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Hongrie: le nouveau parlement investi, des milliers de manifestants attendus

Le parlement hongrois largement dominé par le parti conservateur de Viktor Orban a inauguré mardi sa nouvelle mandature sous les sifflets de quelques centaines de manifestants tandis que des milliers d'autres sont attendus dans le soirée pour contester la légitimité du Premier ministre récemment réélu.

Viktor Orban entame son troisième mandat d'affilée aux commandes d'une Hongrie plus divisée que jamais entre les partisans de sa bataille contre l'immigration et ceux qui l'accusent de dérives antidémocratiques.

Quelques centaines de protestataires se sont rassemblés mardi matin, sous haute surveillance policière, devant le parlement hongrois vers lesquels ils ont lancé les cris de "traître" ou "Orban, sors de là!". La manifestation la plus importante est attendue en fin de journée, à partir de 18h00 locales (16h00 GMT).

A l'intérieur de l'édifice, les nouveaux députés ont prêté serment et le chef de l'Etat Janos Ader a recommandé à la majorité de renommer Viktor Orban au poste de Premier ministre, une procédure qui n'interviendra que jeudi, au lieu de mardi comme initialement indiqué sur le site internet du parlement.

Depuis les élections législatives du 8 avril, qui ont assuré à Viktor Orban une victoire encore plus large qu'attendue, des milliers de Hongrois se sont ralliés à un mouvement de protestation lancé sur les réseaux sociaux sous le mot d'ordre "Nous sommes la majorité".

L'avenir de cette mobilisation citoyenne dépendra largement de la capacité des partis d'opposition à canaliser la dynamique, alors que le triomphe d'Orban les a assommés.

De son côté, Viktor Orban est sorti renforcé du scrutin qu'il a présenté comme le "mandat le plus fort" qu'il ait jamais remporté. L'ancien dissident anticommuniste avait dirigé le gouvernement de 1998 à 2002 avant de revenir au pouvoir en 2010 pour deux mandats successifs qui ont fait de lui l'icône des droites populistes et nationalistes en Europe.

Avec 133 députés sur 199, le parti Fidesz du Premier ministre bénéficie d'une "super majorité" des deux-tiers qui permet de réviser la Constitution.

- Cortèges hétéroclites -

Le député Vert Akos Hadhazy, croisé de la lutte contre la corruption, a refusé mardi de prêter serment pour protester contre un parlement qu'il juge "illégitime", a-t-il expliqué à l'AFP, dénonçant les millions d'euros dépensés par le précédent gouvernement pour exercer sa "propagande" auprès des électeurs.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait estimé après le scrutin que la capacité à voter en connaissance de cause avait été entravée par la "rhétorique xénophobe" ambiante et la "partialité des médias".

Lundi, l'OSCE a exprimé sa "grande préoccupation" après que trois journalistes travaillant pour des sites d'information indépendants se sont vu refuser une accréditation pour couvrir l'ouverture de la session parlementaire.

Viktor Orban a fait du rejet de l'immigration, dans un pays qui n'accueille qu'une poignée de demandeurs d'asile, l'axe de sa campagne électorale à coup de formules choc agitant la "menace vitale" représentée par "l'invasion migratoire" pour la survie de l'"Europe chrétienne".

Il entend poursuivre dans la même veine: "La mission la plus importante du nouveau gouvernement sera la défense de la sécurité de la Hongrie et de la culture chrétienne", a prévenu celui qui a érigé des clôtures barbelées à plusieurs frontières du pays et durci les lois sur l'immigration.

Le Premier ministre a déjà annoncé vouloir graver dans la Constitution le refus d'accueillir certains migrants. Il veut faire adopter de nouvelles lois ciblant les ONG. De nombreuses institutions internationales l'ont accusé, depuis 2010, d'avoir muselé les contre-pouvoirs du pays.

Face au Fidesz qui a fait le plein des voix dans la Hongrie rurale, les cortèges anti-Orban présentent un visage hétéroclite, où les drapeaux européens, ceux arc-en-ciel de la communauté homosexuelle côtoient les symboles ultra-nationalistes.

Sur la page Facebook de la manifestation de mardi, les organisateurs appellent à "ne pas laisser le système corrompu d'Orban nous priver de notre liberté, des fonds de l'UE et de la place de notre pays en Europe".

Mais l'opposition n'a pas meilleure presse auprès des protestataires. Un récent sondage a conclu que les électeurs rendaient les autres formations politiques, divisées et au discours peu audible, responsables de leur propre défaite.

Or, sans "une coordination entre l'opposition parlementaire et celle de la rue", les manifestations seront vaines, estime l'analyste Daniel Hegedus pour l'AFP.

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