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Combats au sol et raids aériens se sont intensifiés lundi autour de Hodeida, port stratégique du Yémen, mais la coalition sous commandement saoudien en guerre contre les rebelles a assuré ne pas chercher l'escalade.
La coalition intervient depuis 2015 au Yémen pour rétablir à Sanaa le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Ryad. Les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, restent maîtres de la capitale Sanaa et de vastes régions du nord et de l'ouest de ce pays pauvre de la péninsule arabique.
En soirée, les combats se sont poursuivis mais avec une moindre intensité, selon des sources militaires.
Plus tôt dans la journée, des responsables des forces progouvernementales yéménites ont affirmé que les troupes engagées sur plusieurs fronts avaient essayé de progresser dans des banlieues de la ville méridionale de Hodeida vers le nord pour couper la principale voie d'approvisionnement des Houthis.
Ils ont fait état de raids aériens intensifs de la coalition sur des cibles rebelles, alors qu'une source de la coalition a assuré qu'il ne s'agissait pas "d'opérations offensives" pour reprendre le port par où transitent près des trois quarts de l'aide humanitaire entrant au Yémen.
Les combats n'en sont pas moins meurtriers.
Selon des médecins de Hodeida, les corps de 74 rebelles ont été transportés dans deux hôpitaux de la ville ces dernières 24 heures. Et 15 combattants progouvernementaux ont été tués, selon des sources médicales gouvernementales.
Le personnel de Save the Children à Hodeida a fait état d'une centaine de raids au cours du week-end, selon l'organisation humanitaire.
"Cette sérieuse escalade pourrait mettre des dizaines de milliers d'enfants dans la ligne de feu et étouffer davantage la distribution de vivres et de médicaments dans un pays où nous estimons que la faim extrême et la maladie tuent en moyenne 100 enfants par jour", a-t-elle averti.
- "Précipice" -
Depuis jeudi dernier, des combats et des raids aériens sont signalés dans la région de Hodeida, où les forces progouvernementales ont acheminé d'importants renforts.
Il s'agit seulement de déploiements pour "protéger nos troupes et élargir les périmètres de sécurité dans certaines zones", a déclaré une source de la coalition, dont l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis sont les piliers.
Elle a affirmé, sous couvert de l'anonymat, que la coalition "soutient fermement" les efforts de l'ONU pour relancer les négociations de paix.
Vendredi, le patron de l'ONU Antonio Guterres a appelé à l'arrêt "immédiat" des violences pour éviter que le Yémen, où la moitié de la population est en situation de pré-famine, ne tombe dans un "précipice".
Le médiateur de l'ONU Martin Griffiths a lui exhorté les belligérants à revenir à la table des négociations en vue de trouver une solution politique dans ce pays, théâtre de la pire crise humanitaire au monde selon les Nations unies.
"La coalition est engagée à faire baisser les hostilités au Yémen", a affirmé la source de la coalition, tout en ajoutant: "si les Houthis ne se présentent pas à des pourparlers de paix, cela pourrait conduire à une reprise de l'offensive sur Hodeida".
Dans le camp rebelle, un haut responsable politique, Mohammad Ali al-Houthi, a appelé à "la résistance" en affirmant que "l'escalade est la preuve de l'imposture des Etats-Unis".
- MBS au chevet des soldats -
Le 30 octobre, alors que l'Arabie saoudite était sur la défensive après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul, les ministres américains des Affaires étrangères Mike Pompeo et de la Défense Jim Mattis ont appelé à un cessez-le-feu au Yémen et à l'ouverture de négociations sous 30 jours.
Mais selon le centre d'analyse Soufan, l'administration de Donald Trump, un allié de Ryad, fait beaucoup de "bruit" sous la pression du Congrès et les "actions concrètes" se font attendre.
Londres a appelé ses partenaires au Conseil de sécurité de l'ONU à agir rapidement pour promouvoir une solution politique au Yémen, pays qualifié d'"enfer sur terre" pour les enfants par l'Unicef.
La guerre au Yémen a fait quelque 10.000 morts selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais des responsables humanitaires estiment que le bilan réel des victimes est bien plus élevé.
En Arabie saoudite, l'agence officielle SPA a rapporté la mort durant la semaine écoulée de six soldats saoudiens "près de la frontière méridionale", sans préciser les circonstances ou le lieu exacts de leur décès. Le sud saoudien est frontalier du Yémen.
Selon SPA, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, a rendu visite lundi à des soldats hospitalisés à Ryad. Des photos fournies par SPA montrent le prince Mohammed, dont l'image a été ternie par l'assassinat de Jamal Khashoggi, prenant des selfies avec des soldats et les enlaçant.