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Robert Hébras, rescapé d’Oradour, devient officier de l’Ordre national du mérite allemand

Robert Hébras, l’un des deux derniers survivants du massacre d’Oradour-sur-Glane, qui fêtait lundi soir ses 90 ans, a été fait par le consul général de la République fédérale d’Allemagne officier l’Ordre national du mérite allemand.

"Le président de la République fédérale d’Allemagne honore les mérites exceptionnels dont vous avez fait preuve en vous engageant pour la réconciliation avec l’Allemagne, nos relations amicales et nos efforts communs pour créer un monde plus humain", a déclaré Hans-Werner Bussmann, l'Ordre du Mérite étant la plus haute distinction allemande.

Rappelant l’infatigable travail de mémoire de ce rescapé du plus important massacre de civils perpétré par les nazis en France (642 morts, dont 247 enfants), le consul général a dit en s'adressant à Robert Hébras: "Vous êtes une des rares personnes qui réussissez à ouvrir les yeux et le coeur, surtout des jeunes gens, à leur transmettre la faculté de distinguer le bien du mal, mais aussi leur apprendre qu’il y a une obligation à refuser d’exécuter des ordres criminels. C’est l’expression d’un humanisme admirable, qui me rappelle Nelson Mandela, qui malgré toute la misère et les souffrances avait réussi à surmonter les sentiments de haine".

Très ému, le rescapé, fringuant nonagénaire, a eu une pensée pour son "ami" Jean Marcel Darthout, second survivant d'Oradour encore en vie, "qui est très fatigué et qui n’a pas pu venir".

Parlant du "grand honneur" qui lui est ainsi fait "dans cette ville d’Oradour qui m’a vu naître il y a 90 ans", Robert Hébras a évoqué "ce jour du 10 juin 1944 où ma vie a basculé".

"Le lendemain, aussi, le désespoir, la haine, et cette incompréhension. Quel malheur. Il m’a fallu du temps pour accepter, ne pas oublier le passé, mais regarder vers l’avenir". Aujourd’hui, "j’arrive à l’apogée de ma vie et j’espère qu’après moi la nouvelle génération n’oubliera pas", a-t-il conclu.

Dans l'ancienne église d'Oradour-sur-Glane, plus de 450 femmes et enfants avaient été enfermés et brûlés vifs. Séparés en groupes, les hommes, eux, avaient été abattus dans des granges avant que le village ne soit entièrement incendié. Robert Hébras avait été mitraillé et laissé pour mort dans un garage, d'où il avait réussi à s'échapper malgré l'incendie.

Robert Hébras était apparu lors de la visite d'Oradour par les présidents français François Hollande et allemand Joachim Gauck, le 4 septembre 2013, une première pour un président allemand. Il avait saisi leurs mains pendant la visite de l'église où furent assassinés la plupart des femmes et des enfants, un symbole rappelant le geste de réconciliation réalisé par le président français François Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl en 1984 à Verdun.

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