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Santé des rugbymen: "Intransigeants sur les plaquages à la poitrine" estime Laporte

"Il faut être intransigeant sur les plaquages au niveau de la poitrine et qui finissent au cou et à la tête", a estimé le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte en présentant samedi l'introduction dans les écoles de rugby du passage en force, une des mesures destinées à favoriser à la fois le jeu de mouvement et la sécurité des pratiquants.

Q: Pourquoi instaurer un passage en force chez les moins de 14 ans?

R: "Il s'agit, surtout pour les plus costauds, d'éviter de prendre le ballon et d'aller sans arrêt raffuter l'autre. Parce que la problématique, c'est que quand il arrivent à 14, 15, 16, 17 ans, ils trouvent aussi costaud qu'eux et souvent ils arrêtent le rugby. Et s'ils n'arrêtent pas, ils n'ont pas progressé et ça fait des joueurs moyens. L'intérêt, c'est que tu donnes le ballon avant ou tu passes dans les intervalles mais jamais tu ne vas affronter quelqu'un, qui plus est quand il immobile en face de toi. Le rugby, c'est faire des passes, éviter et passer dans les intervalles. Ce qu'on ne veut plus, c'est qu'un gamin, parce qu'il est plus costaud que les autres, il les fasse tomber comme des quilles et les écoeure. Moi, quand j'étais jeune, je n'étais pas le dominant. Les plus costauds, je les évitais mais eux ne m'évitaient pas."

- Le rugby "a abandonné l'école" -

Q: Indirectement, est-ce aussi une mesure de lutte contre la baisse des licenciés (-15.000 en 2018)?

R: "La baisse des licenciés date de 2008. Pourquoi? On a abandonné l'école. Les clubs qui vont dans les écoles, ils n'ont pas de baisse des licenciés. Mais pour ça, il faut bien sûr des éducateurs qui soient formés. Et le rôle des 150 cadres techniques de club (CTC, que la FFR entend déployer en 2019) sera de former sur place tous les éducateurs du club. Ces 150 CTC, ce sont 10 millions d'euros d'investissement pour la Fédération. C'était un engagement de campagne, on se bouge pour aller chercher des moyens. On est très heureux de la nouvelle convention avec la Ligue qui va nous octroyer 5 millions d'euros par an pour nous aider à payer cette formation."

Q: Quel rôle joue la peur deux blessures dans la baisse des licenciés?

R: "Il faut bien différencier le monde professionnel des jeunes. Il n'y a pas de blessure chez les jeunes. Dans le monde professionnel, c'est à nous de proposer des choses qui vont dans le sens de la sécurité des joueurs. Il y a une dizaine d'années, il y avait beaucoup de problèmes avec les mêlées qui s'effondraient. On a réglé ce problème, il n'y a quasiment plus d'accident sur les mêlées."

Q: A quelle autre mesure protégeant la santé des joueurs pensez-vous?

R: "Il faut être intransigeant sur les plaquages au niveau de la poitrine et qui finissent au cou et à la tête. Certains proposent - pourquoi pas? - qu'on soit obligé de plaquer à la taille. Faisons l'expérimentation et notamment chez les jeunes pour qui c'est une bonne chose pour que le ballon continue de vivre. Dans les rucks, il y a aussi beaucoup d'incidents. Ces joueurs qui arrivent à vive allure et qui tapent tête contre tête sur les gens qui vont disputer le ballon, ou qui tapent sur le dos d'un joueur qui gratte, c'est interdit! C'est chercher à faire mal, ce n'est pas disputer le ballon."

Q: Autre nouvelle règle mise en place, en Top 14 cette fois, pour protéger les joueurs, les 4 remplacements supplémentaires sur blessure qui sèment beaucoup de confusion, les entraîneurs étant accusés de faire du coaching abusif. Quel est votre point de vue?

R: "Arrêtons cette hypocrisie. Il est toujours difficile de vérifier si quelqu'un est blessé. Donc il sort et puis c'est tout. Aujourd'hui, il y a des incompréhensions de la part de certains entraîneurs, voire de certains présidents. Il faut clarifier les choses. C'est à la Ligue de les clarifier. Ce qui m'intéresse, c'est la sécurité des joueurs. Avant, quand un entraîneur avait fait rentrer tout le monde et qu'il y avait une suspicion de commotion, l'entraîneur disait au joueur: +tu restes parce que je ne peux plus te remplacer+. C'est là l'intérêt de la règle."

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