Accueil Actu

Daniel est tombé malade du Covid après avoir été vacciné: est-ce la preuve de l'échec du vaccin?

Cet acupuncteur de Charleroi avait aussi une faible quantité d'anticorps Covid dans le sang malgré sa vaccination 6 semaines plus tôt. Son cas nous amène à répondre à trois questions. Faire la maladie (1) et avoir peu d'anticorps (2) Covid constituent-ils des preuves de l'échec d'un vaccin ? Les fabricants garantissent un degré d'efficacité de leur vaccin mais le vérifie-t-on ensuite ?

"J’ai fait le test en catastrophe car je commençais à avoir mal à la gorge et mal à l’oreille". Le 15 avril dernier, Daniel, qui a décidé de faire un test Covid, apprend qu'il est positif. Comme 3801 autres Belges ce jour-là, renseignent les chiffres de Sciensano, l'institut de santé publique. Mais cet acupuncteur de 36 ans, actif dans la région de Charleroi, n'est pas comme les autres. Il a été vacciné 6 semaines plus tôt. Le 26 février précisément, il a reçu sa première dose d'AstraZeneca. Pourtant, le voilà malade. Le trentenaire se sent très fatigué. "Soulever une simple bouteille d'eau était un fardeau", se souvient-il. Il a de la toux, perd l'odorat et il ressent une "oppression respiratoire" quand il se déplace. Son taux d'oxygène dans le sang, qu'il mesure lui-même régulièrement, tombe à 90%, une valeur trop basse qui lui fait craindre de terminer à l'hôpital. Ce ne sera heureusement pas le cas. Toutefois, alors qu'il se croyait à l'abri grâce au vaccin, Daniel ne s'attendait pas à avoir des symptômes "aussi virulents".

Le carolo ne s'attendait pas non plus au résultat de son analyse sanguine, deux jours après le test PCR. Son taux d'anticorps Covid dans le sang est très faible. Ajouté à ses symptômes, cela amène Daniel à penser que son vaccin n'a pas marché et à s'interroger dès lors sur l'opportunité de recevoir sa deuxième dose le 21 mai prochain. Il s'est adressé à l'Aviq, l'agence qui gère la vaccination en Wallonie, pour obtenir un avis. Dans le même temps, il a aussi pressé notre bouton orange Alertez-nous.

Son histoire nous pousse à répondre à trois questions susceptibles de vous intéresser:

1. Tomber malade après avoir été vacciné : est-ce la preuve de l'échec du vaccin ?
(voir plus bas)

2. La quantité d'anticorps Covid dans le sang permet-elle de savoir si le vaccin a fonctionné ou pas ? (lire l'article)

3. Y a-t-il un suivi de l'efficacité des vaccins après qu'ils ont été mis sur le marché ? (lire l'article)

Nous avons posé ces questions à trois scientifiques de renom: le docteur Yves Van Laethem qu'on ne présente plus, le docteur Sophie Lucas, spécialiste en immunologie et professeur à l'université de Louvain, Jean-Michel Dogné, professeur à l'université de Namur et expert à l'agence européenne des médicaments. Par ailleurs, l'Aviq a répondu à Daniel, une réponse en complète adéquation avec ce que nous ont expliqué nos trois interlocuteurs.


1. Tomber malade après avoir été vacciné : est-ce la preuve de l'échec du vaccin ?

"Il n'y a pas de protection à 100%", nous ont répondu à l'unisson les trois scientifiques.

C'est bien la raison pour laquelle chaque vaccin (AstraZeneca, Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson et tous ceux qui suivront) est accompagné d'un taux d'efficacité.

Si un vaccin est efficace à 90%, cela signifie qu'il réduit de 90% la probabilité de faire la maladie. Mais il persiste donc un risque, 10 fois moindre que si on n'était pas vacciné.

L'efficacité du vaccin dépend:

1. du vaccin

Tous les vaccins actuels contre Covid ont une efficacité particulièrement élevée par rapport à de nombreux autres vaccins, comme celui de la grippe saisonnière, par exemple.

2. du moment

La protection varie avec le moment écoulé depuis l'injection. Pour AstraZeneca ou Pfizer, elle est maximale quelques semaines après la deuxième dose. Et après la première dose, il faut attendre 10 à 20 jours avant que la protection commence, c'est-à-dire quand la production d'anticorps démarre véritablement. Pour AstraZeneca et Pfizer, la protection est d'environ 60-70% quelques semaines après la première dose.

3. de l'individu

Des personnes profondément immuno-déprimées à cause d'une maladie génétique, une chimiothérapie (traitement d'un cancer), d'une transplantation d'organes (pour éviter le rejet) risquent de ne pas développer une réponse immunitaire efficace et complète.

Enfin, un scientifique ne peut jamais écarter des raisons encore inconnues qu'il reste à découvrir.

Et si Daniel n'avait pas été vacciné ?

Le but du vaccin est surtout de prévenir les formes graves de la maladie. "La vaccination protège contre les infections sévères et les décès à SARS-CoV-2", rappelle l'Aviq dans le courrier qu'elle a envoyé à Daniel. S'il n'avait pas été vacciné, peut-être aurait-il fini gravement malade dans une unité de soins intensifs, dit Jean-Michel Dogné.

Si l'efficacité d'AstraZeneca après la première dose est d'environ 60-80% contre des pathologies légères à moyennes (toux, état grippal, etc.), elle approche les 100% vis-à-vis du risque d'une forme sévère de la maladie qui impose une hospitalisation.

Courbatures, état grippal et fatigue: Daniel nous raconte avoir aussi subi, comme de nombreuses personnes, des effets secondaires indésirables dans les jours qui ont suivi sa vaccination. Est-ce une preuve que le vaccin a bien marché ? Eh bien, pas vraiment non plus. Quelques heures après l'injection, une réponse immunitaire inflammatoire est enclenchée, raison pour laquelle on peut sentir des effets indésirables. Mais on n'en est pas du tout encore à la fabrication des anticorps qui ne deviendra assez importante qu'environ 10 jours plus tard seulement.

Daniel doit-il laisser tomber la 2e dose et passer à un autre vaccin ?

Comme écrit plus haut, rien ne prouve avec certitude que le vaccin n'a pas marché. Oui, Daniel a été malade mais peut-être le vaccin a-t-il empêché une forme plus grave. Par ailleurs, le risque d'attraper la maladie après la 2e dose sera beaucoup plus faible qu'au moment où Daniel l'a eue, après la 1ère dose. "On recommande quand même la 2e dose, celle-ci ne constitue pas une contre-indication", dit Jean-Michel Dogné.

"L’avis du Conseil Supérieur de la Santé du 23/4/2021 stipule que pour les personnes âgées de moins de 50 ans, aucun expert n’est favorable à l’administration d’une dose unique de vaccin Astra Zeneca (Vaxzevria) chez des personnes sans immunité naturelle, ni à l’administration de deux doses de vaccin ARNm après une première dose de Vaxzevria. Pour les moins de 50 ans, le Conseil recommande donc l’administration d’une 2ème dose Vaxzevria® retardée au-delà des 12 semaines actuelles et ce jusqu’à 16 semaines", répond, quant à elle, l'Aviq

À lire aussi

Sélectionné pour vous