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Le prix, un obstacle à la démocratisation des "colos"

Pratiquer le kayak ou l'équitation, chanter autour d'un feu de camp: les "jolies colonies de vacances" plaisent toujours autant aux enfants, mais leur coût est un frein pour les familles, s'est alarmée jeudi l'association "Jeunesse au plein air" (JPA), qui appelle à des mesures pour démocratiser ce mode de vacances.

L'expérience de la "colo" est plébiscitée par ceux qui la vivent: 93% des jeunes participants la jugent positivement, selon une étude Ifop réalisée en avril pour la JPA, auprès de 400 enfants de 7 à 12 ans et de 1.003 parents d'enfants du même âge (méthode des quotas).

Problème: seul un quart des 7-12 ans est déjà parti en colonie. Et les inégalités sociales sont nettes: 20% des enfants issus de classes populaires sont déjà partis en séjour, contre 32% des enfants de cadres.

Parmi les 51% de parents qui n'ont jamais proposé à leur enfant de partir en séjour, le prix est la première raison invoquée: 27% des parents la mettent en avant, et même 33% chez les ouvriers.

Pourtant, "ce que l'on souhaite, c'est justement que les colos soient le lieu où se rencontrent les enfants de toutes origines", explique à l'AFP Anne Carayon, directrice générale de la JPA.

Constatant que, "ces dernières années, le prix des colos a augmenté beaucoup plus vite que le revenu des familles", et que les employeurs des parents "peinent de plus en plus à aider au départ" en vacances, la JPA plaide pour des mesures d'accompagnement financier des parents.

Elle suggère ainsi de créer un "fonds national de solidarité", mais aussi un "compte épargne colo" que les familles alimenteraient toute l'année, et qui serait aussi abondé par les pouvoirs publics.

Pour "(re)faire des colos une pratique de masse", l'association plaide aussi pour un "guichet unique" qui permettrait aux parents de se renseigner sur les séjours et les aides financières.

Elle espère que ses propositions inspireront le gouvernement, qui doit annoncer après l'été un plan de soutien aux "colos", notamment à destination des classes moyennes.

- batailles de polochons -

Selon le secrétaire d'Etat chargé de la jeunesse, Gabriel Attal, 900.000 enfants sont partis l'an dernier en colos, mais ils étaient 4 millions à la fin des années 1960.

Pour Mme Carayon, si ce mode de vacances souffre encore parfois d'une image un peu vieillotte, "comme dans la chanson de Pierre Perret", il a pourtant su "s'adapter au monde d'aujourd'hui".

"Les enfants ne s'alignent plus en rang au pied du lit, mais se lèvent chacun à son rythme. Ils ne partent plus pendant un mois et ne dorment plus dans des dortoirs de 40 lits. Il y a toujours des veillées, et toujours des batailles de polochons, mais dans des chambres de quatre", énumère-t-elle.

En outre, les séjours permettent aujourd'hui de s'initier à des activités nouvelles, comme le surf, l'accrobranche ou le montage vidéo.

Pour promouvoir les départs, la JPA a organisé avec le ministère de l'Education nationale un concours dans les écoles: les classes étaient invitées à imaginer les détails de leur "colo idéale".

Dessins à l'appui, les enfants ont par exemple proposé des séjours où ils pourraient "observer la nature, camper, faire du cheval, pêcher, regarder les étoiles", sans oublier les indispensables "feux de camp". Mais ils font également état de préoccupations très actuelles, en préconisant des colos "vertes" avec douches solaires et toilettes sèches.

Les élèves de huit classes lauréates - des CM1 ou CM2 de toute la France - partiront cet été gratuitement en "colo". L'idée n'est pas que les classes partent ensemble, mais que tous les élèves, par petits groupes de copains, puissent participer à un séjour et se faire de nouveaux amis.

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