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Audiovisuel public : les pistes d'une réforme à risque présentées lundi

Présidence unique, suppression ou fusion de chaînes, réforme du CSA... La ministre de la Culture présentera lundi les grandes lignes de la réforme de l'audiovisuel public, voulue par l’Élysée pour fin 2018.

Les acteurs du secteur planchent depuis plusieurs mois sur ce chantier, co-piloté par Matignon et la Culture. La réforme vise à répondre aux nouveaux usages (montée en puissance des programmes à la demande, de la SVOD, du numérique...) et à créer plus de synergies entre les groupes.

Elle devrait permettre de réaliser des économies, chiffrées entre 250 et 500 millions d'euros d'ici 2022, selon la presse, surtout à France Télévisions.

Prévue dans un premier temps à Matignon, la présentation à la presse du "scénario d'anticipation" pour l'audiovisuel public aura finalement lieu au ministère de la Culture par Françoise Nyssen.

Outre France Télé, Radio France, France Médias Monde (France 24, RFI), l'INA, Arte et TV5 Monde mais aussi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui pourrait se voir retirer son pouvoir de nomination des dirigeants, entrent dans le champ de cette réforme.

Depuis le début de l'année, elle mobilise les services du ministère de la Culture, mais aussi de Matignon, des parlementaires, sans oublier des patrons et cadres des groupes concernés qui se sont réunis régulièrement pour mettre au point leurs propositions.

Ils ont planché sur les cinq chantiers prioritaires identifiés par Françoise Nyssen : la reconquête du jeune public, les coopérations internationales, l'offre de proximité, une offre commune en ligne et des synergies de ressources.

- "Prochaine ZAD?" -

Gabriel Attal, député LREM proche d'Emmanuel Macron et chargé du dossier à l'Assemblée, a plaidé cette semaine pour la création d'une holding de l'audiovisuel public, avec un directeur non exécutif chapeautant des directeurs exécutifs.

Dans un entretien vidéo à L'Opinion, il a estimé qu'il fallait "regarder" le pouvoir de nomination du CSA, "travailler sur la question des territoires" en trouvant "plus de synergies entre France 3 Régions et France Bleu" et se pencher sur "les questions sociales pour dégager des moyens qui permettent d'investir dans des contenus".

Interrogé sur les économies, il a noté que "dans le projet de loi de finances de 2019 dont les arbitrages sont en cours de finalisation, on va demander des économies à tous les opérateurs de l’État et il est donc normal et légitime que l'audiovisuel y participe".

"On ne doit pas avoir de tabou sur la réforme de la structure : est-ce que par exemple il va falloir peut-être avoir moins de chaînes sur France Télévisions ? Il faut se poser la question de la pertinence du nombre de chaînes", a estimé de son côté sur RFI Aurore Bergé, porte-parole des députés LREM.

Plusieurs hypothèses ont circulé, notamment après la fuite d'un document de travail en fin d'année dernière : suppression de France Ô ou de France 4, fusion de France 4 et France 5, basculement vers le numérique de France 4 ou fusion de France 3 et France Bleu (des rapprochements sont déjà en cours autour des matinales selon les syndicats).

Des perspectives qui ont hérissé les syndicats.

"L'audiovisuel public sera-t-il la prochaine ZAD ?", s'est interrogé la CGT de France Télévisions, estimant que "la demande pressante d'économies voulue par le gouvernement n'épargnera pas le modèle social si laborieusement construit à France Télévisions."

"Ce président comme ses prédécesseurs abandonne France Télévisions comme une terre agricole fertile qu'on décide d'abandonner un peu plus chaque jour... En quelque sorte le président des friches...", a regretté pour sa part le SNJ.

En décembre dernier, une petite phrase prêtée à Emmanuel Macron mais démentie par l’Élisée sur l'audiovisuel public "honte de la République" avait suscité une énorme polémique.

Pendant sa campagne, Emmanuel Macron avait défendu un rapprochement des groupes de l'audiovisuel public et un assouplissement des règles du financement publicitaire, en concentrant les moyens sur des chaînes moins nombreuses.

Plusieurs acteurs, comme la société d'auteurs Scam, le syndicat des radios indépendantes Sirti ou encore le patron de M6 Nicolas de Tavernost, ont plaidé au contraire pour la suppression totale de la publicité sur le service public.

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