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Amnesty international somme le Brésil d'élucider l'assassinat de Marielle Franco

Amnesty international a sommé vendredi Brasilia d'élucider l'assassinat à Rio de Janeiro de l'élue et militante des droits de l'homme Marielle Franco, à la veille de commémorations marquant le premier mois de cette exécution qui a révolté les Brésiliens.

L'assassinat le 14 mars de cette élue municipale noire charismatique de 38 ans originaire d'une favela et fortement engagée contre le racisme, la violence policière et en faveur des minorités, n'a toujours pas été élucidé, en dépit des promesses du gouvernement.

"La société a besoin de savoir qui a tué Marielle et pour quelle raison. Chaque jour qui passe n'apporte aucune réponse", a déclaré Jurema Werneck, directrice exécutive d'Amnesty International Brésil, dans un communiqué.

"L'Etat doit garantir qu'une enquête approfondie aura lieu et que ceux qui ont tiré, mais aussi les commanditaires de l'homicide, soient identifiés. Faute de cela, le message serait que les défenseurs des droits de l'homme peuvent être assassinés et le crime être impuni", ajoute AI.

"Le Brésil est l'un des pays où l'on tue le plus de défenseurs des droits de l'homme", poursuit Amnesty. "Rien qu'en 2017, au moins 58 ont été assassinés". Le Brésil est aussi un pays où l'écrasante majorité des homicides reste impunie.

L'assassinat de Marielle Franco -- criblée de balles à l'arrière de sa voiture -- a eu lieu alors que l'armée est désormais en charge d'une intervention dans l'Etat de Rio de Janeiro censée y éradiquer la flambée de violence depuis la fin des jeux Olympiques de 2016.

La jeune femme a été tuée, de même que son chauffeur, Anderson Gomes, alors qu'elle sortait d'un débat public en plein centre de Rio. Sa mort a déclenché immédiatement de nombreuses manifestations dans les rues de la "Ville merveilleuse" mais également dans d'autres grandes villes du Brésil et une importante mobilisation sur les réseaux sociaux.

"Pour une grande partie des homicides des défenseurs des droits de l'Homme, il n'y a pas d'enquête, il n'y a pas de responsables désignés", a déploré Renata Nader, d'AI, interrogée par l'AFP-TV.

"Cette impunité des homicides de défenseurs des droits de l'Homme finit par générer de plus en plus de peur, d'autocensure, de démobilisation…. et on ne peut pas laisser cela se produire".

"Si le cas de Marielle, qui est un cas avec une grande visibilité, (...) n'est pas élucidé (...) imaginez ce qu'il arrivera aux autres cas qui ont moins de visibilité".

Un mois jour pour jour après l'exécution de Marielle Franco, des défenseurs des droits de l'homme organisent diverses commémorations, notamment un hommage au lever du soleil sur le front de mer à Rio de Janeiro puis une marche en soirée refaisant le parcours prévu par Marielle Franco le jour fatidique.

L'enquête semble faire du surplace. Le ministre de la Sécurité publique, Raul Jungmann, avait confirmé l'origine policière des balles utilisées, volées selon lui "des années plus tôt" à la police, à plus de 2.000 km de Rio. Des empreintes digitales auraient été retrouvées sur une balle.

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