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Halte-là jeune homme, ce n’est pas encore fait, on est encore qu’au stade des préliminaires, mais on en parle quand même: la fusion possible entre Delhaize et autre poids lourd de la distribution, le groupe néerlandais Ahold.
Qui est ce groupe Ahold qui pourrait fusionner avec Delhaize ?
Le clone hollandais de Delhaize ou presque! Le 27 mai 1887, Monsieur Albert Heijn a ouvert une épicerie au nord d'Amsterdam. Celle-ci s’est progressivement étendue dans tout le pays, rentre en bourse en 1948 et devient la première chaîne d'épicerie hollandaise. Devenu Ahold en 1973, le groupe s’étend dans les années 1970 par des acquisitions de chaînes en Espagne, au Portugal et aux États-Unis. Puis en Amérique latine, en Asie et dans les pays d’Europe centrale. Bref, une histoire très proche de celle de Delhaize. Si ce n’est qu’Ahold pèse plus lourd à tous les niveaux que notre célèbre enseigne belge.
Est-ce que cette fusion serait une bonne décision stratégique et pourquoi ?
C’est un secteur où les marges sont très petites, c’est un secteur très concurrentiel, c’est donc un secteur où la taille et l’efficience sont déterminants. Delhaize, n’est pas si efficient que cela, on l’a vu, raison pour laquelle le groupe subit pour l’instant une restructuration. Ahold peut apporter la taille, l’efficience, mais aussi un savoir-faire dans le développement de l’e-commerce, réussi par Albert Heijn. Enfin, les deux groupes sont presque parfaitement complémentaires, que ce soit en Belgique, en Europe ou aux Etats-Unis. Fusion logique donc, prévisible.
C’est ce que pensent également les marchés financiers ?
Oui, puisque dès lundi, l’action des deux groupes a fait un fort bond, plus encore celle de Delhaize que celle d’Ahold. Les analystes hollandais estimaient hier que les hollandais pourraient payer une prime de 30% sur les actions Delhaize. Notons tout de même que cela va signer la dilution de l’actionnariat familial, caractéristique historique du groupe Delhaize.
Est-ce que cela va créer un poids lourd du secteur ?
Oui. Dans les 5 premiers aux Etats-Unis, numéro 1 potentiel en Belgique, top 3 en Europe.
Est-ce que l’enseigne Delhaize pourrait disparaître ?
Non, je ne le pense pas. Delhaize est la 16ème marque préférée des belges et, même si elle est en perte de vitesse, elle représente une partie de la valeur de l’entreprise. Donc votre Delhaize du coin de la rue ne va probablement pas changer de nom.
Est-ce que les syndicats ont raison d’être très fâchés ?
Oui et non. Oui, parce que Delhaize a toujours cité Albert Heijn comme l’épouvantail justifiant en partie la restructuration qui a coûté 1.800 emplois. Oui également car cela risque quand même de coûter quelques emplois redondants. Oui enfin car ils sont tenus à l’écart, ce qui est pourtant parfaitement logique si l’on veut faire réussir l’opération. Ils ont tort par contre car cette fusion donnerait un véritable futur à l’entreprise et à ses travailleurs !
