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En avant la musique, stratégie du nouveau PDG de Sony

Fleuron japonais de l'électronique grand public, Sony se veut aussi, voire surtout, un géant des contenus multimédias, une stratégie mise en avant mardi par son nouveau PDG, concomitamment à l'annonce du rachat d'EMI Music Publishing, gérant des droits de Queen, Norah Jones ou Pharrell Williams.

"Le marché de la musique a connu diverses fortunes, mais il se relève ces dernières années grâce aux offres de streaming (musique en flux via internet). Pour profiter au mieux des droits de propriété intellectuelle, il faut la quantité et la qualité", a insisté Kenichiro Yoshida devant la presse.

Le rachat d'EMI, pour 1,9 milliard de dollars (1,6 milliard d'euros), "est en ce sens un investissement qui renforce la position de Sony comme meneur de l'industrie musicale", a souligné le patron fraîchement promu, lors d'une présentation statique, monocorde, sans flonflon et moins rythmée que celles auxquelles étaient habitués les journalistes et analystes avec son prédécesseur, Kazuo Hirai.

EMI Music Publishing, qui possède aussi le mythique catalogue Motown, est la deuxième compagnie d'édition musicale au monde avec un chiffre d'affaires de 663 millions de dollars et de plus de deux millions de morceaux en magasin.

- La manne Playstation -

"L'édition musicale est une activité qui génère des revenus récurrents et cet investissement va jouer un grand rôle dans notre croissance à long terme", a ajouté M. Yoshida.

Sony possède déjà un riche catalogue de 2,3 millions de titres dont ceux des monuments de la musique que sont les Beatles ou Michael Jackson.

L'importance des droits sur les contenus ne concerne pas que la musique, mais aussi les vidéos, les films, les jeux ou animations, a insisté le 11e patron de Sony, société créée en 1946.

Pour les jeux, il a relevé la nécessité de "poursuivre une relation de confiance avec les créateurs tiers et d'utiliser davantage les droits d'exploitation". Sony jouit non seulement d'un bon succès avec sa console PlayStation 4 (PS4), mais se félicite surtout de la popularité de la plateforme de jeux et autres contenus multimédias en ligne, PlayStation Network (PSN), qui compte chaque mois quelque 80 millions d'utilisateurs actifs.

L'animation est aussi considérée comme un domaine clef "avec un modèle de développement particulier", alliant aux contenus de multiples produits dérivés. Sony a aussi récemment décidé de prendre une part de 39% dans la société qui gère les droits de Snoopy.

En agissant de la sorte, M. Yoshida n'opère pas un changement majeur mais augmente le poids de l'immatériel dans l'offre globale de Sony. La volonté de proposer à la fois les appareils (caméras, magnétoscopes, TV, consoles, smartphones etc.) et les contenus était déjà dans la tête du plus connu des fondateurs de Sony, Akio Morita. C'est ce qui a notamment conduit dès les années 1980 au rachat de maisons de disques et studios de cinéma.

-"Place barrée trop bas"-

Si l'inventeur du Walkman a souffert quand d'autres avant lui ont pris le tournant du numérique (Apple), il a gardé la conviction que sa différence était justement dans cette capacité à gérer simultanément contenants et contenus.

Et il n'est pas peu fier d'avoir réussi, sous la houlette de M. Hirai, à donner des lettres de noblesse à la musique vendue sous forme de fichiers en étant le fer de lance des formats non compressés "high resolution audio". Sans compter que l'an passé, pour la première fois en 20 ans, il a vu remonter ses ventes de matériel audio (Walkman numériques, casques, enceintes, etc.).

En revanche, M. Yoshida a reconnu que son activité de smartphones resterait encore dans le rouge cette année.

En ex-directeur financier un brin terne et prudent, M. Yoshida s'est gardé de faire des prévisions financières mirobolantes pour les trois années à venir, quitte à gâcher la fête des analystes.

"Il place la barre vraiment bas, trop bas pour les investisseurs, c'est décevant", a commenté pour Bloomberg David Dai, de Sanford C. Bernstein à Hong Kong, évoquant les faibles progressions de profits attendues dans les diverses activités d'ici à 2020, à l'exception de celle des capteurs d'images Cmos.

De facto, la réaction à cette conférence de presse du nouveau PDG, selon lequel "la mission de Sony est d'émouvoir", a été plutôt négative. L'action a fini en recul de 1,96% à 5.282 yens, après avoir perdu jusqu'à 3,71% dans la matinée.

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