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Norvège: une ministre retire une publication ayant fait scandale

La très controversée ministre norvégienne de la Justice a retiré mercredi une publication qui avait semé l'émoi parmi les rescapés de la tuerie d'Utøya et lui vaut désormais une motion de défiance au Parlement.

Élue du parti du Progrès (FrP), formation anti-immigration, Sylvi Listhaug avait accusé vendredi sur Facebook le parti travailliste (opposition) de considérer que "les droits des terroristes sont plus importants que la sécurité de la nation".

Elle lui reprochait d'avoir rejeté une mesure permettant de priver de la nationalité norvégienne les jihadistes, sans en référer à un juge.

Agrémenté d'une photo montrant des shebab (islamistes somaliens) menaçants, le message a d'autant plus choqué que les travaillistes ont eux-mêmes été victimes de la pire attaque terroriste jamais perpétrée sur le sol norvégien depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Le 22 juillet 2011, l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik, un temps membre du FrP, a tué 77 personnes dans une double attaque contre le siège du gouvernement à Oslo, alors dirigé par le travailliste Jens Stoltenberg (actuellement Secrétaire général de l'Otan), et contre un camp des Jeunes travaillistes sur l'île d'Utøya.

Par un hasard de calendrier, le message de Mme Listhaug coïncidait avec la sortie en Norvège du premier film consacré à cette tragédie.

"C'est extrêmement grave", ont réagi dans une chronique deux survivants de la tuerie, tandis que le chef des travaillistes, Jonas Gahr Støre, accusait la ministre d'"attiser la haine qui a mené au (massacre du) 22 juillet".

La Première ministre conservatrice, Erna Solberg, a elle-même été vivement critiquée pour ses réticences à recadrer sa ministre. "Ça a dépassé les limites, c'était une attaque trop dure contre le parti travailliste", a-t-elle finalement concédé, laissant les voix critiques insatisfaites.

Un élu d'extrême gauche a annoncé vendredi le dépôt "dès que possible" d'une motion de défiance vis-à-vis de la ministre, un geste qui risque d'ajouter à l'embarras du gouvernement, minoritaire au Parlement, et qui va obliger ses alliés du centre droit à trancher.

"Cela me surprendrait que la majorité au Storting (Parlement norvégien) ait confiance en la ministre de la Justice, surtout à la lumière des vives réactions que son message Facebook a suscitées", a expliqué le député Bjørnar Moxnes à l'agence NTB.

Pressée de s'excuser, Mme Listhaug avait publié mardi un autre message sur Facebook dans lequel elle assurait ne pas avoir eu l"objectif ni l'intention de blesser quiconque".

Puis, elle a fini par retirer la publication controversée en invoquant dans un troisième message des problèmes de droits interdisant l'usage à des fins politiques de la photo des shebab, prise par Associated Press et distribuée par l'agence Scanpix.

Un geste qui n'a pas suffi à désamorcer les critiques. "S'excuser auprès des victimes du terrorisme: Non. S'excuser auprès de Scanpix: Oui", a ironisé un usager de Twitter.

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