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Malgré la colère des commerçants au bord de la faillite à cause du piétonnier de Bruxelles, Mayeur persiste et signe

Oui il y a eu les attentats, de Paris avec le lockdown et de Bruxelles. Oui il y a les tunnels fermés. Mais le ralentissement de l'économie du centre de Bruxelles-ville avait déjà commencé l'été dernier pour les commerçants. En cause? Le fameux piétonnier instauré par Yvan Mayeur, le bourgmestre PS de Bruxelles. Hier, environ 200 indépendants au bord de la faillite ont pris d'assaut l'hôtel de ville, criant des "Mayeur démission". Mais leur message de détresse n'a pas fait plier celui qui a succédé à Freddy Thielemans juste après les dernières élections. Voici sa réponse aux commerçants en détresse.

Leur message n'a visiblement pas été entendu puisque le bourgmestre Yvan Mayeur a annoncé à l'issue du conseil communal qu'il maintenait le piétonnier et qu'aucune consultation populaire ne serait organisée. D'après notre équipe sur place hier soir, M. Mayeur est même sorti de l'hotel de ville par une porte dérobée pour échapper aux questions des journalistes et des personnes présentes.

A l'agence Belga, il s'est pourtant exprimé. Il a souligné que le déclin du centre de la capitale était d'abord lié à la vision utilitariste de la ville qui lui a été donnée il y a plusieurs décennies. Le projet de piétonnier vise sa revitalisation au profit de la vie en ville et de l'environnement, ce qui est "extrêmement difficile" en raison des intérêts pas toujours convergents entre les habitants et les commerçants, a-t-il concédé. Le bourgmestre a nié tout refus de dialogue, et a affiché son intention de le maintenir pour continuer à faire évoluer le dossier...


"Le piétonnier nous a foutu dans la merde", "Il a démoli la ville"

Notre équipe a recueilli les témoignages de plusieurs commerçants. "Ça fait quatre ans qu'on a ouvert notre commerce, c'est la première année où je dois réinjecter dans mon commerce et où je dois licencier un de mes employés. Ça a commencé par le piétonnier, puis pas de chance par les attentats de Paris puis de Bruxelles. Bref, le piétonnier nous a foutu dans la merde", explique une personne concernée. "La ville est morte. Il a démoli la ville, il a démoli tous les commerçants", renchérit un autre patron.


Le bourgmestre reçoit une délégation de commerçants

Le bourgmestre Yvan Mayeur a reçu une délégation de commerçants en marge du conseil communal. Certains exigent la fin du piétonnier alors que d'autres espèrent une réduction de la zone réservée aux piétons. "Il faut qu'il y ait une accessibilité et il faut réduire le piétonnier, je dirais entre la place de Brouckère et la Bourse, mais que tout le reste soit ouvert à la circulation pour que les gens puissent de nouveau revenir en voiture dans le centre de la ville", estime le président du groupement des commerçants du centre de Bruxelles, Alain Berlimblau.


"Le chaos qui règne autour du piétonnier est devenu aujourd'hui le constat flagrant d'un triple échec"

De son côté, le cdH (opposition) exige un réexamen du projet et une consultation populaire. "Le chaos qui règne autour du piétonnier est devenu aujourd'hui le constat flagrant d'un triple échec", ont indiqué les conseillers communaux cdH Joëlle Milquet et Hamza Fassi-Fihri dans un communiqué. Ils citent l'échec d'abord de la méthode choisie par le bourgmestre Yvan Mayeur et la majorité PS-MR d'imposer, sans délai, coûte que coûte leur propre vision du piétonnier, sans concertation, sans préparation, sans adhésion citoyenne et sans aménagements minimaux.

Ils évoquent ensuite l'échec d'une politique urbaine, qui a voulu forcer une redynamisation commerciale dans le centre-ville sans vision stratégique claire ni mesures d'accompagnement pour les commerçants en établissant un plan de circulation "sans queue ni tête". Ils dénoncent enfin "l'échec d'une majorité, plus divisée que jamais, jusque dans les rangs mêmes du MR, et qui ne partage ni la même vision de la place de la voiture en ville, ni celle du schéma de développement commercial à soutenir".


Ils ne reconnaissent qu'un problème de communication

La majorité socialiste et libérale a continué de soutenir l'équipe aux commandes de la Ville, même si Jean Marie Amand (PS) et Jacques Oberwoits (MR) ont reconnu que sa communication devait être améliorée. L'élu libéral a également plaidé pour d'autres améliorations sur les plans de la sécurité, de l'étendue de la zone piétonne, de l'offre de parking et de la dynamique commerciale.

Pour le collège, l'échevine du Commerce Marion Lemesre n'a pas nié l'ampleur de la perte subie par les commerçants confrontés à "la crise la plus grave" à laquelle la Ville de Bruxelles doit faire face par une convergence d'éléments négatifs dépassant très largement celui du piétonnier. Elle a fait une nouvelle fois le point des mesures prises et à prendre à l'égard de ce secteur, tandis que l'échevine de la Mobilité Els Ampe (Open Vld) revenait sur les adaptations du plan de Mobilité décidées jeudi dernier par le collège.

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