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JO-2024: le break est bien dans le 'game'

"C'est breaking, pas breakdance !": Ils sont hypermotivés, les danseurs de Hip Hop, invités aux Jeux olympiques à Paris en 2024. Les critiques, le mépris, ils s'en amusent.

Réunis à Lyon, pour l'un de leur gros rendez-vous, le RedBull BC One France, les danseurs de break ont fait leur show, un mois après l'invitation olympique. Aux propos les dénigrant, ils balancent: +viens faire une battle contre moi et on verra si on n'a pas notre place aux JO !+

"Je ne prête pas attention à ce que les gens disent, ce sont des ignorants. C'est ce même genre de personnes qui dit ça aujourd'hui et quand ce sera aux JO, qui dira: ah mais c'est trop bien !", rétorque Sarah Bee, qui a remporté la finale du BC One après un battle (duel) de feu face à la B-girl (athlète de break) L'Abeille, dans le tout nouvel espace artistique de Lyon, Les Halles du Faubourg.

Cette femme tonique de 29 ans à la chevelure rouge flamboyant est plutôt "pour" la présence de sa discipline aux Jeux tant que les choses sont bien faites. A commencer par l'appellation: "C'est le breaking, c'est pas la breakdance !"

- Mépris -

Né aux Etats-Unis dans le quartier du Bronx au début des années 70, cette danse est l'une des sphères de la culture Hip Hop. A l'époque les media américains ont parlé de 'breakdancing', adapté en France en 'breakdance', ce qui "sonne totalement faux au sein de la culture Hip Hop", explique Mounir, superstar du break depuis 20 ans, consulté pour le dossier olympique et désormais ambassadeur pour les Jeux en 2024.

"Aux jeux Olympiques, ce sera breaking. Aujourd'hui, aux Etats-Unis, on parle de breaking. Nous-mêmes en France à l'intérieur de la communauté, on parle pas de breakdance mais de break", poursuit Mounir, pas surpris des réactions parfois rudes envers les siens.

"On s'y attendait, c'est quelque chose qu'on côtoie depuis le début, y a un mépris d'une certaine catégorie de la population mais nous on s'est toujours nourri de ce mépris-là pour en faire une force. Qu'on soit à la limite parfois de l'insulte, de l'injure, oui je l'ai entendu mais ça reste très minime. Lorsque 2024 sera passé, il deviendra évident aux yeux du monde que le break a non seulement sa place aux JO mais n'en sortira plus jamais", affirme-t-il.

L'effet JO a déjà fait son œuvre: les Halles du Faubourg étaient pleines à craquer, entre aficionados et public curieux, venu découvrir en famille un art qui a fait beaucoup parler de lui ses dernières semaines.

- Clichés -

Lilou, double champion du monde, a "tout entendu !"

"Je n'ai pas été blessé, ça me fait rire. En 20 ans de carrière j'en ai entendu dans tous les sens", dit-il.

"Fais juste l'équilibre pendant 3 secondes. Nous, on est en équilibre, on saute sur une main et on se retourne dans tous les sens. J'ai cassé toutes les parties de mon corps jusqu'à avoir une tumeur au pied. Alors quand on dit: 'c'est pas un sport, c'est de la merde', tiens prend toutes mes semaines d'hospitalisation !", répond le danseur professionnel.

Son combat, c'est aussi de lutter contre les clichés, lui qui vient d'un quartier et qui bosse en survêt, baskets et casquette.

"On va enfin montrer au large public que ce n'est pas une sous culture. Ce sont des artistes, des athlètes, qui s'entraînent, qui bossent avec les plus grandes marques", relève Lilou, âgé de 35 ans.

Carlota, elle, n'a que 16 ans, et n'en revient toujours pas des remarques que lui ont fait des jeunes de son âge.

"A toutes ces personnes-là, je leur ai dit: mais viens faire un battle contre moi, viens assumer tes propos, viens danser et me dire que ce que je fais c'est pas difficile", glisse tout en douceur Carlota, blessée mais encore plus déterminée.

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