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Enquête contre Abad, vote de confiance: équation compliquée pour Borne

L'équation s'est un peu plus compliquée mercredi pour Élisabeth Borne avec l'ouverture d'une enquête pour tentative de viol contre le ministre Damien Abad, alors qu'elle doit aussi décider si elle prend le risque ou non de solliciter la confiance des députés.

La nouvelle Assemblée nationale a continué par ailleurs de s'organiser dans la douleur, avec la distribution très disputée par les oppositions de quelques postes-clés, avant l'élection jeudi du puissant président de la commission des Finances.

Un décret paru mercredi au Journal officiel a annoncé la convocation du Parlement en session extraordinaire à partir du 5 juillet et listé les textes au menu, dont le pouvoir d'achat et la sécurité sanitaire.

La Première ministre doit formuler pour la fin de la semaine des propositions "pour une feuille de route" et la composition d'un nouveau gouvernement prévu pour début juillet.

L'avenir du ministre des Solidarités Damien Abad apparaît désormais très compromis après l'annonce de l'ouverture d'une enquête par le parquet de Paris sur la base d'une plainte déposée lundi par une femme pour tentative de viol remontant à 2010.

"Une non information", selon les avocats de M. Abad lequel "prend acte de cette suite logique et pourra rapidement démontrer son innocence".

Pressée par les Insoumis de demander un vote de confiance après sa déclaration de politique générale, Elisabeth Borne n'a pas encore décidé, sachant qu'un vote négatif entraîne la démission du gouvernement, conformément à l'article 50 de la Constitution.

"Je prendrai ma décision à l'issue des consultations (avec les différents groupes parlementaires) et je ferai connaître ce choix le moment venu", a déclaré à la presse la cheffe du gouvernement à l'issue d'une visite au siège du Planning familial.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, près de 3 Français sur 4 souhaitent ce vote de confiance qui est un usage mais pas une obligation.

Tous les Premiers ministres de la Vème République se sont pliés à l'exercice de la déclaration de politique générale, mais quatre d'entre eux, dont Edith Cresson et Michel Rocard, ne l'ont pas fait suivre d'un vote de confiance.

- "Mains dans le cambouis" -

Élisabeth Borne a poursuivi ses consultations auprès des chefs des groupes parlementaires à l'Assemblée nationale en recevant à Matignon André Chassaigne (PCF) puis la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen. Les "indépendants" Bertrand Pancher et Christophe Naegelen étaient également attendus dans la soirée. Le rendez-vous avec Mathilde Panot (LFI) a été reporté à jeudi.

Le chef des députés communistes a promis, en sortant de Matignon, que ses troupes étaient "adeptes de mettre les mains dans le cambouis", de "voter ce qui peut aller dans le bon sens et nous opposer fermement à ce qui est régressif ou insuffisant".

Marine Le Pen a laissé entendre de son côté que son groupe ne voterait pas forcément une motion de censure. "Nous n'usons pas de ces motions avec légèreté", a-t-elle dit, en soulignant qu'un fait "d'une particulière gravité" devait justifier une telle "déstabilisation des institutions".

- "Les masques tombent" -

Pendant ce temps-là, l'Assemblée nationale, désormais présidée par Yaël Braun-Pivet, votait pour élire son bureau et, avant-goût peut-être des mois à venir, l'affaire a rapidement tourné à la foire d'empoigne entre gauche et majorité.

Six vice-présidents et trois questeurs ont pu être élus. Il s'agit pour les premiers de Valérie Rabault (PS), Elodie Jacquier-Laforge (MoDem), Naïma Moutchou (Horizonssv b), Caroline Fiat (LFI), Sébastien Chenu (RN) et Hélène Laporte (RN). Et pour les questeurs ont été élus Marie Guévenoux et Eric Woerth (LREM), ainsi que Eric Ciotti (LR).

La gauche a accusé des membres de la majorité d'avoir voté pour des candidats d'extrême droite, lors des scrutins à bulletins secrets. Un choix assumé par la cheffe de file des députés LREM Aurore Bergé qui a défendu l'importance que "toutes les sensibilités" puissent être représentées au bureau.

"LREM a appelé à voter pour le Front national. Les masques tombent", a dénoncé Julien Bayou, coprésident du groupe écologiste.

"M. Bayou voudrait quasiment que certains représentants (les RN) n'aient pas le droit de siéger dans l'hémicycle. Ce n'est pas ma conception de la démocratie", a répondu le président des députés LR Olivier Marleix.

Renaissance (ex-La République en marche) compte 172 députés dont quatre apparentés, le MoDem 48, Horizons 30 dont deux apparentés, le RN 89 dont une apparentée, LR 62 dont trois apparentés, LFI 75, le PCF et ses alliés ultramarins 22, le PS 31, les écologistes 23 et le groupe "Libertés, indépendants, outre-mer, territoires" 16. Neuf députés sont non-inscrits.

La majorité présidentielle peut donc tabler sur 250 députés, toujours loin des 289 de la majorité absolue.

L'élection prévue jeudi du président de la commission des Finances, réservée à un membre de l'opposition, fait elle aussi l'objet d'autant de convoitises que de spéculations. Elle devrait se jouer entre le député LFI Éric Coquerel, qui compte sur les voix de l'ensemble de la Nupes (outre les mélenchonistes, le PS, le PCF, EELV) et le député RN Jean-Philippe Tanguy, en quête d'alliés à droite.

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