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Au meeting de Macron, "Et un, et deux, et cinq ans de plus!"

Plus de 30.000 personnes, une fanfare dans les gradins, des banderoles "Droit au but": les "Macron président" et "Et un, et deux, et cinq ans de plus!" résonnaient samedi dans la gigantesque Arena La Défense pour accueillir le président-candidat pour son seul grand meeting d'avant-premier tour.

"Un meeting, ça sert à faire vivre le collectif et à se mobiliser": alors que les "Jeunes avec Macron", rebaptisés "Team Ambiance", avaient chauffé la salle, épaulé par la musique d'un DJ, Hardwell, l'actuel Premier ministre Jean Castex, son prédécesseur Edouard Philippe, et de nombreuses figures de la Macronie étaient venus soutenir leur candidat, autant menacé par l'absentions que l'extrême droite.

Devant l'immense scène centrale où il devait s'exprimer, Nicolas, un médecin trentenaire, tempère: "Bon, c'est pas un vote d'adhésion, mais le débat politique est tellement médiocre...". Et pour celui qui était encore candidat LR aux élections départementales dans le Grand-Est il y a six mois, "Emmanuel Macron est le seul à pouvoir diriger le pays".

"Maintenant, il faut qu'il sorte de cette chrysalide de président", exhorte ce marcheur converti, qui s'inquiète "de l'idée que certains pourraient avoir qu'une présidentielle, c'est une reconduction tacite": "Il a donné des idées, j'en attends d'autres aujourd'hui".

Trop molle, cette campagne? "Aujourd'hui, c'est un +go+ très fort à une semaine du premier tour", veut rassurer le ministre Franck Riester, quand son collègue Sébastien Lecornu, estime que "les meetings de ce weekend seront un moment où une grande partie du corps électoral va commencer vraiment à s'intéresser à la campagne".

Sous couvert d'anonymat, une figure de la campagne reconnaît toutefois "une drôle de campagne", à la fois menacée par une forte abstention aux conséquences imprécises et une percée sondagière de Marine Le Pen, désormais dans la marge d'erreur au deuxième tour (53%-47%).

"Elle se donne une image de changement, mais la réalité d'extrême droite demeure", martèle Franck Riester, qui égraine les "contradictions" de la leader du RN, sur l'Europe ou les retraites.

"Pour nous, il y a une exigence de responsabilité", poursuit-il. Quitte à nourrir un procès en embourgeoisement, avec un projet dont seul l'allongement de l'âge légal du départ à la retraite semble avoir été retenu? "Le chef d'Etat sortant doit être pointilliste, pas impressionniste", défend un proche.

"Et puis c'est le seul candidat qui a un programme!", relève Sophie Tolachides, une Parisienne de 45 ans, venue pour ce premier - et probablement seul - meeting, "parce qu'il faut bien à un moment montrer de l'enthousiasme, malgré ce qui se passe en Ukraine".

"On a tiré le bon lot en 2017", Dominique Boue, mais "il faudrait qu'il évite de parler des retraites: les gens ne voient que le pouvoir d'achat", met en garde cette septuagénaire venue en voisine.

- Parler au cœur des gens -

Pourquoi Macron? "J'attends qu'il continue à reformer la France, qu'il aille plus loin dans écologie", plaide Thomas Halberstadt, un étudiant de 21 ans, quand une médecin, Laurence Felenbok, drapeaux européens en mains confie que le côté "cash" du chef de l'Etat lui "plaît: ça change de la langue de bois".

"Il a obligé les soignants de se vacciner, c'était bien, il a du courage" loue encore une autre médecin, en citant "son charisme, son intelligence".

Avant un discours dont les stratèges promettent qu'il doit "mettre davantage sur sens profond et parler davantage au cœur des gens", l'ancienne ténor du Parti socialiste Elisabeth Guigou, soutien du président-candidat, se rassure qu'Emmanuel Macron "ait, là, commencé à vraiment faire campagne".

L'ex-socialiste balaie toute idée de ronronnement et encore moins une comparaison avec la campagne de Lionel Jospin d'il y a vingt ans, dont elle était une cheville ouvrière, jugée a posteriori sérieuse mais ennuyeuse: "Il n'y a aucun parallèle possible", tranche-t-elle.

Le grand raout de samedi après-midi peut-il inverser une forme de flottement dans la campagne, qui se traduit notamment par une baisse continue dans les études d'opinion?

"Les meetings sont importants mais je n'ai jamais pensé qu'ils faisaient une élection, et puis vous pouvez le planter", mettait en garde Christophe Castaner une heure avant l'arrivée d'Emmanuel Macron, en estimant que "la campagne se jouait aujourd'hui sur son bilan et sur la dynamique".

Dans quel état d'esprit le prétendant à sa réélection abordait-il son grand oral ? "Impatient. Il est heureux, il aime ces moments-là", assure ce marcheur de la première heure.

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