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Joe Biden va directement démanteler des dizaines de mesures de Trump: Covid, climat, immigration, relations internationales...

Après son investiture, Joe Biden se mettra au travail sans tarder. Il adoptera plusieurs décrets sur le climat, l’immigration ou encore la lutte contre le coronavirus.

Joe Biden prendra dès son entrée à la Maison Blanche mercredi 17 actions présidentielles pour revenir sur les mesures phares de Donald Trump. Après sa prestation de serment, Joe Biden se mettra directement au travail. Deux grands défis l’attendent.

Vacciner rapidement et masque obligatoire

"D’abord la lutte contre le Covid-19 et toutes ses conséquences: économiques surtout, parce que l’économie américaine est très affectée par cette crise, explique Régis Dandoy, politologue à l’Université Libre de Bruxelles. Ce sera la première priorité."

"Ces dernières heures, les États-Unis ont franchi le cap de 400.000 morts", a rappellé notre grand reporter Jean-Pierre Martin dans le RTL INFO Bienvenue. "On envisage 500.000 morts dès le mois de février. Alors Joe Biden s’est mis un défi : 100 millions de vaccinations en 100 jours, donc en trois mois", a ajouté notre grand reporter Christophe Giltay dans le RTL INFO 13H.

"Joe Biden pourra imposer le masque obligatoire dans les services publics. Pas partout mais dans tout ce qui relève de la politique nationale", ajoute Jean-Pierre Martin. "Ce serait surement tout à fait symbolique, parce que les services publics fédéraux ne représentent pas grand-chose sur l’ensemble des États-Unis mais ça marquerait quand même un vrai changement de cap", analyse Christophe Giltay.

Retour à l'OMS

Toujours lié à la pandémie de Covid-19. Dès "ce soir, Joe Biden prendra un décret qui permettra au docteur Fauci de réintégrer l’Organisation Mondiale de la Santé. Donald Trump en avait claqué la porte avec grand fracas au moment où la pandémie sévissait. Ce docteur Fauci, qui est immensément respecté par la population américaine, demain sera à la réunion virtuelle prévue à l’OMS", ajoute Jean-Pierre Martin.

Recoller un pays divisé

L'autre grand défi de Joe Biden sera de gérer un pays fracturé. "On peut dire que pour Biden les choses difficiles commencent aujourd’hui dans une Amérique divisée. 72 millions d’Américains ont voté pour Donald Trump et un tiers de ces Américains continue de penser qu’il y a eu tricherie au niveau de l’élection. Le premier travail de Joe Biden sera d’essayer de retisser les liens sociaux aux États-Unis. D’ailleurs son premier discours sera autour du thème de l’unité. Il faudra notamment régler les questions raciales qui sont très tendues dans l’Amérique d’aujourd’hui", analyse encore Christophe Giltay. "Cette partie de l’Amérique qui est en colère, il va la prendre par la main, essayer de les faire réintégrer les institutions, de leur faire aimer à nouveau l’Amérique, de reprendre confiance dans le système institutionnel américain. Ce sera très très long", ajoute Jean-Pierre Martin.

Retour dans l'accord de Paris sur le climat

Le démocrate, qui a fait de la lutte contre le réchauffement climatique une autre priorité de son mandat, adressera dès aujourd'hui un courrier à l'ONU afin que les Etats-Unis puissent rejoindre l'accord de Paris d'ici un mois, a expliqué Gina McCarthy, responsable de ce dossier au sein de la nouvelle équipe présidentielle. "Car contrairement à Trump qui est climatosceptique, Joe Biden pense que le réchauffement climatique présente un danger existentiel pour l’humanité", analyse Christophe Giltay.

Il reviendra aussi sur une série de mesures de dérégulation prises par l'administration sortante en matière de normes environnementales, et révoquera l'autorisation donnée par Donald Trump au projet controversé d'oléoduc Keystone XL, entre les Etats-Unis et le Canada.

Après le mandat de Donald Trump, les experts estiment qu'il incombe aussi au démocrate de restaurer la crédibilité des Etats-Unis sur la scène internationale, en affichant des objectifs concrets sur la manière d'atteindre la neutralité carbone dès 2050.

Pour cela, Joe Biden prévoit de réunir les dirigeants des nations les plus polluantes pour un sommet où il entend convaincre ces pays de revoir à la hausse leurs engagements. Le président démocrate présentera au Congrès le mois prochain son plan de 2.000 milliards de dollars pour le climat, censé placer durablement les mesures vertes au coeur de l'économie américaine.

