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Dans la jungle des trottinettes, des formations pour adopter les bonnes pratiques

Casque vissé sur la tête, regard à gauche puis à droite: Clément démarre prudemment sa trottinette électrique. Une mise en pratique immédiate de la formation qu'il vient de recevoir afin de sensibiliser les usagers à ces engins désormais inscrits dans le code de la route.

Quelques minutes avant cet exercice grandeur nature, dans le XIe arrondissement de Paris où les trottinettes électriques sont très populaires, une poignée de stagiaires ont été mis au parfum des nouvelles réglementations en vigueur.

Limitation à 25km/h, circulation interdite sur les trottoirs, port du casque recommandé: Céline Pouit, la formatrice, égrène les bonnes pratiques pour les usagers et ouvre le débat.

Parmi les élèves, si les uns vantent la "liberté" de ce nouveau mode de transport, d'autres en pointent les risques mais tous s'accordent sur la nécessité d'encadrer la pratique.

Pour Clément, la vingtaine, utilisateur régulier, ce genre de formation l'incite "à redoubler de vigilance, notamment envers les autres acteurs de la route".

"Cela permet de se sensibiliser aux bonnes pratiques pour ensuite savoir se partager la route", déclare en souriant le jeune homme, en se rappelant une altercation récente avec un piéton.

"On essaie d'inculquer une notion importante de partage de la route. L'idée c'est d'instaurer une culture où chacun se met à la place des autres utilisateurs", explique à l'AFP Mme Pouit qui représente l'Association nationale pour la promotion de l'éducation routière (ANPER).

"Une route, c'est comme une piste de ski: il y a divers usagers avec différents engins dans le même espace. Au ski, celui qui descend doit prendre en compte celui qui est en bas et c'est pareil sur une route: on doit prendre en compte ceux qui vont moins vite, comme les piétons. Cela fait partie d'un apprentissage civique", abonde Alain Martin, directeur de la moto-école Zebra qui héberge la formation.

Ce genre d'exercice, une première à Paris, après une expérimentation à Marseille, a vocation à se développer. "L'école de conduite doit s'ouvrir à l'ensemble des mobilités", plaide M. Martin.

"Par exemple, on intégrera ce module dans les cours de code pour le permis voiture, de façon à ce que chacun puisse comprendre le comportement de l'autre", ajoute celui qui est aussi secrétaire national de la branche éducation routière du CNPA, le premier syndicat des patrons d'écoles de conduite.

- Répression et incitations -

Au-delà de ces initiatives de sensibilisation qui gagnent du terrain, un arsenal répressif s'est également mis en place.

Rouler sur un trottoir coûte désormais 135 euros au contrevenant et l'amende peut monter à 1.500 euros pour une vitesse flashée à plus de 25 km/h.

"Le cadre réglementaire est posé et il est indispensable que les usagers s'y forment pour mieux partager l'espace public", souligne David Julliard, adjoint au délégué à la sécurité routière.

"Chaque groupe d'usagers a tendance à se créer son propre code de la route. Or non, il y a une règle commune qui s'applique à tous les usagers, il est important de l'expliquer et de la comprendre", poursuit-il.

Et face au bâton de la répression, répondent également des carottes du côté des loueurs de trottinettes.

Partenaire de cette formation, la société de location en libre-service Circ promet par exemple de lancer prochainement des incitations aux bonnes pratiques. Les usagers portant un casque pourront ainsi se prendre en selfie avant d'utiliser la trottinette et bénéficier d'une réduction de 25%.

Les opérateurs de trottinette en libre-service sont en effet incités à montrer patte blanche sur les questions de sécurité.

La question sera centrale pour élire les trois sociétés qui auront le droit d'opérer à Paris dans l'appel d'offres de la mairie prévu d'ici la fin de l'année.

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