Accueil Actu

L'ONF aux aguets en Charente-Maritime: "Un mégot et ça part à vitesse grand V"

Sus aux mégots, aux réchauds à gaz ou aux saucisses grillées. Sous les pins de la Côte sauvage de Charente-Maritime, classée en risque sévère incendie pour les feux de forêts, deux agents de l'ONF traquent quotidiennement les touristes au comportement dangereux.

Dans la forêt domaniale de la Coubre, sur la commune de La Tremblade, le tapis végétal jauni par le soleil craquelle sous les pneus du 4/4 Suzuki de Philippe Lequeux, 64 ans.

"Il y a matière à feu", s'inquiète cet agent de l'Office national des forêts qui parcourt chaque jour cette forêt de pins maritimes et de chênes verts, bordant sur 5.000 hectares le littoral atlantique depuis le célèbre zoo de la Palmyre.

"Vous jetez un mégot là-dedans, et ça part à vitesse grand V", lance son collègue Dominique André en désignant un tas de feuilles de palmiers desséchées, trouvées sous un chêne à une dizaine de mètres de la route. Une fois écartées, on voit qu'elles dissimulaient des morceaux de vieilles plaques d'amiante.

Parfois "prise pour une déchetterie", la forêt est "de plus en plus" perçue comme "un terrain de loisirs", juge M. Lequeux.

Car contrairement au département voisin de la Gironde et ses 20.000 hectares partis en fumée en juillet, les balades en forêt restent ouvertes en Charente-Maritime, sauf aux véhicules motorisés.

- Parkings "résidences d'été" -

Jeudi, le duo d'agents, habillés d'un ensemble polo-pantalon vert au logo de l'ONF, armés d'un revolver "pour marquer l'autorité", ne trouvent que quelques traces de feux de camps et de sardines de tente. Pas de moto-cross ou de quads, les "vrais fléaux" pour les gestionnaires des forêts.

Il faut aussi contrôler les parkings qui bordent le domaine, interdits aux véhicules après minuit et longtemps considérés comme "résidences d'été" par les camping-caristes, jusqu'à la mise en place de portiques de 2m10 de hauteur, raconte M. Lequeux.

Le duo y piste surtout réchauds à gaz et cigarettes, dans cette zone où tous les restaurants affichent désormais un écriteau "interdit du fumer, risque élevé d'incendie" sur décision du préfet.

"Concernant les barbecues, à part quelques exceptions le soir sur les parkings, les gens ont pris conscience du danger. Mais la cigarette, ils pensent pouvoir gérer", se désole M. Lequeux.

"Les feux, je sais. Pas de problème. Je fume pas, pas de gaz", se défend en quelques mots de français Thomas K., un touriste allemand de 55 ans, aux deux agents venus lui rappeler, à l’heure du petit déjeuner, l’interdiction de stationner la nuit près des arbres.

"J’ai fait le tour des campings, mais ils étaient complets, alors on a dormi ici. Juste une nuit", explique en anglais à l'AFP, ce surfeur berlinois, qui voyage en van avec sa fille.

L’homme et son véhicule avaient été repérés au même endroit la matinée précédente, rit jaune M. André, mais faute de flagrant délit, impossible de verbaliser les campeurs une fois le jour levé.

Les deux agents misent quotidiennement sur la pédagogie, le rappel à la loi et évoquent les récents incendies qui ont défrayé l’actualité. L'amende de 135 euros est réservée aux fumeurs les "plus récalcitrants" ou aux auteurs de feux de camp.

Sur les parkings, ceux qui sont pris en faute ont quasi systématiquement une excuse à la clé : un touriste belge fume à la portière mais a "une bouteille d’eau pour les mégots", ce couple qui a dormi en van "sait" se comporter en forêt car "on est Landais", tandis que ce père de famille lyonnais qui file à toute allure en trottinette électrique, cigarette au bec, sur une piste goudronnée remplie d’aiguilles de pins séchées, ne "pensait pas qu’il y avait un danger".

À lire aussi

Sélectionné pour vous