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Lubrizol: à Rouen des avocats reçoivent bénévolement des habitants désemparés

"Pour Lubrizol, la personne suivante!": des habitants de Rouen, désemparés par les conséquences de la pollution liées à l'incendie de l'usine chimique, ont profité d'une permanence juridique gratuite pour être reçus par des avocats qui tentent de les aiguiller.

Dans la salle d’attente de la maison de l'avocat de Rouen, plusieurs Rouennais patientent, surtout des femmes, comme cette jeune enseignante au collège.

"J'ai la gorge et le sinus pleins, j'ai les yeux explosés, pourtant je suis une personne en bonne santé", dit cette habitante de Mont-Saint-Aignan, sur les hauteurs de Rouen, "là où on a eu le nuage au-dessus de nos têtes".

"Est ce qu'il faut que je porte plainte ? Faut-il une action collective ? Je veux connaître mes droits !", lance cette femme qui se demande pourquoi aucun arrêté interministériel de catastrophe technologique n'a été pris.

Profondément touchée, Jocelyne Casamento ressent elle un sentiment "d'abandon" une semaine après cet incident aux conséquences sanitaires toujours largement inconnues. "Il faut se battre ensemble, qu'est-ce qu'on va devenir ?", s'interroge cette femme, retraitée depuis le 1er septembre et qui envisage de porter plainte.

Jeudi pendant près de quatre heures, deux avocats ont été spécialement désignés pour s'occuper de toutes ces personnes venues pour Lubrizol. La permanence aura aussi lieu vendredi, lundi et mardi prochain.

Durant une vingtaine de minutes, dans un bureau lumineux, une avocate prend le temps de recevoir individuellement chaque personne. L'entretien relève parfois presque autant de l'aide psychologique que du conseil juridique.

"Dans la fonction d'avocats il y a une fonction d'écoute qui est importante: nous voyons des gens arriver qui ont été impactés par cette catastrophe et qui ont besoin de parler", reconnaît Me Guillaume Bestaux, bâtonnier du barreau de Rouen.

- "Besoin d'être entendus" -

Pendant le rendez-vous, l'avocate conseille à une Rouennaise de faire constater par un médecin la détérioration de son état de santé et explique les tenants et les aboutissants d'une plainte contre X.

"Les gens ont envie d'être orientés, d'être entendus, de comprendre pourquoi ça s'est passé. Là, malheureusement on ne peut pas apporter de réponses, mais c'est important de les orienter juridiquement", explique Me Fleur Fiquet-Roy après avoir été patiemment à l'écoute d'une femme victime de nausées et qui se demande si elle peut accueillir ses petits-enfants à Rouen.

Aussi, si les personnes "sont bien sûr libres de porter plainte", l'avocate les prévient "qu'il faudra attendre la fin de l'enquête pénale pour établir correctement son préjudice", relevant que celle concernant d'AZF en 2001 à Toulouse n'était toujours pas terminée...

Tout au long de la matinée, une trentaine de personnes, ignorant souvent tout du monde juridique, ont poussé les portes de la maison de l'avocat.

Preuve supplémentaire de la mobilisation des avocats rouennais sur le dossier Lubrizol, "un groupe de travail avec une cinquantaine d'avocats volontaires a été mis en place pour travailler sur les conséquences de cette catastrophe et sur les actions juridiques qui peuvent être mises en place", relève Me Bestaux.

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