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Premier petit-déjeuner d'homme libre pour Michel Cardon, l'un des plus anciens détenus de France

Un "premier petit-déjeuner d'homme libre": condamné à la perpétuité pour un meurtre commis en 1977, Michel Cardon, l'un des plus anciens détenus de France qui a passé plus de quarante ans en détention, est sorti vendredi matin de prison.

"Je suis très ému, et lui très heureux, il sourit tout le temps", a déclaré par téléphone à l'AFP son avocat Me Eric Morain, qui prenait un café avec son client sur une aire d'autoroute.

Ils ont quitté le centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) vers 8h40. A 67 ans, il est l'un des plus anciens détenus de France.

Après trois permissions de sorties depuis le printemps, "c'est son premier petit-déjeuner d'homme libre, ou presque libre", a-t-il salué. Tous les deux sont partis ensemble dans une voiture, direction la région parisienne.

M. Cardon et un complice avaient été condamnés en 1979 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre à Amiens d'un voisin qu'ils avaient cambriolé. La peine de mort avait été requise. Les deux hommes étaient repartis avec un maigre butin de 200 francs et une charrette d'objets dérisoires.

"Nous avons chargé ses affaires. Nous on a besoin de louer des utilitaires; pour lui ça tenait dans un chariot pas plus grand qu'un caddy", a-t-il raconté. "Il est très présent, il sait très bien ce qui se passe" malgré les séquelles d'un AVC qui rendent difficile son élocution.

- Conditionnelle jusqu’en 2022 -

Michel Cardon doit être placé dans un centre d’hébergement et de réinsertion du Val-d'Oise, où il devra se soumettre à des soins psychologiques et psychiatriques.

Il reste administrativement sous écrou de la prison d'Osny (Val d'Oise). Il sera suivi par un juge d'application des peines (JAP) de Pontoise, avec une période probatoire d'un an, conformément à la décision du tribunal d'application des peines d'Arras qui lui avait accordé fin mars sa remise en liberté conditionnelle "sous condition du bon déroulement d'un placement à l'extérieur" pendant un an à compter du 1er juin 2018.

Cette demande de libération conditionnelle avait été déposée en 2016 après cinq requêtes rejetées, les experts relevant un risque de récidive toujours présent, selon le parquet d'Arras. Une sixième requête avait fait l'objet d'un désistement.

Le parquet avait requis le 15 mars un placement extérieur probatoire à une libération conditionnelle dans un établissement pour personnes âgées dépendantes.

Dans la mesure où sa période de libération conditionnelle doit durer jusqu'en 2022, Me Morain maintient sa demande de grâce présidentielle, qu'il avait formulée dans un courrier du 12 février et révélé par le JDD.

Michel Cardon, sous tutelle depuis 10 ans, avait été incarcéré à 26 ans, le 29 octobre 1977. Il était écroué au centre de détention de Bapaume depuis le 5 juin 1996.

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