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Yotis n'aimait pas lire, il écrit désormais des livres qui passionnent les enfants: découvrez son histoire

Yotis est devenu écrivain, un peu malgré lui. "A la base, je n'aime pas lire et je n’aime pas écrire", nous lance de but en blanc ce Bruxellois de 34 ans. Mais les épreuves de la vie l’ont amené à imaginer un univers fantastique, peuplé d’empereurs romains et de dieux grecs. Car l’histoire et la mythologie l’ont toujours passionné. L’adolescent qui n’aimait pas lire s’est alors mué en un écrivain soucieux de transmettre. Un OVNI dans le monde littéraire, qui connaît un succès grandissant avec sa saga "Kaos Genesis".

Une musique l’envoie "dans un autre monde"

A la fin de ses études secondaires, Yotis perd un ami proche. "Tout est devenu noir. Je n’ai plus parlé pendant des mois, d’ailleurs j’ai raté mon année". Ses proches tentent tant bien que mal de communiquer avec lui. Un soir, sa mère l’invite à la rejoindre dans le salon pour regarder la retransmission d’un concert de musique classique. Il s’installe sans conviction, sans savoir que ce moment va changer sa vie. "Quand le concert était fini, je suis monté dans ma chambre, je me suis allongé comme d’habitude, en regardant le plafond, et là, tout a commencé. La musique était encore dans ma tête. Et ce monde noir a commencé à prendre des couleurs très vives. Cette musique m’avait vraiment envoyé dans un autre monde".

Le lendemain, Yotis se précipite chez un disquaire afin de retrouver l’album en question. Le vendeur l’aide à retrouver les références : il s’agissait de "Tribute", du compositeur grec Yanni. "Je suis rentré dans ma chambre et je l’ai mis en boucle". Le jeune homme reste pendant de longs jours cloîtré dans ces murs, ce qui suscite à nouveau l’inquiétude de ses proches, mais recommence à parler, et explique ce qu’il imagine à ses amis qui viennent lui rendre visite. Il leur décrit un nouvel univers qui s’offre à lui : à l’écoute de cette musique, les histoires se bousculent dans sa tête.

Victime d’une balle perdue, il se rend compte qu’il aurait pu y passer

Ses proches l’encouragent à prendre la plume, mais les années passent, et il ne se décide jamais à le faire. L’élément déclencheur prendra la forme d’un tragique accident, le 16 mai 2002. Alors âgé de 21 ans, Yotis est victime d’une balle perdue lors d’une fusillade dans le centre de Bruxelles. "Ma vie bascule. A mon réveil à l’hôpital, je me rends compte de beaucoup de choses. J’ai alors deux obsessions : la première, c’était vraiment de profiter de la vie, de mes parents, de mes amis", nous explique-t-il. Mais il prend également conscience de l’importance d’immortaliser la véritable épopée qui se déroule dans son esprit: "Je me rends compte que si j’étais parti, tout mon monde, qui était dans ma tête, aurait disparu. Et donc là, j’ai commencé".

Des romans didactiques

Dès le lendemain, Yotis écrit donc ses premières lignes. Il décrit ce qu’il voit, toujours avec la musique. Il aligne les lettres, sans se soucier de la forme que prendra l’ouvrage. La seule consigne qu’il choisit de s’imposer, c’est d’apporter des informations à destination des plus jeunes : "J’ai voulu vraiment intégrer dans cet univers un côté didactique. Que ce soit sur l’histoire de l’Antiquité, les empereurs romains, la mythologie...".

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De 10 à... 97 ans!

Lorsqu’il termine le premier tome de Kaos Genesis, il le soumet à l’un de ses amis, particulièrement critique. Ce dernier lui envoie alors ce message très encourageant, qui lui apporte la confiance nécessaire pour publier son premier roman. "Tu m’as transmis un virus, qui s’appelle Kaos Genesis". Et le virus semble être très contagieux, puisqu’à la publication du livre aux éditions Mystery, se forme rapidement une petite communauté de fans de tous âges. Selon l’auteur, son livre se lit dès l’âge de 10 ans, mais il a trouvé récemment une lectrice montoise âgée de... 97 ans!

Les jeunes apprennent, sans s'en rendre compte

Pour appuyer ses propos, Yotis Kavopoulos a étudié par exemple, durant trois ans, l’histoire des 87 empereurs romains... Car ils prennent tous vie dans le deuxième tome de Kaos Genesis. "On les fait tous revenir en même temps. Et une discussion entre Marc Aurèle et Caligula, ça vaut la peine !", explique l’auteur. "J’adore faire en sorte de trouver des petites techniques pour que les jeunes puissent apprendre des infos sans s’en rendre compte. Par exemple, dans le tome deux, chaque empereur romain a un chiffre romain sur sa cape. Ce chiffre représente le moment où il a régné. L’empereur Auguste a le chiffre 1, c’est le premier empereur romain". Et à la fin de chaque tome, l’auteur ajoute un lexique. "Le tome 2 se passe totalement à Rome. Je l’ai rempli de locutions latines, comme ça les jeunes apprennent à les utiliser".

Bientôt un tome 3

Aujourd’hui, deux tomes sont disponibles en librairie, Kaos Genesis - "Aèle", sorti en 2012, et Kaos Genesis - "Ayio", en mars dernier. Yotis Kavopoulos travaille à l’écriture du troisième opus. En attendant, son œuvre s’apprête à prendre un élan international puisqu’elle est actuellement traduite en anglais, mais aussi en grec. L’auteur souhaite aider son pays d’origine, en crise : tous les bénéfices de la vente de Kaos Genesis en Grèce iront à l’association "Sourire de l’enfant".

Yotis se rend également dans des écoles et dans des bibliothèques, pour raconter son histoire et sa passion pour l’écriture. "Je suis confronté à des jeunes qui non seulement sont maintenant rentrés dans la littérature, mais qui veulent écrire aussi".

Deborah Van Thournout (@debvant sur Twitter)

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