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Procès Wesphael: qui était vraiment Véronique Pirotton, une femme à double facette connue du parquet de Liège ?

L'enquête de moralité réalisée sur la personnalité de Véronique Pirotton a été présentée ce mercredi à la cour d'assises du Hainaut par le policier liégeois qui s'en est chargé. La victime est une dame à double facette qui était concernée dans quatorze procédures ouvertes au parquet de Liège, notamment pour des faits d'alcoolisme et de tentatives de suicide. Néanmoins, ses proches ne la décrivent pas comme une femme alcoolique, dépressive et suicidaire. C'est un personnage complexe qui a été présenté.

Dans le cadre de son enquête, ce policier a rencontré de nombreuses personnes qui lui ont parlé de Véronique Pirotton, décédée le 31 octobre 2013 dans la chambre 602 de l'hôtel Mondo à Ostende, à l'âge de 42 ans. Elle a passé son enfance chez ses grands-parents en région liégeoise car ses parents s'étaient séparés. Elle a eu une enfance normale et elle a réussi ses études primaires et secondaires, option latin-langues. En 2010, la victime a déposé plainte pour viol contre un ancien professeur de religion. Les faits auraient eu lieu vingt ans plus tôt et duré quatre ans. L'épouse du professeur et l'école ont fait aussi l'objet de cette plainte, qui a été classée sans suite, tant sur le plan scolaire que judiciaire.

Véronique Pirotton a décroché une licence en journalisme à l'Université libre de Bruxelles. Après une carrière de journaliste au sein de RTC, la télévision communautaire de Liège, dont le patron l'a qualifiée de "consciencieuse", elle a ensuite été chargée de communication dans une intercommunale. "Sa carrière y est scindée en deux, la première partie lui est favorable puisqu'une place de responsable de la gestion des ressources humaines lui était promise. Mais ce poste lui a échappé et son étoile a commencé à palir", a commenté le policier.

Véronique Pirotton est devenue impulsive et a connu des problèmes de santé. "Elle a eu le sentiment d'être sabotée et elle a déposé deux plaintes pour harcèlement, en interne, contre deux directeurs." Malheureuse dans son travail, la victime a commencé à changer. Elle a eu quatre relations sentimentales officielles. La première était avec un architecte, qui déclare qu'elle n'a jamais présenté le moindre problème avec l'alcool. Enceinte, elle a perdu un enfant et elle l'a mal vécu. En 1997, elle rencontre son premier mari, Konstantinos, en Grèce. Le couple aura un fils, Victor. Cet homme a évoqué la fragilité de Véronique en raison du contexte familial. Il parle d'un état dépressif dans son chef, d'une propension à boire et se dit victime d'une infidélité. Le couple s'est séparé en 2002 et elle aurait mené une vie un peu dissolue.

En 2007, elle entame une liaison avec le psychologue Oswald D., rencontré sur un site de rencontres. Leur liaison dure quatre ans mais chacun vivait de son côté. L'intéressé a été entendu en 2014 et parle de Véronique Pirotton "comme la juxtaposition d'une femme forte et d'une femme fragile", et qu'elle pouvait se montrer "cinglante" quand elle avait bu. Selon lui, elle n'était pas suicidaire. La relation a pris fin en décembre 2011 mais les deux amants ont ensuite renoué contact.

Enfin, elle rencontre Bernard Wesphael en mai 2012 et tous deux se marient trois mois plus tard en Italie. Le couple se disputait cependant souvent et Véronique Pirotton renoue le contact avec Oswald. Elle fait part à son entourage de sa déception dans sa vie commune avec l'accusé quant à sa participation dans le ménage, ses absences courantes et son attitude vis-à-vis de Victor qu'il aurait monté contre sa mère. La victime souhaite alors se séparer de Bernard Wesphael.

Véronique Pirotton avait un casier vierge mais elle était concernée dans quatorze procédures ouvertes au parquet de Liège -dont sept où elle était plaignante- pour ivresse sur la voie publique (2005), tentative de suicide sous influence de médicaments et d'alcool (2007), scène de coups et blessures entre son amant et son "sex friend" (2011), plainte de son premier mari, qui craint pour la vie de son fils en raison de ses problèmes de dépression et d'alcool (2012), accidents de roulage avec dégâts matériels sous influence (2012, 2013) et une nouvelle tentative de suicide par prise de médicaments (2013) alors qu'elle était mariée avec Bernard Wesphael. Ce dernier confiera à la police qu'il ne s'agit pas de sa première tentative, ce qui a été confirmée par son premier mari et sa tante. Au total, elle a déposé plainte contre son premier mari Konstantinos (2005 et 2012), contre Oswald (2012), contre son ancien "sex friend" Francis (2012) et contre la maman du fils de Bernard Wesphael (2013).

En conclusion, Véronique a été décrite intelligente, cultivée, passionnée de lecture, reconnue pour ses capacités de rédaction, femme qui a du caractère et une forte personnalité, une belle femme qui séduisait, une personne qui avait une double facette, à la fois battante mais aussi fragile et sensible. De manière générale, elle n'est pas considérée comme une femme dépressive mais qui pouvait être réservée, taiseuse et secrète. Elle n'est pas considérée comme une alcoolique. Selon la majorité des témoins, elle n'aurait jamais abandonné son fils. 

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