Accueil Actu

Christopher Walken: la classe américaine au regard bleu glacial

"Je ne crois pas que je revivrai un tournage comme celui de +Voyage au bout de l'enfer+, et c'était... il y a plus de quarante ans": Christopher Walken, invité d'honneur du Champs-Elysées Film Festival à Paris, remonte le film de sa vie d'acteur.

Croiser le regard intense, beau, énigmatique et inquiétant de l'acteur, revient à se croire en face d'un des marcheurs blancs de la série "Game of Thrones". Sauf que l'homme, sans pour autant être expansif, est bien plus chaleureux.

A 76 ans et plus de cent films au compteur, Walken reste hyper actif, au rythme d'un ou deux longs métrages par an, et profite de sa brève rencontre avec l'AFP pour demander des nouvelles de son ami Abel Ferrara, présent il y a quelques semaines à Cannes mais qu'il "ne voit plus" depuis qu'il "vit à Rome". "J'adorerais tourner à nouveau avec lui".

Il faut dire que le cinéaste écorché a offert à Christopher Walken parmi ses rôles les plus marquants au cours des années 90 ("Le roi de New York", "The Addiction", "Nos funérailles", "New Rose Hotel"), à une époque où il incarnait une certaine gueule du truand à tendance psychopathe.

"J'ai adoré sa façon bien a lui de mettre en scène son énergie débordante", raconte celui qui aimerait également recroiser la route de David Cronenberg, 36 ans après "Dead Zone", sa première incursion dans la science fiction.

"Il est si talentueux, ses films sont toujours aussi bons, mais je n'en referai pas avec lui. En fait, je crois qu'il me déteste, mais je ne sais pas pourquoi... J'aimerais bien le lui demander tiens", confie-t-il, ponctuant sa phrase d'un rire en forme de pichenette.

Un rire, finalement assez rarement vu et entendu chez Walken, qui amène à lui suggérer que son potentiel comique n'a peut-être pas assez été exploité. "Ce n'est probablement pas ce que j'inspire", convient celui qui aurait pu former avec Jodie Foster le couple Han Solo/Leïa Skywalker dans la saga Star Wars.

- "Les rats entre nos pieds" -

"George Lucas nous a auditionnés... Je ne sais pas si j'aurais été bon à ce job, mais j'aurais bien aimé en tout cas. J'ai aussi fait des essais pour Love Story. Il y a pas mal de rôles qui me sont passés sous le nez, mais j'en ai eu quelques uns de bons aussi".

On acquiesce, en l'invitant à parler de "Voyage au bout de l'enfer" (1978) qui lui valut l'Oscar du meilleur second rôle. "Très inexpérimenté, je me retrouvais avec Robert De Niro, Meryl Streep, John Cazale, John Savage... On a tous senti que ce film était particulier, jusqu'aux lieux de tournage, l'aciérie, la forêt en Pennsylvanie, la jungle en Thaïlande... Ce fut une expérience unique."

Les scènes de roulette russe, intensément dramatiques, l'acteur en attribue le crédit surtout au réalisateur Michael Cimino. "Il a eu l'idée de filmer en pleine nuit, à 4h00 du matin, sous une chaleur humide quasi insoutenable. On était un peu à bout. En plus, un rideau de pluie tombait au dehors et des vrais rats couraient entre nos pieds. Ça aidait pas mal..."

Deux ans plus tard, Walken retrouvera Cimino sur "Les portes du paradis", film ambitieux, longtemps incompris et énorme échec commercial, dont "tout le monde à souffert, même si le temps l'a réhabilité".

De son apparition mémorable dans "Pulp Fiction" ou des aventures "Tim Burtoniennes" dans "Batman, le défi" et "Sleepy Hollow", Walken n'aura pas le temps de parler.

Tout juste, a-t-il pu évoquer le plutôt méconnu "Tout l'or du ciel" (1981) de Herbert Ross, dans lequel cet enfant de la balle fit découvrir au cinéma ses talents de danseurs, datant de ses débuts à Broadway.

"C'est grâce à ce film que le réalisateur Spike Jonze m'a approché en 2001 pour le clip de +Weapon of Choice+ de Fatboy Slim. J'ai réglé moi-même la chorégraphie. C'était génial. Tiens, on voit bien que je sais aussi rigoler!"

À lire aussi

Sélectionné pour vous