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Birmanie: la junte est dissoute, ses pouvoirs transférés à un nouveau président

La junte birmane a été dissoute mercredi et ses pouvoirs transférés à un nouveau président, a-t-on appris de sources officielles, laissant supposer que le généralissime Than Shwe, homme fort du pays depuis 1992, avait quitté ses fonctions.

Thein Sein, Premier ministre sortant et ex-général, a été intronisé président au cours d'une cérémonie au parlement. Le général Min Aung Hlaing, 54 ans, a assisté à la cérémonie en tant que commandant-en-chef des armées, poste occupé par Than Shwe.

"On ne sait pas encore s'il a déjà pris ses fonctions", a ajouté un responsable birman, témoignant du flou qui demeure depuis plusieurs jours sur l'avenir de celui qui a dirigé le pays d'une main de fer, et dont peu d'observateurs imaginent qu'il va tout simplement quitter la scène politique.

En revanche, le Conseil d'Etat pour la Paix et le Développement (SPDC, nom officiel de la junte) a disparu, cédant le pouvoir aux nouvelles institutions "civiles" issues de la Constitution de 2008 et des élections législatives de novembre.

"Dès lors que le nouveau cabinet a pris ses fonctions, le SPDC a été officiellement dissous", a indiqué la télévision gouvernementale en citant un ordre signé de Than Shwe lui même.

Le scrutin de novembre a permis au Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP) d'obtenir une écrasante majorité au parlement, la junte pouvant ainsi revendiquer sa mutation en un régime civil tout en conservant le contrôle du pouvoir.

Les analystes expliquent cependant depuis plusieurs semaines qu'au totalitarisme d'un seul homme va succéder un régime autoritaire dont le pouvoir sera réparti entre plusieurs mains, au sein des pouvoirs législatif et exécutif, du parti politique créé par la junte, et de l'armée.

Mercredi matin, les symboles administratifs de la junte sortante ont commencé à être démontés dans les rues de Rangoun, témoignant d'un processus en cours dans tout le pays, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les bureaux du Conseil pour la Paix et le Développement, en référence au SPDC, ont été renommés "Départements généraux administratifs".

Le Premier ministre Thein Sein, ancien officier supérieur de l'armée âgé de 65 ans, avait été désigné président en février par un comité composé de parlementaires issus des élections de novembre, et de militaires nommés par la junte au sein de l'enceinte législative.

Les Occidentaux ont dénoncé jusqu'à présent une mascarade destinée à légitimer des militaires qui se sont succédé au pouvoir dans le pays depuis 1962.

La libération, quelques jours après les élections, de la célèbre opposante Aung San Suu Kyi après sept années de résidence surveillée a pourtant relancé le débat sur la pertinence des sanctions, alors que des appels à leur levée sont venus de plusieurs partis d'opposition.

La lauréate du prix Nobel de la paix ne s'est pas jointe à ces appels. La Ligue nationale pour la Démocratie (LND), son parti dissous et totalement écarté du processus électoral, a plaidé pour leur maintien. Mais elle semble de plus en plus isolée.

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