Relancer une économie décimée par la crise du Coronavirus après avoir performé sous Trump

"Avant la Covid, les résultats américains étaient spectaculaires. Les Américains avaient connu cette crise de 2007/2008 des subprimes et Barack Obama avait déjà commencé à restaurer l’économie et le phénomène a été amplifié par Donald Trump qui a pris toute une série de mesures qui privilégiaient notamment les plus riches et les entreprises. Il a dopé l’emploi. Le taux de chômage n’a jamais été aussi faible depuis la fin des années 60. Il a aussi fait baisser le taux de pauvreté, y compris au sein des minorités américaines", rappelle Jean-Pierre Martin. Mais ces efforts ont été "réduits totalement à néant depuis février et cette spectaculaire épidémie".

Donc aujourd'hui, "l’économie est dans le rouge même si le chômage n’est pas encore trop important aux États-Unis, un peu plus de 6%. Biden a promis un plan d’aide de 1900 milliards de dollars. Il a promis aussi de doubler le salaire horaire minimum ainsi que les allocations de chômage. Mais pour ça il a besoin du Congrès qui lui est en principe acquis, mais à une seule voix seulement", ajoute Christophe Giltay.

Stop aux mesures anti-immigration

En matière de politique migratoire, il prendra aussi le contre-pied de Donald Trump qui avait fait de la lutte contre l'immigration illégale un marqueur de sa présidence.

Joe Biden annulera ainsi un décret migratoire controversé adopté par son prédécesseur pour interdire aux ressortissants de pays en majorité musulmans d'entrer aux Etats-Unis. Cette mesure était "enracinée dans la xénophobie et l'animosité religieuse", a justifié Jake Sullivan, le futur conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche.

Le démocrate signera par ailleurs une "proclamation" pour suspendre les travaux de construction d'un mur à la frontière avec le Mexique et son financement grâce au budget du Pentagone, qui ont suscité d'âpres batailles politiques et judiciaires ces quatre dernières années.

Joe Biden transmettra en parallèle un projet de loi sur l'immigration au Congrès. Il offrira notamment aux 700.000 jeunes arrivés clandestinement aux Etats-Unis lorsqu'ils étaient enfants, les "Dreamers", et aux autres immigrés en situation irrégulière une possibilité de naturalisation à terme et sous conditions.

Le projet de réforme prévoit aussi des fonds supplémentaires pour renforcer la surveillance et les contrôles aux frontières et un plan d'assistance au Salvador, au Guatemala et au Honduras, les pays d'origine de la plupart des migrants, de quatre milliards de dollars sur quatre ans.

Lutte contre les inégalités raciales

Autre front: la lutte contre les inégalités raciales. Joe Biden signera un décret pour ordonner aux agences fédérales d'évaluer les inégalités dans leurs programmes et politiques, a précisé Susan Rice, future directrice du Conseil de politique intérieure et pour réinstaurer les formations à la diversité annulées par son prédécesseur.

Autre gros dossier : rétablir la confiance avec le reste du monde

Ces mesures ne sont qu'une première salve et seront suivies d'autres décrets et proclamations dans les jours à venir, ont précisé les conseillers.

Une autre priorité "concernera plus les conséquences des quatre années de présidence de Trump", poursuit Régis Dandoy. "C’est-à-dire d’essayer de recoller les morceaux, d’essayer de retrouver la politique américaine classique qu’on connaît par exemple en matière de politique étrangère, de commerce international, d’image des Etats-Unis. Quatre ans pour faire tout ça paraît déjà très difficile."

"À la différence du président Trump qui a joué en solo en permanence, qui a irrité nombre de ses partenaires, et des alliés, les Européens en particulier, Joe Biden va tenter de restaurer ces relations", confirme Jean-Pierre Martin.

"Au niveau international, la priorité ce sera l’Iran. Et notamment essayer de faire revenir les Iraniens sur leur décision d’enrichir à nouveau de l’uranium pour se doter d’une capacité nucléaire. Biden va leur proposer de revenir à l’accord de 2015 qu’avait dénoncé Donald Trump", ajoute Christophe Giltay.

L'Europe se félicite d'ailleurs de l'arrivée du démocrate à la Maison Blanche. "Je voudrais adresser de manière solennelle aujourd'hui, en ce jour d'entrée en fonction de Joe Biden un appel un appel à construire ensemble un pacte fondateur, nouveau, pour une Europe plus forte, pour des Etats-Unis plus forts et pour un monde meilleur", a annoncé le président du Conseil européen, Charles Michel, devant le Parlement européen. L'Europe "a un ami à la Maison Blanche" après quatre ans de présidence Trump, a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

L'assurance Kamala Harris

Enfin, il y a le rôle que jouera la première vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris : "Un rôle déterminant. Personne ne peut ignorer l’âge de Joe Biden. Il a déjà eu par le passé une rupture d’anévrisme. En cas de décès ou de défaillance physique, ce serait elle qui prendrait la place. Son rôle sera primordial d’autant plus que de façon très symbolique c’est quand même la première vice-présidente femme qui en plus appartient à la minorité noire", analyse enfin Jean-Pierre Martin.

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