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"J'ai vu rouge, j'étais en colère": Accusée de meurtre, Sandrine De Hollander raconte sa descente aux enfers

Sandrine De Hollander a détaillé son parcours de vie lundi, lors du premier jour de son procès devant la cour d'assises du Hainaut. Après une enfance difficile et une adolescence chaotique, elle avait retrouvé une certaine stabilité auprès du père de ses deux enfants. Après leur séparation, en 2003, ce fut la descente aux enfers. Accro aux drogues dures, elle a multiplié les délits avant de commettre un crime, le 21 août 2016.

Sandrine De Hollander est née à Mouscron le 30 novembre 1976. Elle est la dernière d'une famille comptant quatre filles. Ses parents lui ont donné le prénom de leur deuxième enfant, décédée en janvier 1976 à l'âge de 5 ans dans un accident devant son école. "J'ai toujours été assimilée à elle, je portais ses vêtements, je voyais mon nom au cimetière. Mes soeurs racontaient qu'un ange était venu rendre à ma maman sa petite fille. J'ai essayé d'atteindre sa perfection mais ce ne fut pas facile", a souligné l'accusée.

Le père était alcoolique et la mère froide, distante et volage. "Papa était violent quand il avait bu. Ma mère n'était pas souvent à la maison, elle n'était pas présente, ni aimante vis-à-vis de ses enfants. Ma grand-mère, qui vivait à la maison, s'occupait de nous." Sandrine De Hollander dit avoir été enceinte de son beau-père à 15 ans et contrainte d'avorter aux Pays-Bas. Une plainte pour viol a été déposée, mais elle fut classée sans suite. "Au début, cela se passait bien, il aimait bien voyager.

Très vite, j'ai remarqué qu'il avait beaucoup d'affinités avec l'une de mes soeurs. Quand (elle) s'est mariée, il s'est tourné vers moi. Il débarquait dans ma chambre en slip et se couchait dans mon lit. Il a abusé de moi, régulièrement, dès 14 ans jusqu'à 16 ans. Je suis tombé enceinte de mon beau-père et j'ai dû me faire avorter dans des conditions un peu glauques. Ma mère et mon beau-père m'ont déposé comme une valise devant l'hôpital et j'ai dû me débrouiller. Ma mère m'a complètement reniée."L'accusée avait été une bonne élève jusque là. "J'ai dérapé à cette période-là. Tout prétexte était bon pour éviter mon beau-père. Je sortais beaucoup en discothèque. Un soir, sous influence d'ecstacy et de LSD, avec quelques amis, on a menacé mon beau père et on a volé sa voiture."


"Après mon second enfant, j'ai mal vécu un autre avortement"

Elle a décroché un diplôme paramédical et un brevet de gestion de l'entreprise. Elle a rencontré le père de ses deux enfants, duquel elle s'est séparée en 2003. "Il avait déjà deux enfants, je voyais en lui une image paternelle. Il gérait une maison de repos et j'ai trouvé une bonne stabilité chez lui, ce qui m'avait manqué jusque là. Après mon second enfant, j'ai mal vécu un autre avortement. Je me suis sentie seule, incomprise et notre couple n'a pas tenu. Il travaillait beaucoup, je me sentais un peu seule." Sandrine De Hollander travaillait à l'époque comme esthéticienne dans un centre de beauté à Mouscron.

"J'avais perdu mes repères et j'avais du mal à m'en sortir. J'ai commencé à ressortir et les vieux démons ont ressurgi." La descente aux enfers a commencé en raison de ses mauvaises fréquentations avec des vendeurs de drogues ou consommateurs, dont Steve S., toxicomane notoire. "Je consommais de l'héroïne, je me suis retrouvée à la rue et je suis allée travailler dans un bar à hôtesses durant trois ou quatre mois. Je n'avais plus de domicile et j'ai rencontré Steve en me rendant à Herseaux pour acheter de la drogue."


"J'ai pris un couteau et j'ai frappé"

Afin de financer sa consommation de drogues, l'accusée a commis des vols dans des magasins: nourriture, champagne, etc. Elle a été condamnée à une peine de travail pour l'agression d'une octogénaire à Herseaux (Mouscron). "Dans ces cas-là, on devient des animaux, on ne réfléchit plus. Aucune main ne m'était tendue pour me sortir de là." Le 21 août 2016, Alain Broutin l'avait accueillie chez lui pour discuter. Elle prétend qu'il a souhaité un massage contre 30 euros et qu'il a voulu aller plus loin mais, comme il n'avait pas d'argent, elle a voulu prendre sa tablette.

"Je me suis emparée de sa tablette et il a très mal réagi. Il n'était pas d'accord. Il a tenté de me la reprendre. On s'est accroché et cela a mal tourné. Je me suis dégagée, j'ai entrouvert un tiroir à couverts. J'ai pris un couteau et j'ai frappé. J'ai vu rouge, j'étais en colère", a-t-elle déclaré lundi matin. Accusée d'un meurtre pour faciliter un vol, l'accusée prétend qu'elle a eu l'idée de voler la télévision et la tablette de la victime après l'avoir tuée. 

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