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Réforme des soins de santé mentale: "Des personnes en crise pourraient mettre leur vie ou celle de leurs proches en danger"

Que pensent les psychiatres et psychologues de la grande réforme des soins de santé mentale? Un reportage de Guillaume Cordeaux pour Bel RTL.

La réforme des soins de santé mentale provoque des remous chez les psychiatres belges. Ils craignent une perte de revenus et se retrouvent englués dans une position juridique incertaine. Ils estiment également que la qualité des soins psychiatriques pourrait en pâtir et régresser.

Les réformes dans les soins de santé mentale résultent de l'article 107 de la loi sur les hôpitaux. "Cet article permet aux hôpitaux psychiatriques de geler des lits, en les mettant hors d'usage, et d'investir les moyens de fonctionnement et de personnel libérés dans des initiatives de soins innovantes, telles les équipes mobiles. Fermer des lits induit que les psychiatres pourront facturer moins d'honoraires de surveillance. À cela s'ajoute qu'ils vont perdre, outre les rétributions pour la concertation pluridisciplinaire, le rapport de prise en charge et celui de sortie, tous trois réglés par la nomenclature", dénonçait l'Absym le 12 décembre.


Une situation juridique incertaine

En échange, en tant qu'indépendants, les psychiatres reçoivent une rétribution pour leur fonction médicale, qui comprend notamment davantage de visites à domicile dans le cadre des équipes mobiles. Cette 'fonction de psychiatre' est en grande partie financée par le budget des moyens financiers (BMF) des hôpitaux, à un tarif horaire de 120 euros bruts. "Cela signifie une perte de revenus pour ces prestations, en comparaison avec la situation actuelle dans les hôpitaux", pointait l'association. Il apparaît que les psychiatres se retrouvent dans une situation juridique incertaine. "Le flou s'installe quant à celui qui a la responsabilité finale du patient ainsi que concernant les actes qui sont posés par les différents membres du staff que le psychiatre, rappelons-le, est supposé diriger", concluait l'Absym.


99 équipes mobiles

La première phase avait eu lieu en 2010. Une nouvelle étape est prévue pour ce mois de janvier avec pour but de libérer des lits, délivrer du personnel, a priori, 1000 équivalents temps plein soit 12% des effectifs en Belgique et créer au final 99 équipes mobiles qui interviendraient aussi à domicile.

Les professionnels, psychiatres comme psychologues sont inquiets car cette réforme pourrait avoir de sérieuses conséquences sur l'offre de soins.


Mettre des vies en danger

Cela pourrait également avoir d'autres conséquences. Des personnes en crise pourraient rester dans la nature, passer à l'acte, selon les psychiatres. Ces individus pourraient mettre leur vie ou celle de leurs proches en danger.

Dans le domaine de la disponibilité des lits, des disparités existent selon les régions. Si la Flandre dispose du plus grand nombre de places et peut encore en supprimer, la Wallonie et surtout Bruxelles fonctionnent à flux tendu. Dans la capitale, avec les employés des institutions internationales, les réfugiés qui ont vécu des traumatismes et les sans domicile fixe, tous les lits de soins d'urgence sont occupés. Pourtant la Belgique reste le deuxième pays en Europe après Malte à disposer du plus grand nombre de lits psychiatriques par habitant.

22,5 millions d’euro seront débloqués pour les soins de première ligne. Cela permettra de rembourses les 15 premières séances chez le psychologue.

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