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Le projet de budget 2020 sous le feu des critiques de l'opposition et du patronat

Des baisses d'impôts pour les ménages, mais peu d'efforts sur le déficit et des entreprises mises à contribution: le projet de budget 2020 suscite inquiétudes et critiques du patronat et des tenants de la rigueur, tandis que la gauche fustige un engagement insuffisant dans la transition écologique.

Venus défendre le projet de budget devant la commission des Finances à l'Assemblée nationale, les ministres de l'Economie Bruno Le Maire et des Comptes publics Gérald Darmanin ont affronté une salve de critiques des députés de l'opposition.

La première est venue du président de la commission Eric Woerth (LR): ce projet de loi est "un budget de dépense alors qu'on aurait eu besoin d'un budget d'investissement", a-t-il affirmé, pointant aussi "la baisse du déficit le plus faible depuis 10-15 ans" et une dette qui "se stabilise à un très haut niveau".

D'autres députés Les Républicains ont enfoncé le clou sur le sujet de la rigueur budgétaire, s'interrogeant sur le "renoncement" aux ambitions de réduction du déficit affichées en début de quinquennat.

A gauche, la France insoumise (LFI) a elle accusé dans un communiqué ce budget d'"irresponsabilité écologique" et de "discrimination sociale aggravée", sans investissements suffisants en faveur du climat.

Même son de cloche pour le secrétaire national du parti communiste, Fabien Roussel, pour qui le budget est sans "réponses concrètes" à l'urgence sociale (...) et climatique", pointant notamment les suppressions de postes au ministère de la Transition écologique.

Dans son projet de budget pour l'an prochain, le gouvernement a notamment prévu une baisse de plus de 9 milliards d'euros d'impôts pour les ménages, en particulier via la réduction de l'impôt sur le revenu, et quelques mesures d'économies, comme le quasi-gel des prestations sociales, la suppression de niches fiscales ou une moindre baisse de l'impôt sur les sociétés.

Au total, avec une croissance qui va se tasser à 1,3%, le déficit se situera à 2,2% du PIB, contre 2% initialement prévu par le gouvernement. Surtout, le déficit structurel (hors éléments exceptionnels et évolution de la conjoncture) restera stable, et la dette publique va à peine baisser à 98,7% du PIB, après une hausse à 98,8% cette année.

Un peu plus tôt, le premier président de la Cour des comptes et président du Haut conseil pour les finances publiques Didier Migaud a noté devant les députés que le déficit public restait "nettement plus élevé que la moyenne de la zone euro".

- Crainte de voir la croissance "caler" -

"Malgré une certaine amélioration, la situation de nos finances publiques reste fragile et laisserait peu de marges de manœuvre budgétaire dans l'hypothèse d'une accentuation du ralentissement économique", a-t-il prévenu.

Face à ces critiques, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a encore une fois défendu les choix "politiques" du gouvernement sur le soutien à la consommation dans un "contexte de ralentissement marqué de la croissance mondiale".

Il a aussi rejeté les attaques sur un laxisme du gouvernement sur les finances publiques, assurant que le budget "poursuit" leur rétablissement et que le déficit est "à un des niveaux les plus bas depuis 20 ans".

Le rapporteur général du budget et député (LREM) Joël Giraud a abondé dans ce sens, saluant les "bonnes nouvelles" sur la croissance française et les baisses d'impôts. Il se félicite par ailleurs dans un communiqué de "l'équilibre trouvé entre relance et maîtrise du déficit public".

Du côté des représentants du patronat, on s'inquiète des efforts demandés aux entreprises. Le Medef redoute que ce budget ne fasse "caler le moteur de la croissance". Il signifie "un arrêt de la politique de l'offre", menée par le gouvernement depuis plusieurs années pour favoriser les entreprises, a encore dénoncé le Medef, rejetant l'argumentaire du gouvernement.

Selon Bercy, les impôts des entreprises vont baisser de 1 milliard d'euros l'an prochain, notamment grâce à la baisse de l'impôt sur les sociétés, et de 13 milliards d'euros sur l'ensemble du quinquennat.

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a quant à elle regretté certaines mesures du budget 2020 qui vont "renchérir les prélèvements sur les entreprises".

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