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Remboursement de l'homéopathie: un premier avis provisoire attendu mercredi

La Commission de transparence de la Haute autorité de santé (HAS) adopte ce mercredi un "projet d'avis" sur un éventuel déremboursement de l'homéopathie, quelques semaines avant l'avis définitif.

Selon le journal Libération, ce premier avis devrait prôner le "déremboursement pour l'ensemble des produits homéopathiques, s'appuyant sur un manque d'efficacité prouvée".

Interrogée par l'AFP, la HAS a confirmé que le projet d'avis devait être adopté mercredi mais n'en a pas confirmé la teneur, car elle est "tenue à la confidentialité".

Ce texte doit en effet être communiqué aux trois laboratoires concernés (le leader Boiron, Lehning et Weleda) dans les prochains jours. Ils pourront ensuite faire valoir leurs arguments durant une "phase contradictoire".

Ce n'est qu'à l'issue de cette phase contradictoire que sera rendu l'avis définitif de la HAS, sur lequel le gouvernement s'appuiera pour décider ou non de dérembourser l'homéopathie.

Le projet d'avis attendu mercredi "n'est qu'une étape", a souligné la HAS, dont l'objectif initial était de rendre son avis définitif en juin, sous réserve de la durée de la phase contradictoire.

L'évaluation porte sur 1.200 médicaments homéopathiques, "en prenant en compte leur efficacité et leurs effets indésirables, leur place dans la stratégie thérapeutique, la gravité des affections auxquelles ils sont destinés et leur intérêt pour la santé publique", avait indiqué la HAS en mars.

Controversée au sein du corps médical, l'homéopathie consiste à administrer des substances en quantité infinitésimale, dans l'espoir de soigner certaines affections.

Certains médicaments sont remboursés à 30%, bien que leur efficacité n'ait pas été évaluée scientifiquement. En 2017, le remboursement de l'homéopathie a représenté 129,6 millions d'euros sur un total de 19,9 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés, selon l'Assurance maladie.

La polémique a été relancée en mars 2018 avec la parution dans Le Figaro d'une tribune au vitriol contre l'homéopathie et d'autres "médecines alternatives" signée par un collectif de 124 médecins. Le ministère de la Santé a ensuite saisi la HAS fin août pour connaître son avis "quant au bien-fondé" du remboursement.

"Je ne cherche ni à dérembourser, ni à rembourser. Soit un médicament est utile et permet d'avoir un bénéfice clinique, soit il n'apporte rien et dans ce cas-là il n'a pas de raison d'être financé par la collectivité", soulignait la ministre, Agnès Buzyn, fin mars lors d'un entretien avec l'AFP.

"J'ai souhaité remettre le rationnel scientifique au centre du débat. Ca ne veut pas dire que cela suffise toujours à prendre une décision politique, mais au moins j'ai réaffirmé qu'on ne pouvait pas faire sans", avait-elle ajouté.

L'homéopathie est appréciée des Français: 72% "croient en ses bienfaits", selon un sondage Odoxa (Baromètre santé 360) publié en janvier.

Face à la crainte d'un déremboursement, les pro-homéopathie (labos et professionnels) ont lancé début avril une riposte médiatique, avec une pétition qui revendique pour l'instant 380.000 signatures.

Par ailleurs, Boiron affirme que le déremboursement de l'homéopathie menacerait 1.300 emplois sur ses 2.500 en France.

Le 28 mars, les Académies de médecine et de pharmacie ont jugé que l'homéopathie ne devait pas continuer à être remboursée.

En juin 2018, la Commission de transparence de la HAS s'était déjà penchée sur trois médicaments de Boiron.

"La Commission s'étonne du maintien du taux de remboursement à 30% des médicaments homéopathiques (...) compte tenu du taux de remboursement à 30% voire 15% de médicaments ayant fait la preuve de leur efficacité", avait-elle alors indiqué.

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