrire
  • Et où sont mis les ossuaires?

    Hélène Mommer
     Répondre
  • En France lorsque un emplacement , qui donne des signes d'abandons il y a une petite pancarte en plastique qui signale de contacter la mairie que cet emplacement va être repris ;...Informer ce serait la moindre des choses

    Jean CARLIER
     Répondre