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JO-2018: Moscou plaide le sabotage pour le curleur Krushelnitsky positif

Dopé "à l'insu de son plein gré" ? C'est la défense de Moscou après le contrôle positif au meldonium du curleur Alexander Krushelnitsky aux JO de Pyeongchang, un nouveau cas de dopage embarrassant pour la Russie.

Dès l'annonce du contrôle positif du sportif, médaillé de bronze du curling mixte avec sa femme Anastasia Bryzgalova, Moscou a allumé ses contre-feux. Scrutée par la planète sport, montrée du doigt pour les tricheries répétées organisées jusqu'aux JO de Sotchi en 2014, la Russie n'avait en effet pas besoin de ce nouveau scandale.

Lundi, alors que le Tribunal arbitral du sport (TAS) avait officialisé le contrôle positif du Russe sans préciser la substance détectée, le président de la Fédération russe de curling Dmitri Svichtchev évoquait d'emblée une "provocation" et un "acte de sabotage".

"Depuis 2015, il a donné onze échantillons et tous étaient négatifs. Qu'est-ce qui passerait par la tête d'un homme pour prendre une pilule (interdite) juste avant les Jeux?", s'interrogeait-il.

Mardi, après les précisions apportées sur la nature du produit illicite découvert dans les deux échantillons analysés, du meldonium, Alexander Krushelnitsky s'est dit "choqué" par ce qui représente "un énorme coup porté à (sa) réputation et à (sa) carrière".

Et Moscou s'est accroché à sa ligne de défense, à commencer par le ministre des Sports, Pavel Kolobkov: "Il est évident que dans ce cas concret, il n'a pas pu prendre ce médicament interdit intentionnellement, cela n'aurait simplement aucun sens."

"Le curling n'est pas le genre de sport dans lequel les athlètes malhonnêtes se dopent", a-t-il affirmé dans un communiqué.

Les instances sportives, à l'image du Comité olympique russe, ont par ailleurs pointé le fait que le curleur avait été contrôlé négatif juste avant les JO et qu'une seule prise de meldonium "n'a absolument aucun sens pour obtenir un effet thérapeutique sur le corps humain".

Le meldonium, surtout utilisé dans les pays d'Europe de l'Est, est normalement destiné à soigner les angines et les cardiopathies afin d'augmenter les performances des sujets malades. Interdit par l'Agence mondiale antidopage (AMA) depuis le 1er janvier 2016, son usage a été détourné notamment dans dans les épreuves de vitesse, car il accroît la vascularisation du muscle cardiaque.

- 'Quand et comment?' -

De l'avis même des sportifs, se doper et prendre du meldonium est a priori inutile en curling. "Je ne suis même pas sûre de ce que vous pourriez utiliser comme dopant pour le curling. La force et tout ça? Ce n'est pas vraiment un allié", expliquait lundi la membre de l'équipe danoise Madeleine DuPont.

Pour la Russie, l'enjeu est donc de comprendre "quand et comment" du meldonium a pu se retrouver dans l'organisme de son curleur, comme l'affirment chacun dans leur communiqué le Comité olympique russe et Pavel Kolobkov.

"Personne n'accuse personne, mais les faits sont là. Il faut comprendre quand et comment ce médicament s'est retrouvé dans son organisme", s'interroge ainsi le ministre des Sports qui prend soin, à la différence du président de la Fédération russe de curling, de n'accuser personne ou d'éviter de crier au complot.

Reste que, même si Alexander Krushelnitsky avait ingéré accidentellement du meldonium, les Russes devront expliquer pourquoi ils conservent dans leur pharmacie une substance prohibée depuis plus de deux ans, qui a déjà provoqué la suspension de nombreux sportifs russes, dont Maria Sharapova.

L'enjeu est de taille pour la Russie. Car ce contrôle positif, le premier dans le curling pendant des Jeux depuis que ce sport est devenu olympique à Nagano en 1998, intervient alors que le CIO doit décider le 24 février de lever ou non la suspension du Comité olympique russe.

En cas de levée de la suspension, les 168 athlètes russes, dénommés officiellement Athlètes olympiques de Russie (OAR), pourraient défiler lors de la cérémonie de clôture des Jeux sous le drapeau russe, alors qu'ils avaient pris part à la cérémonie d'ouverture sous bannière olympique.

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