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Pourquoi le gouvernement a-t-il ciblé la culture dans ses nouvelles mesures? "C'est le fruit d'un marchandage politique"

Les nouvelles mesures Covid à l’issue du Codeco ont fait l’effet d’une bombe dans le monde culturel ce mercredi. Les cinémas, théâtres et événements culturels devront à nouveau fermer leurs portes dès ce dimanche. Ces décisions ne reposent pas sur les recommandations du GEMS, groupe d’experts pour le coronavirus. Mais alors, pourquoi les politiques les ont-elles prises ? Ce qu’on voit avec notre responsable politique RTL INFO, Antonio Solimando.

La confiance est rompue entre le monde de la culture et le gouvernement. Une nouvelle fois, les mesures Covid ciblent ce secteur, déjà lourdement en difficulté à cause de la crise sanitaire. Dès ce dimanche 26 décembre, théâtres, cinémas et autres événements culturels seront à nouveau interdits. Ces restrictions ne faisaient pourtant pas partie des recommandations immédiates du GEMS, le groupe d’experts pour le coronavirus. Elles ne reposent donc sur aucune base scientifique. Mais alors, pourquoi les politiques les ont-elles prises ?

Parce que c'est le fruit d'un marchandage politique, très clairement. Et c'est comme ça à chaque fois ! Ce marchandage – autrement dit, cette petite négociation politique – sur des symboliques, sur qui y perd électoralement… Il a lieu et il est finalement toujours prédominant sur les aspects plus scientifiques des choses. Puis, il faut un équilibre entre les partis de gauche et les partis de droite, les partis du Nord et les partis du Sud au sein de la table. Il faut aussi un équilibre entre la culture, l’Horeca ou les fêtes de fin d’année… Vous l’avez entendu, c’est toujours un choix extrêmement cornélien.

Ont-ils alors choisi quelque chose qui est plus politiquement assumable plutôt que de fermer les restaurants ?

C’est peut-être ici qu’est l’erreur des politiques hier, c’est d’avoir probablement totalement sous-estimé l'impact que la fermeture de la culture allait avoir sur la population. C’est cette toile qu'on va avoir avec les enfants parce que ce sont les congés scolaires en fin d'année, c'est le spectacle de fin d’année… Ce sont généralement des spectacles extrêmement courtisés. Ils ont probablement sous-estimé ça. Et plus, il y a une erreur de communication, c’est-à-dire que la plupart du temps, on a des signes avant-coureurs. Avant le Comité de concertation, on sait plus ou moins vers quoi on va. Cette fois-ci, les politiques n’ont peut-être pas assez fait fuiter ce qui se tramait et n’ont pas préparé l’opinion publique à cette décision choc.

Mais en jouant à ce petit jeu du marchandage politique, qui n’est même plus caché aujourd’hui, les politiques jouent également avec l’adhésion des citoyens ?

Oui, on parlait de la base scientifique même des décisions, on a toujours du mal à comprendre quels sont les vrais lieux de contamination. Les études ne sont pas communiquées de façon transparente par rapport à ça, ce qui devrait finalement motiver les décisions de fermeture. Il y a ce yoyo permanent entre les mesures, ce qui déboussole très clairement la population belge. Il y a le passé avec, notamment, le dernier comité de concertation convoqué pour de mauvaises raisons. Cela attise à nouveau la méfiance. Et le dernier point, c'est ce que demandent les citoyens. On l'a vu, par exemple, dans un grand baromètre précédent. Ils demandent une consultation des Parlements par rapport aux décisions qui sont prises. Alors que les gouvernements continuent d'être seuls maîtres à bord. Il y a une consultation dans la nouvelle procédure – la loi pandémie – qui est prévue mais qui a lieu une fois par mois et une fois que les mesures sont déjà d'application. Et les députés ne sont même pas soumis au vote sur ces différentes mesures donc finalement les Parlements – qui sont les vrais représentants du peuple – n'ont pas droit au chapitre dans cette histoire face aux députés. Cela renforce le problème de légitimité des mesures.

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