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Un fleuriste bruxellois répond par l'humour à un jet de cocktail Molotov dans son commerce: "On ne règle rien avec la violence"

C'est un joli pied de nez que Laurent, le fleuriste bruxellois victime d'un jet de cocktail Molotov début mars, fait à ses agresseurs. Lorsque le gérant a rouvert le @Flower Attitude, trois semaines après les violents actes de vandalismes perpétrés contre son commerce, il a voulu répondre par un trait d'humour. "Pour la réouverture du magasin, on a affiché de grandes illustrations exprimant un message d'humour, sympathique, pour dire stop à la violence. On a voulu montrer que nous n'étions pas intimidés et que nous n'avions rien à nous reprocher", explique-t-il. C'est d'ailleurs un passant agréablement surpris qui nous a contactés via notre page Alertez-Nous, pour nous parler de cette initiative.

Les affiches montrent une fleur sortant d'un cocktail Molotov et qui "fait la tête", selon Laurent, à côté d'une autre fleur tout sourire dans une bouteille remplie d'eau. "Ce n'est pas avec la violence qu'on résout quoi que ce soit. Nous sommes pacifiques... Nous vendons des fleurs", rappelle-t-il.





Blanbec, son ami artiste, lui propose un logo positif

Cette illustration est née au détour d'une conversation tenue avec un ami: un artiste bruxellois, surnommé Blancbec. Touché par le sort du fleuriste, cet artiste contemporain a proposé de mettre en image l'émotion ressentie par le gérant du @Flower Attitude. "Je lui ai proposé un croquis, un peu pour rigoler, raconte Blancbec. Et Laurent a trouvé l'idée super sympa. J'ai donc bénévolement préparé des logos pour la réouverture du commerce. Tout est parti d'un petit dessin, comme ça. C'était ma façon de le soutenir".



L'attitude positive a directement touché les clients et habitants du quartier. "Le message est simple : il s'agit d'un regard vers le futur. Le fleuriste continue à vendre ses fleurs, malgré la violence subie", poursuit l'artiste. "Il fallait pouvoir communiquer avec les clients, les passants, le voisinage pour montrer que nous n'étions pas apeurés, ajoute Laurent. Nous avons subi un acte crapuleux, mais nous sommes toujours là". Il faut dire que tous avaient été très choqués par cet acte de vandalisme ayant provoqué un début d'incendie. Après les faits, de nombreux clients ou sympathisants avaient laissé des mots d'encouragement sur la porte d'entrée. "Ils avaient peur qu'on ferme le commerce", se souvient le fleuriste.





"Le jet d'un cocktail Molotov est d'une violence inouïe"

Laurent l'admet, en 13 ans de carrière dans le commerce des fleurs, il n'avait jamais vu cela. "C'est la première fois que nous sommes victimes d'un acte si violent de vandalisme, affirme le fleuriste, installé rue Antoine Dansaert depuis 7 ans. Sur place, c'était l'incompréhension totale. Une vitrine abîmée par un jet de pavé, des griffes, des tags, cela arrive fréquemment. C'est le quotidien des grandes villes. Mais le jet d'un cocktail Molotov, est un geste d'une violence inouïe".

Le gérant se souvient. "C'était le 2 mars, il était 5h du matin. Nous avions reçu un appel de la centrale d'alarme disant qu'il y avait une intrusion dans le magasin. La police et les pompiers sont rapidement arrivés sur place. C'aurait pu être grave: il y a une vingtaine d'habitations aux étages supérieurs de l'immeuble. Heureusement, personne n'a été blessé".



Les fleurs et les plantes sentaient l'essence: "C'était comme à la pompe"

Après les faits, il a fallu constater les dégâts. "Il y avait de la suie noire et grasse partout", raconte le fleuriste. Même la société spécialisée en incendie, venue nettoyer le magasin, a eu du mal. "Ils pensaient qu'un simple nettoyage à l'aide de leurs produits allait suffire, mais non. Il a fallu tout refaire dans le magasin, car les murs étaient imprégnés de différentes substances. Nous avons dû tout repeindre et refaire une partie du système électrique qui avait été endommagé par l'incendie".

Sans compter les dégâts causés à la marchandise entreposée dans le magasin. "Les vases et pots, les plantes et fleurs, tout était couvert de suie noire et imprégné de l'odeur d'essence utilisée pour le cocktail Molotov. C'est comme si les articles avaient absorbé l'odeur: ça sentait la même chose que dans une pompe à essence. Vous pensez bien que des fleurs qui sentent l'essence sont invendables..."

Le magasin a dû rester fermé pendant trois semaines. Résultat: beaucoup de commandes ont été refusées. "Nous avons redirigé nos clients vers d'autres fleuristes. Mais grâce à une bonne assurance et un bon expert, on a pu réaliser rapidement un chantier qui aurait pu prendre deux mois. L'assurance couvre tous les dommages encourus", se réjouit-il.

Pourquoi cette agression? "Aucune idée"

Près d'un mois après les faits, Laurent n'a toujours aucune information sur l'identité des agresseurs ou le motif de leur geste. "Je n'en ai aucune idée, vraiment. Nous sommes bien implantés, nous avons de bons contacts avec tout le monde, les commerçants, les habitants. Avec nos plantes disposées à l'extérieur du magasin, nous égayons à notre façon la célèbre rue Antoine Dansaert", dit-il.

Joint par notre rédaction, le parquet de Bruxelles, en charge de l'affaire dit ne pas avoir de nouvelles informations à nous communiquer. "L'enquête est en cours", précise-t-on.

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